Ce lundi soir c’était bataille idéologique à l’Assemblée nationale dans le débat de contrôle de la politique du gouvernement. La question posée portait sur la dette publique. Je me préparai à prendre la parole pour la troisième fois sur ce sujet à l’Assemblée après déjà quelques tribunes de presse, déclarations et posts sur ce blog. La bonne surprise ce fut le discours d’ouverture de Fabien Roussel, secrétaire général du Parti Communiste. Mot pour mot il présenta le même argumentaire et les mêmes propositions que celles que nous formulons depuis que nous avons lancé le débat sur l’annulation de la dette publique européenne. À deux groupes donc, nous avons donc mené la charge contre le gouvernement et la droite. Aussitôt renforcés dans cette séance par les questions posées au gouvernement par Adrien Quatennens et Pierre Dharreville. Le PS, alliés préférentiels du PCF aux régionales se contentait de demander « un débat » sur le sujet… alors même que c’en était le sujet en cette séance. Total contraste entre cette fraternité dans le combat strictement identique et le contenu des interviews et déclarations agressives du secrétaire général du PC que nous avons subi sans broncher depuis quinze jours.
Et surtout ce weekend, un jour avant ce débat. Si j’en crois le JDD de ce dimanche, mon camarade Fabien Roussel serait, selon ses propres dires, un « garçon simple » et moi un être « compliqué ». De là viendraient nos problèmes. Cette façon de ramener la politique à des questions psychologiques m’a toujours insupporté. Et à présent plus spécialement parce qu’elle constitue un double langage avec les faits. Je propose qu’on s’épargne de persister dans cette voie et qu’on revienne sérieusement au débat sur les contenus politiques des stratégies mises en œuvre.
En effet, j’ai écrit au mois d’août, puis au mois de janvier à Fabien Roussel pour le rencontrer et évoquer avec lui les questions liées à ma candidature à l’élection présidentielle. Courriers sans réponse. Puis je me suis adressé au conseil national du PCF par l’intermédiaire de son président, de ses deux présidents de groupes parlementaires, et du secrétaire général lui-même. Ce courrier n’a jamais été diffusé aux communistes et je n’ai reçu aucune réponse à son sujet. Enfin j’ai proposé un grand entretien avec le journal L’Humanité sur ces questions et cela m’a été refusé au motif que ce serait perturber le débat entre communistes. Dans ces conditions ce qui est « compliqué » c’est de savoir en quoi consiste un dialogue avec les « garçons simples » ! De la même manière, quand la direction nationale du Parti communiste s’oppose à l’accord dans les 2 régions Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes où un bulletin de vote est proposé pour la formation d’une liste avec LFI. Et persiste dans cette opposition après que les communistes aient voté en sa faveur. Que dire, voyant comment dans la région Occitanie où est le chef des négociateurs communistes, le bulletin pour une alliance avec LFI n’est même pas présenté aux votes ? On peut alors de nouveau se dire qu’il est « compliqué » de dialoguer avec un partenaire qui ne veut pas pour lui-même du sujet qui est censé se discuter. Et pire, quand, sans crier gare, alors que nous avions accepté la totalité des demandes (je dis bien la totalité) des communistes dans deux régions, Bourgogne-Franche-Comté et Centre-Val-de-Loire, nous apprenons dans la presse que ceux-ci ont changé d’alliance et signé avec le PS, c’est « compliqué » en effet non seulement d’avoir confiance mais tout simplement de comprendre ce qui se passe. Enfin quand en région PACA la délégation communiste déclare que EELV est le mieux placé pour représenter la coalition large qui se construisait, il est difficile de ne pas noter cette volteface. Et tout pareillement quand dans la région Grand-Est, une partie du PCF décide tout soudain de construire une liste avec en tête EELV en compagnie du PS contre la liste qui se construisait autour des trois dirigeantes politique femmes. Pour finir, il est « compliqué » de comprendre, après avoir dû supporter tout cela, pourquoi Fabien Roussel s’étonne de nous voir signer avec EELV en Haut de France et provoquer ainsi la première union générale du pays !
Ne le cachons pas : il est « compliqué » pour nous de comprendre comment on peut à la fois prôner l’unité et se présenter à l’élection présidentielle à l’inverse de notre accord constant depuis 12 ans (certes avec de hauts et des bas). Sauf à la considérer comme perdue d’avance. Et sauf à penser que le niveau du score communiste n’a pas d’importance non plus pour le rapport de force dans la société. Ni pourquoi le même stratège propose ensuite de réunir « toute la gauche » (après avoir dit qu’elle était « en dessous de tout ») pour faire un accord à propos des candidatures aux législatives, sans programme partagé. Et si un tel programme devait quand même se faire, pourquoi il ne pourrait se faire pour la présidentielle avec LFI ? Ce qui n’est pas compliqué, c’est ce qui est en jeu du point de vue stratégique. Le PS comme EELV cherchent à construire un espace « entre Macron et Mélenchon ». C’est le retour du pôle social-libéral désormais étendu aux questions écologiques. Nous avons construit en 2012 et 2017 le pôle populaire de la rupture avec le système qui a produit à la fois la crise sociale et la crise environnementale. Ce pôle s’est inscrit largement en tête de l’espace de l’ancienne gauche traditionnelle. Et à cette heure je suis encore en tête dans les sondages pour ce même espace.
J’ai bien compris qu’il s’agit a tout prix de m’user de toutes les manières possibles pour en revenir à l’écosystème politique précèdent où les bons vieux appareils dorment ensemble la nuit et se disputent la journée. Pourquoi pas ? Mais la question s’est déplacée depuis et grâce à notre score de 2012 et 2017. L’enjeu est de savoir de quel côté va se dénouer la crise globale de la période. Qui, quelles catégories sociales doivent structurer l’alternative qui doit s’imposer face aux néolibéraux de tous poils ? C’est cela la question stratégique. Personne ne peut échapper à cette question plus décisive que l’issue des batailles de polochons entre garçons simple et compliqués. Consacrer son énergie à me flétrir, à psychologiser les rapports politiques, refuser non seulement les accords politiques mais même l’unité d’action pour la défense des libertés (après les attaques de madame Vidal) comme cela a été fait par la vieille gauche traditionnelle. Tout cela doit bien avoir des raisons sérieuses, de fond. Lesquelles ? De même quand Fabien Roussel décide de détruire ou de renoncer au leadership conquis ensemble de haute lutte. Il est compliqué pour moi d’en comprendre les motivations si je ne veux pas à mon tour faire de la psychologie de comptoir de bistrot.
Nous ne renoncerons pas à cette bataille commencée main dans la main avec les communistes en 2009. Ma candidature est celle de la volonté de victoire pour répondre aux préoccupations de la partie populaire de notre peuple contre l’oligarchie, sa politique et sa suite dorée. Autrement dit la candidature d’un programme précis, concret, en rupture avec les diktats du capitalisme de notre époque qui conduit la civilisation humaine au désastre.
Nous ne reprochons pas aux communistes d’avoir préféré presque partout l’alliance avec les socialistes aux régionales plutôt qu’avec LFI. Nous parlons d’autres choses. Nous proposons aux communistes de continuer ensemble le chemin vers le changement de pouvoir. Avec ma candidature, à partir d’une discussion immédiate en vue d’un programme partagé. Et avec un accord sur les législatives avant l’élection présidentielle avec comme point de départ la reconduction des députés sortants, ce qui est la garantie pour le PCF comme pour les insoumis de conserver en toute hypothèse un groupe à l’Assemblée. Si les communistes n’en veulent pas nous en serons meurtris, c’est certain. Affaiblis ? C’est probable et c’est bien le projet de beaucoup de monde. Nous ne comprendrions plus alors quel est le sens de leur combat. Mais pour notre part nous continuerons la lutte sur le chemin de crête engagé victorieusement depuis 2012. Nous ne voulons être ni la roue de secours des sociaux-libéraux, ni des témoins impuissants, ni un groupuscule négociant son pouvoir de nuisance. Nous ne renonçons pas à agir pour changer radicalement tout ce qui doit l’être dans la société et dans le monde. En 2017 nous étions à deux doigts d’y parvenir. On ne peut pas dire que cela ait dépendu d’autres que de nous-mêmes et des circonstances. Après quoi en dépit de tous les coups reçus, de nos propres erreurs et de la déliquescence de la gauche traditionnelle, nous sommes là, au premier rang du combat. La ténacité paiera. Comme elle l’a fait au Brésil, en Argentine, et bientôt en Équateur. Et pour ma part je vis comme un honneur d’être une cible du vieux monde qui ne reçoit pas de compliments du Figaro.
Macron se sert de la crise pour faire avancer sa vision néolibérale de la société. son plan de relance n’en est pas un. Il se situe dans la continuité de la politique de l’offre menée depuis hollande. Cela consiste à déverser sur les entreprises, et plus particulièrement les grandes, des milliards d’euros sans contreparties. C’est le cas du plus gros morceau de ce plan : une baisse de 20 milliards d’euros sur des impôts payés par les entreprises servant au financement des services publics locaux. Quand on gratte le vernis de la communication, tout est sur le même moule.
Ainsi, le gouvernement prévoit de faire un chèque de 5000 euros à toutes les entreprises qui embauchent un apprenti mineur et de 8000 euros pour celles qui embauchent un apprenti majeur. Même les plus grosses boîtes du CAC 40 peuvent toucher cette nouvelle aide à condition qu’elles aient au moins 5% d’apprentis. À la clef, donc, encore de l’argent public pour les entreprises. Mais aucune garantie n’est demandée par exemple sur l’embauche en CDI à la fin du contrat d’apprentissage. Cette aide crée donc un effet d’aubaine. Des patrons embaucheront un apprenti là où ils auraient choisi un contrat classique sans ce gain financier.
Cette mesure colle en tout cas avec l’appétence des libéraux et du patronat pour l’apprentissage à tout prix comme méthode de formation professionnelle. Ce dogme ne repose sur rien de rationnel. Dans certain cas, l’apprentissage peut être utile. Mais dans bien d’autres, les méthodes des lycées professionnels le sont davantage. D’ailleurs 28% des contrats d’apprentissage se finissent par une rupture anticipée. dans certains secteurs comme l’hôtellerie, cela va jusqu’à 50%. Macron pousse l’apprentissage par simple idéologie. Dans sa tête, une entreprise privée, c’est forcément mieux qu’une école. Il pense pour les métiers qu’il méprise qu’il ne s’agit que d’apprendre des gestes répétitifs. Il n’imagine pas ce qu’est réellement une qualification professionnelle, les connaissances théoriques que cela implique.
Il y a deux ans, il a fait passer la loi « avenir professionnel ». Elle a dégradé la condition des apprentis. La durée maximale du travail a été passée de 35 heures à 40 heures par semaine. Les conditions dans lesquels le travail de nuit est autorisé ont été assouplies. Le but est de faire des apprentis une main d’œuvre bon marché et rien de plus. Car un apprenti coûte pour un patron entre 25% et 80% du SMIC. Le plan de relance finance donc pour les jeunes des formations mal payées, et qui se soldent souvent par un échec.
Mais la lutte acharnée pour le développement absolu de l’apprentissage contient aussi le projet néolibéral pour l’éducation. Il s’agit de confier in fine la formation professionnelle entièrement au marché et au secteur privé. La loi « Avenir professionnel » a totalement dérégulé la création des centres de formation des apprentis (CFA). Il n’y a plus d’autorisation préalable à la création des CFA, ce qui signifie aussi qu’il n’y a plus de coordination par les pouvoirs publics en fonction des besoins identifiés. Par ailleurs, le financement des CFA dépend désormais entièrement du nombre d’apprentis inscrits. C’est une sorte de tarification à l’acte pour la formation professionnelle. l’effet concret est d’exacerber la concurrence entre CFA.
Certaines formations commencent déjà à disparaitre faute de financements. Les CFA, dans cette nouvelle jungle, sont de plus en plus obligés de suivre les besoins à court terme des employeurs de leur bassin d’emploi. On se prive alors d’une vision à moyen et long terme et d’une vision nationale des besoins en formation professionnelle. Certaines zones rurales vont devenir des déserts de formations. Qui prendra alors le relai ? Les grandes entreprises privées elles-mêmes. Elle créeront leurs propres centres de formation internes parce qu’elle en ont les moyens. Elles y délivreront un enseignement qui ne correspondra qu’à leurs propres besoins et donc enfermeront les travailleurs. La bifurcation écologique ne peut pas se faire dans ces conditions. Elle nécessite au contraire un haut niveau de qualifications qui ne peut être atteint que par notre système public d’enseignement professionnel.
Le Pôle Sud se réchauffe trois fois plus vite que le reste du monde. Il est désormais clair qu’aucune région ne sera épargnée par les bouleversements climatiques. Et dans ce contexte, les enjeux géopolitiques et scientifiques des pôles sont cruciaux.
L’Antarctique fait partie des zones les plus précieuses et vulnérables sur Terre. C’est la région la plus froide et sèche du monde. Mais elle abrite une biodiversité essentielle. Celle-ci est menacée à la fois par les bouleversements climatiques et par la surexploitation directe. Par exemple, toute la chaîne alimentaire de l’Antarctique repose notamment sur un seul animal : le krill. Or, sa surpêche destinée à la pisciculture se fait au détriment d’autres espèces dont il est la source de nourriture principale.
Le pôle sud joue aussi un rôle central dans le système climatique mondial. Le pouvoir réfléchissant de la banquise – nommé albedo – maintien des températures basses. Plus la banquise fond, plus l’océan absorbe de rayons solaires et se réchauffe. La fonte des glaciers est un risque majeur pour l’existence humaine. Au rythme actuel des émissions de gaz à effet de serre, le niveau des mers pourrait augmenter d’un mètre d’ici la fin du siècle. Cela menace 10% de la population mondiale. En outre, l’Antarctique renferme 70% de l’eau douce de la planète. Or, la température et la salinité sont les moteurs des courants océaniques. Si ces courants sont modifiés, c’est l’ensemble du climat mondial qui s’en trouverait perturbé. Si toute la glace de l’Antarctique fondait, le niveau moyen de la mer augmenterait d’environ 70 mètres ! Cela donne un aperçu du chaos final potentiel.
Je le redis : nous entrons dans une décennie décisive sur le plan climatique et environnemental. Il faut donc saisir chacune des opportunités qui se présentent pour agir. Justement, 2021 est une année cruciale pour l’Antarctique. En effet, deux anniversaires d’envergure internationale seront célébrés cette année. Autant d’occasion de sensibiliser les consciences et d’engager la question dans les enjeux de 2022.
Tout d’abord, ce sera le 60e anniversaire de l’entrée en vigueur du Traité sur l’Antarctique. Le Système du Traité sur l’Antarctique est un instrument géopolitique unique. En effet, il permet à un collectif de nations de gérer conjointement près de 7% de la surface de la planète. La France y occupe une place particulière. Elle appartient au cercle restreint des 7 États dits « possessionnés » c’est-à-dire qui ont émis des revendications territoriales en Antarctique.
Ce sera également l’année du 30e anniversaire de la signature du Protocole de Madrid. Celui-ci ajoute un volet environnement au Traité sur l’Antarctique. En effet, adopté en 1991, il définit l’Antarctique comme « réserve naturelle consacrée à la paix et à la science ». La France en est la co-initiatrice.
Notre pays a donc un rôle majeur à jouer et une grande responsabilité dans la protection de cet écosystème polaire. Cette année est l’occasion d’en faire la démonstration. En effet, du 14 au 24 juin, la France présidera à Paris deux conférences annuelles de négociations internationales. D’une part, elle présidera la 43ème réunion consultative annuelle des 54 États parties du Traité sur l’Antarctique (RCTA). D’autre part, elle présidera la 23ème réunion du Comité pour la Protection de l’Environnement (CPE) mis en place par le Protocole de Madrid. Depuis sa signature du Traité en 1959, la France a présidé la RCTA à seulement deux reprises : en 1968 et en 1989. Et après cette fois-ci, la prochaine présidence française se tiendra en 2050. Il ne faut donc pas rater la fenêtre d’action historique de cette année. Le Comité National Français des Recherches Arctiques et Antarctiques a raison d’alerter à ce sujet. La France est considérée comme une nation polaire majeure. Du moins pour l’heure. En effet, elle se classe au 2ème rang mondial pour les index de citations des articles scientifiques reposant sur des travaux de recherche conduits en Antarctique. Et se classe au 1er rang mondial pour les recherches conduites dans les milieux subantarctiques. Mais la réalité des moyens consacrés et des ambitions laisse craindre le pire.
Concrètement, il y a fort à faire. Tout d’abord, l’Institut polaire français Paul-Emile Victor dispose de moyens lamentablement insuffisants. En effet, d’autres nations investissent annuellement jusqu’à trois fois plus que la France pour remplir les mêmes missions logistiques et opérationnelles. Par ailleurs, la France dispose de deux stations de recherche en Antarctique : Dumont d’Urville et Concordia. Ces deux stations nécessitent urgemment un plan de rénovation et de modernisation. Des moyens supplémentaires sont également requis. Par exemple, la France est le seul pays du G7 à ne pas posséder de brise-glace en soutien à la recherche océanographique. Cet élément ne va pas dans le sens d’une volonté d’extension des aires marines protégées dans la zone.
Ces alertes du Comité National Français des Recherches Arctiques et Antarctiques convergent avec les points soulevés dans mon rapport d’information nommé « Mers et océans : quelle stratégie pour la France ? ». Dans ce rapport publié en juin 2019, j’affirmais que « la France doit, en la matière, retrouver son rang de nation cheffe de file et porter au plus haut niveau sa volonté de voir ces régions dédiées à la science et à la paix. » Cette présidence française offre l’opportunité de réaffirmer la place de puissance polaire de notre pays. Il ne faut pas la laisser passer.
Le 21 mars est la journée mondiale des forêts. Le gouvernement proclame à tout va ses grandes ambitions écologiques en la matière. De leur côté, les agents de l’Office national des forêts réclament… l’application de la loi et les moyens de travailler ! Encore une fois, c’est en interrogeant les travailleurs qu’on mesure le fossé entre les grands discours gouvernementaux et la sombre réalité.
Depuis 2014, un dispositif de cessation anticipée d’activité est garanti par loi. Il permet aux ouvriers forestiers de l’Office national des forêts de cesser totalement leur activité à 55 ans à la condition de justifier d’un minimum de vingt années d’ancienneté. Entre janvier 2017 et fin janvier 2021, il a bénéficié à 438 ouvriers forestiers. Ce dispositif répond à la très grande pénibilité de leur métier. En effet, l’espérance de vie moyenne des salariés exerçant des travaux en forêt est très inférieure à celle du reste de la population. Du fait de nombreux accidents du travail souvent mortels, celle d’un bûcheron est actuellement de 57 ans. Mais l’âge moyen de leur inaptitude est de 52,5 ans. Cela signifie que nombre d’entre eux n’atteignent même pas l’âge requis pour bénéficier d’une cessation anticipée d’activité. On mesure donc à quel point ce dispositif, même s’il peut être amélioré, est un enjeu vital.
Or, le conseil d’administration de l’Office national des forêts a décidé de s’en passer. Il a acté dans son budget le non-renouvellement du dispositif au-delà du 31 janvier 2021. Cette décision s’inscrit dans la droite ligne de la cure d’austérité imposée à ce service public. Le bilan est désastreux : 40% des effectifs ont déjà été supprimés en 30 ans. Le malaise est grave et profond : entre 2005 et 2020, 51 personnes ont mis fin à leurs jours. Ce taux est deux fois plus élevé que dans le reste de la population.
L’intersyndicale tire la sonnette d’alarme : elle a décidé de porter plainte pour mise en danger de la vie d’autrui. Cette décision est un nouveau coup de boutoir austéritaire. Elle aurait des conséquences catastrophiques. En effet, l’Office national des forêts compte aujourd’hui 260 ouvriers forestiers dont l’âge est compris entre 50 et 54 ans. Sans ce dispositif, deux possibilités s’offrent à eux : travailler au-delà de 55 ans, sinon être licenciés pour inaptitude physique. C’est un mépris absolu de la santé des travailleurs forestiers. Clou du spectacle : cette décision a été prise sans que les négociations prévues par l’article 36 de la loi de 2014 n’aient eu lieu. Elle est donc contraire à la loi !
Cet évènement est l’arbre qui cache la forêt. En effet, le gouvernement envisagerait la suppression de 500 postes supplémentaires d’ici 2025. Or, la destruction du service public forestier est absurde et anti-écologique. Ceux-ci gèrent 25% de la surface forestière française. Leur rôle est donc essentiel. Nous devons planifier l’avenir. Cela ne peut pas se faire sans eux. En effet, les forestiers d’aujourd’hui font les forêts de demain.
D’abord, nous avons besoin de lutter contre le dépérissement des forêts lié aux bouleversements climatiques. C’est un enjeu majeur : la forêt est un allié précieux face à l’urgence écologique et climatique. En effet, elle fixe 20% de nos émissions annuelles de carbone. Elle est également indissociable du cycle de l’eau et de la protection de la biodiversité. Il faut donc investir du temps et du savoir-faire pour assurer son suivi sanitaire et renouveler les peuplements forestiers.
Ensuite, le bois est un atout écologique. Il peut être utilisé dans le bâtiment pour remplacer le béton. Il peut aussi remplacer le plastique dans les produits de consommation courante. Chance : nous avons la troisième forêt d’Europe à disposition. Une filière forêt-bois française soutenable et créatrice d’emplois de qualité est la condition pour préserver un de nos biens communs le plus précieux. Mais le gouvernement fait tout l’inverse. En effet, dans ce modèle agro-industriel d’exploitation, souffrance des forestiers et de la forêt vont de pair.
Au rythme actuel d’exploitation, la forêt française ne sera bientôt plus en mesure d’atténuer le changement climatique. Le nombre d’agents publics prompts à faire un travail de qualité et de précision en lien avec des scieries locales se réduit à peau de chagrin. Ceux qui restent sont maltraités. De fait, la gestion forestière durable disparaît au profit d’une exploitation industrielle. L’économie du bois est au plus mal : il y a dix fois moins de scieries qu’en 1960. Une poignée d’entre elles produisent de la matière brute exportée puis réimportée sous forme de produit fini bien plus coûteux. Pourtant, la filière bois française compte 370 000 emplois directs, souvent locaux et non délocalisables. C’est-à-dire presque deux fois plus d’emplois que ceux du secteur automobile.
Tout le monde l’aura compris : détruire la forêt et les travailleurs pour planter des arbres est un non-sens. Notre députée Mathilde Panot est en première ligne de cette bataille au nom de tous les insoumis. Quant à nous, gardons en tête l’essentiel : aucune gestion écologique de la forêt n’est possible sans protection de ceux qui y travaillent.
Lundi 8 mars a débuté le premier exercice de défense spatiale de la France. En 2019, Macron avait annoncé la création d’un commandement militaire de l’espace. Entre ça, les aventures du secteur privé subventionné américain et l’arrivée cette année de 3 missions martiennes, l’espace revient dans l’actualité brûlante. Mais hélas sans débat ! On peut dire que nous ne nous étions pas trompés quand nous en avons fait un thème de campagne en 2017, à la stupéfaction générale à l’époque. La France est le deuxième pays pour la contribution par habitant à la recherche et l’exploration spatiale. Les Français ont quelque chose à dire sur le sujet. Je continue donc à penser que nous devons en parler pendant une élection présidentielle. Je le ferai en 2022.
L’une des tendances récentes de l’espace est malheureusement sa militarisation. Cet écueil avait été évité pendant de nombreuses années. En 1967, tous les pays du monde avaient signé un traité international sur l’espace. Celui-ci interdisait l’appropriation marchande des objets spatiaux. Cette loi internationale du « res nullius » posait comme principe que l’en-dehors de notre planète était un bien commun. Il n’appartient à aucun membre ou groupe spécifique de l’Humanité. Les États-Unis ont rompu cette règle dès 2015, suivis rapidement par le Luxembourg. Le traité de 1967 faisait aussi de l’espace une zone démilitarisée en interdisant le déploiement d’armes nucléaires ou d’armes de destruction massive en orbite et proscrivant tout usage des corps célestes à des fins militaires. Ça aussi, c’est fini depuis quelques années. Les grandes puissances spatiales s’arment. La Chine, l’Inde, la Russie et les États-Unis sont capables de détruire des satellites en tirant des missiles depuis le sol. De plus en plus, se développent aussi les attaques de satellite à satellite. Elles peuvent prendre la forme de satellites espions qui pourraient récupérer une grande partie de nos télécommunications militaires. Mais on commence aussi à dénombrer des satellites agressifs, qui seraient capables de couper des fonctions militaires ou civiles essentielles. L’espace devient un enjeu de souveraineté.
C’est dans ce contexte qu’intervient l’exercice de nos armées dans ce domaine. Je suis contre la militarisation de l’espace. Je souhaite que la nouvelle frontière qu’est l’espace permette à l’Humanité de se réaliser dans son meilleur : la coopération, les progrès de la connaissance. Selon moi, la France devrait défendre cette position sur la scène internationale. C’est ce que mon programme proposera pour 2022. Cependant, dès lors que nous pouvons être attaqués, nous devons être capables de nous défendre. Dans tous les domaines et sur tous les terrains. Car je suis aussi un indépendantiste français. Pour faire exister une voix de la France singulière, encore faut-il qu’elle soit indépendante.
C’est pourquoi mes reproches concrets porteraient davantage sur le fait que Macron laisse la France se faire dépouiller de son savoir-faire spatial. Nous n’avons pas conduit cet exercice seuls, mais avec les militaires allemands et américains. Il vaudrait mieux pour nous être capables de nous défendre seuls. En Europe, nous laissons de plus en plus de place à l’Allemagne dans l’Agence Spatiale Européenne. Le dernier conseil ministériel de l’agence s’est soldé par un recul de notre part, sur tous les projets. Les Allemands occupent la place que nous leur laissons. Les Français ont construit leur puissance spatiale depuis des décennies. Ce n’est pas le moment de nous en défaire. Je plaide donc pour que nous soyons en capacité de nous défendre de manière indépendante.
Parallèlement, il faut relancer les discussions internationales sur l’espace. Les États-Unis ont brisé le traité de 1967, provoquant un chaos qu’il est urgent d’arrêter. La civilisation humaine progresse lorsqu’elle crée des règles de droit dans les espaces qu’elle atteint. Telle doit être la voix de la France. Avec Macron, elle ne dit rien. Avec « L’avenir en commun » , elle serait à l’initiative pour relancer les discussions sur le rétablissement du traité de 1967 et son extension.