6 coups de fusil, 14 coups de couteau dans un mannequin pour vérifier que les insoumis sont mortels, puis une gifle, puis un enfarinage : la violence pour l’instant symbolique de l’extrême droite occupe le devant de la scène. De façon spectaculaire, la complaisance médiatique s’accroît d’autant. Elle prend la forme vicieuse de la fausse angoisse : « comment en est-on arrivé là ? ». Cette presse là veut ancrer l’idée qu’elle n’a aucune responsabilité dans la situation. Après quoi les mêmes délayent la violence d’extrême droite dans le potage des éléments de langage de cette même extrême droite pour souligner « l’ensauvagement de la société ». Un pur déni. Comme si c’était un problème de la société et pas un problème de la montée de l’extrême droite. Comme s’il n’y avait pas moins d’homicides aujourd’hui qu’il y a dix ans, comme s’il ne mourrait pas plus de policiers par suicide qu’en service. Et comme s’il n’en mourrait pas trois fois moins qu’il y a dix ans. Et comme si la plupart des féminicides ne résultaient pas de faute professionnelle caractérisée de la part des services chargés de surveiller les violents déclarés. Et bien sûr, les mêmes diront encore que « nous aurons bien cherché » la violence dont nous sommes les victimes . Je serai d’ailleurs une « chochotte » de me plaindre comme l’a dit un ancien de « L’Obs », Denis Demonpion, sur le plateau de LCI. L’infamie continue avec « Complement d’enquête » qui envoie des sms à des insoumis (dont on ignore comment ils connaissent leur numéro de téléphone) pour leur demander de témoigner qu’ils votent FN après avoir voté LFI !! Telle est une certaine presse en France, et on comprend pourquoi elle est la risée de celle des autres pays.
La véritable insécurité est sociale, environnementale. Et les chiffres le disent avec une violence et une netteté absolue. Eloi Laurent (économiste) égrène les chiffres alarmants de cette insécurité en France à partir d’une analyse statistique approfondie sur plusieurs décennies et en croisant des paramètres de situations sociales et financières. Oui, l’insécurité comme « menace sur la vie » progresse. Mais c’est très différent de ce que relayent les chaînes d’info. La hausse de la mortalité est de près de 10% entre 2014 et 2019. Mais les violences interpersonnelles qui menacent la sécurité physique des gens représentent 0,089 % des décès totaux, en baisse par rapport à 2014 !! Par contre « l’exposition à des températures extrêmes représente une menace 3,5 fois plus importante, les suicides représentent un danger 20 fois plus important (1,8 % des décès totaux), les chutes représentent un danger 33 fois plus important pour la sécurité des personnes, les attaques cardiaques représentent un danger 83 fois plus important».
Mais une certaine presse par paresse et confort d’un côté et ses compères d’extrême droite fonctionnent comme une même diversion, un même effort pour empêcher de penser. Et de voir ou est le vrai problème de notre époque. Donc de le traiter.
Le titre de cette note a été modifié après avoir appris une bonne nouvelle : Denis Demonpion ne travaille plus à L’Obs.
J’ai traité ici déjà de la « post-vérité » comme phénomène politico médiatique. J’y reviens après le buzz du « Printemps Républicain » contre mes prétendus propos complotistes. Je voudrai montrer comment il s’agit d’une pratique qui n’a pas été inventée en France. Mais la pratique à l’étranger nous apprend ce que sera bientôt l’ordinaire ici aussi. Car le pire est toujours recopié avec zèle en France par une certaine caste médiatique sans saveur qui se booste au piment violent.
Voyageons. En Équateur, une post-vérité bien virulente a pris la forme d’un prétendu « soutien » d’un groupe terroriste colombien à notre candidat Andres Arauz. Les prétendus « terroristes », masqués, tournèrent une vidéo bien diffusée tout aussitôt. Et rediffusée sur toutes les chaînes de télé du coin. Et commentée par des experts de toutes sortes, des heures durant . Le procureur général colombien ouvrit une enquête en Colombie. Bidon. Du coup celui de l’Équateur ouvrit à son tour une enquête en Équateur. Bidon. Le tout en pleine campagne présidentielle. Andres Arauz fut battu. Il perdit onze points d’intention de vote en dix jours. Bien sûr, le groupe terroriste n’existait pas. Personne ne s’est d’ailleurs donné le mal d’annoncer la fin des « enquêtes préliminaires » en Colombie et en Équateur. À quoi bon ? Le travail était fait. L’ère de la « post-vérité » fonctionne sur ce modèle. Agir pour qu’un fait paraisse vrai non pas tant à force de le répéter qu’en le commentant sans fin, comme si c’était un fait établi. Ainsi en fut-il à mon sujet à propos d’un soi-disant épisode complotiste inventé de toute pièce par les mêmes qui avaient auparavant inventé notre « islamo-gauchisme ».
Au Pérou dix points séparaient dans les sondages le candidat de notre famille politique, Pedro Castillo, face à la candidate de la droite Kiko Fujimori. Elle-même est en liberté conditionnelle avant un prochain procès pour corruption où ont été requis contre elle un total de soixante ans de prison. Le danger fut tel que tout ce que le pays compte d’importants ont été mobilisés contre Pedro Castillo. Et d’Espagne vinrent même, toute honte bue, Vargas Llosa, l’écrivain et José Maria Aznar, l’ancien Premier ministre de droite espagnol. À cette occasion, un meeting rassembla tous les nouveaux amis du clan corrompu Fujimori. Un dirigeant pro-Fujimori enflamma d’indignation la foule. Pour cela, il montra les pierres qu’auraient jetés les amis de Pedro Castillo sur les orateurs. Émotions et trémolos garantis. La boucle à buzz a démarré. Les doctes commentaires sur « la violence inadmissible » et ainsi de suite se sont répandu comme un doux tapis de fiel confirmant la dangerosité du candidat Castillo et de ses amis.
Évidemment c’était un pur bobard. Aucune pierre n’avait été lancée. Mais les Péruviens n’ont pas pu le savoir, aussi longtemps que les réseaux sociaux n’ont pas eu les images nécessaires pour démonter la manipulation. En effet en Espagne, la droite espagnole avait déjà joué le même numéro, avec les mêmes pierres, la même indignation étranglée, pour mettre en cause les partisans « exaltés et extrémistes » de Pablo Iglesias. Aucun média péruvien ne s’y intéressa. N’empêche : cette « post-vérité » concrète avait été rendue palpable au vu des deux pierres exhibées. Elle a été confirmée par des heures de commentaires. Mais elle n’a pas eu tout le succès qui en été attendu puisque les Péruviens ont néanmoins élu Pedro Castillo. Mais la grossièreté de ce type de manœuvres et de quelques autres ont conduit le tribunal d’Éthique de la presse péruvienne à publier une ferme condamnation. Hélas, ce ne fut pas avant le résultat de l’élection. « La Cour exprime sa préoccupation quant à la violation de ces principes au cours du processus électoral par divers médias qui s’est traduite par : des titres qui ne reflétaient pas exactement les événements qui se sont produits ; la présentation des avis de parties prenantes présentées comme des analyses impartiales ; et une couverture inégale des activités des différentes candidatures présidentielles, dans le temps et dans l’espace, malgré le fait qu’il s’agissait de rassemblements et d’événements d’importance similaire ».
Je sais bien que nous avons du mal à imaginer une telle situation en France mais il faut s’intéresser à l’expérience des autres pays. Car ce n’est pas tout. Cette cour a ensuite appelé elle-même a la résistance citoyenne. « Ce tribunal est gravement préoccupé par le mal que de tels procédés peuvent générer dans la confiance des citoyens vis à vis de la presse nationale. Pour cela ce tribunal exhorte les moyens de communication qu’ils soient ou non associé au Conseil de la presse péruvienne à respecter l’éthique journalistique et invite la citoyenneté à faire valoir ses recours de rectification et ses droits que les engagements d’auto-régulation (des médias ndlr) leur octroient ».
En France ma proposition de « conseil de déontologie » et ses 200 000 cosignataires n’a pas abouti car une très forte opposition s’est exprimée de la part des milieux de presse. Pourtant le premier syndicat de la profession en réclamait la création depuis des années avant cela. Un organisme de ce type non obligatoire mais par adhésion volontaire a été imaginé par le gouvernement de Macron. Nous sommes donc absolument protégé , cela va de soi. À peu près autant que par l’IGPN.
La méthode de la « post-vérité » et du « journalisme de division » théorisé outre-Atlantique, a été assez bien illustré par cette opération de pur dénigrement (« bashing ») monté contre moi ce dimanche. Pourtant, quatre journalistes sur ce plateau n’avaient rien vu à reprendre de mes propos, ni pendant l’émission, ni après, ni depuis. Mais une habile initiative d’un des membres les plus vénéneux du « Printemps Républicain » relayé par quelques caciques du PS auront suffi à imposer un objet médiatique repris en boucle pendant deux jours et demi et durant des heures.
Il s’agit d’une opération politique lancée par des militants politiques et relayée d’abord par les organes audiovisuels gouvernementaux. À partir d’une phrase à propos de la répétition des attentats pendant les élections. Elle fut utilisée pour lui faire dire que j’en accusais « le système » et donc ses dirigeants. Mais on pouvait encore plus facilement comprendre que ce n’est pas de cela dont je parlais car c’est ce prouvent toutes mes déclarations du passé. Au demeurant si j’avais la moindre accusation personnelle à porter comment douter, me connaissant, que je garderai cette information pour moi sans nommer les coupables ? Pour moi le tableau tient en une phrase. « Ce sont les terroristes et non “le système” qui font les attentats » comme dit très justement monsieur Fourquet de l’agence IFOP. Mais leur utilisation politicienne est évidente comme le montrent les propos de madame Le Pen (par exemple) à chaque occasion de ce type. En 2012, Marine Le Pen avait déclaré en meeting : « Combien de Mohamed Merah dans les bateaux, les avions, qui chaque jour arrivent en France remplis d’immigrés ? », « Combien de Mohamed Merah parmi les enfants de ces immigrés non-assimilés ? ». Du coup, en 2017, dans un registre que personne ne qualifia de complotiste à l’époque, Bernard Cazeneuve lui-même avait accusé Marine Le Pen et François Fillon « d’exploiter sans vergogne la peur et l’émotion à des fins exclusivement politiciennes ».
Au fond je n’ai fait que reprendre ce que disait, le 5 avril 2017, Mathias Fekl, ministre de l’Intérieur, dans un discours devant les préfets : « Les élections constituent une cible pour des terroristes qui cherchent à déstabiliser le pays. (…) Plus la date de l’élection approche, plus notre vigilance doit être forte. N’oublions pas qu’en 2012, les tueries de Toulouse et Montauban sont intervenues en pleine campagne.» Ai-je dis autre chose ? Cette situation a des conséquences directes sur le vote. Jérôme Fourquet note que selon les enquêtes de l’IFOP, 4% à 8% des électeurs avait changé leur vote à la suite d’un attentat. Soit entre un et deux millions d’électeurs. Pour ma part, je n’ai jamais dit autre chose. Ni dimanche dernier ni jamais. Et donc je n’ai jamais relayé les titres racoleurs de la presse de 2017, sur les liens entre Merah et la DGSI affirmant que l’assassin « aurait découvert qu’il était manipulé ». Des dizaines d’articles ont ensuite repris à ce sujet les déclarations de l’ancien directeur du renseignement intérieur, Yves Bonnet, actuel candidat FN aux régionales. Comme tout cela avait été immédiatement démenti par son successeur en poste à ce moment : monsieur Squarcini, c’était un drôle d’état d’esprit bien complotiste que de créer un trouble sans raison sur le sujet. Ceux de mes lecteurs qui le voudront auront sans doute la curiosité d’en savoir davantage sur ce point. Ils peuvent faire une enquête facile : taper «Merah- DGSI » sur leur moteur de recherche. Ils auront une idée du niveau de complotisme dont ont été capables ces innombrables articles et journaux. Ce sont les mêmes aujourd’hui acharné à inventer un « dérapage » de ma part. Et du coup on a même pu lire à l’occasion du procès comment il était même reproché au gouvernement de « cacher » une note du renseignement sur le sujet. On lira en particulier « La Dépêche du midi » qui a consacré deux. Une à mon prétendu « dérapage ». Le journal de carole Delga dont l’éditorialiste olivier Biscaye n’hésite pas à parler de mes « délires » sur Merah dans la pire logique du ragot. Tout ça pour faire oublier comment « La Dépêche » avait elle-même plutôt sévèrement dérapé à l’époque en inventant une histoire de contact entre le renseignement territorial et Merah !
Quant à ceux qui veulent savoir ce que je pensais et disait à ce moment-là il leur d’aller sur Dailymotion et d’y écouter ce que j’en dit au meeting que je tenais à Bobigny ce jour-là. De manière extrêmement douloureuse pour moi, on a convaincu les parents des victimes de ce que j’aurai dit je ne sais quoi. Ils s’en sont dit très offensés, ce que je comprends compte tenu de l’abjection cruelle du crime dont ils ont été victimes. C’était dimanche soir.
Puis lundi matin éclate l’affaire de la vidéo de Papacito. Les excités de Carole Delga et de son journal « La Dépêche » restent muets. Pour ma part, je me suis concentré sur notre protection collective dont aucun des organes de presse et commentateurs qui m’insultaient sans relâche ne se souciaient. Cela alors même que leur buzz nous désignait comme autant de cibles. Je ne souhaite à personne une telle conjonction de coups. Surtout quand certains commentateurs spécialement abjects se chargèrent de dire que c’était de notre part une « diversion » de dénoncer Papacito. Ceux qui se sont une fois de plus réjouis de nous voir mis en difficulté commettent une lourde erreur politique, pour ne pas parler de morale. Car, comme l’ont montré des expériences récentes, si ce procédé « passe » contre nous (qui sommes les cobayes usuels de ce type de manœuvre de dénigrement) d’autres auront bientôt l’occasion d’en pâtir à leur tour. Et sous une forme qui ira forcément crescendo. Déjà ceux qui ont eu le culot de trouver Papacito « pas si grave que ça » ont eu l’occasion de constater un jour plus tard par une gifle glaçante que les violents dont il est question ne sont pas les gentils farceurs que certains veulent voir en eux. « La Dépêche » avait publié la « réponse » de Papacito. Zemmour avait plaidé (sans réplique) « l’humour de Papacito ». Puis enhardi par l’absence de réaction il déclarait dès le lendemain que « Macron avait eu ce qu’il méritait ». Tous les fleuves finissent dans la mer.
Les conséquences à moyen terme de cet épisode ne sont pas celles que des esprits superficiels se figurent. Notamment les pauvres lampions de la gauche traditionnelle prompts à venir faire les bons élèves de la bonne société. Ils ont perdu une bonne occasion de se taire. Demain ils seront battus à leur tour par les armes qu’ils viennent de cautionner. Car bientôt sera traité de complotiste n’importe quelle alerte lancée sur n’importe quel sujet si elle déplait à tel ou tel champion de la police du vocabulaire ou de la pensée. Le concept même « d’effet de système » est ainsi mis en cause. L’obscurantisme s’avance. Après la chasse au concept phantasmatique d’islamo gauchisme a été la prémices, il étend son emprise.
Vendredi se tenait le sommet du G7 au Royaume-Uni. Je récuse cette organisation où sept États prétendent décider pour tous les autres en contournant l’institution légitime qu’est l’ONU. Mais puisque ce sommet existe, j’en profite pour dire un mot en défense d’un héros.
Il s’agit de Julian Assange, le fondateur du site d’information Wikileaks. Depuis 10 ans, cet homme est persécuté. Il a passé 8 ans dans une dizaine de mètres carrés à l’ambassade de l’Equateur à Londres où il avait trouvé refuge. Depuis que le gouvernement de ce pays l’en a expulsé, il croupit dans une prison britannique. Son état de santé est désormais très dégradé. Il est en danger de mort.
Quel est son crime ? D’avoir révélé aux yeux des peuples du monde des crimes de guerre et un système d’espionnage généralisé au profit des États-Unis d’Amérique. C’est un combattant de la liberté. Il a rendu service à la France : grâce à lui, nous avons appris l’espionnage par un prétendu « allié » de trois Présidents de la République ainsi que des dirigeants des plus grandes entreprises du pays. Cette raison m’a conduit à écrire par deux fois au Président Macron afin de lui demander d’accorder l’asile à Julian Assange. Ou, en tant que parlementaire, à présenter sa candidature pour le prix Nobel de la Paix 2021.
J’agissais dans la continuité d’un long engagement en son soutien depuis son arrestation en 2010, en passant par notre rencontre à Londres en 2012 ou son intervention dans un meeting de mon parti en 2013. Aujourd’hui, je me joins à de nombreuses voix dans le monde pour crier l’alerte et m’adresser particulièrement au Président de mon pays. Monsieur Macron, ne laissez pas mourir Julian Assange sans agir pour empêcher cela. Présentez à vos six homologues du G7 et particulièrement au Premier ministre britannique sa libération comme une exigence de la France. Agissez pour ce défenseur de la liberté conformément à ce que serait l’honneur de notre pays de notre attachement à la liberté de la presse et au droit à l’information.
L’évasion fiscale est un vol organisé. L’État français y perd chaque année 100 milliards d’euros. C’est-à-dire l’équivalent de 2 millions d’emplois au salaire moyen, ou bien du fonctionnement annuel de 200 hôpitaux ou encore de quoi construire plus de 2500 lycées. Les plus grandes multinationales, en particulier, sont les spécialistes pour ne payer aucun impôt, nulle part. Elles transfèrent en général pour cela une partie de leurs bénéfices de pays en pays jusqu’à rapatrier tout leur argent dans les paradis fiscaux les plus complaisants. Ainsi, Google, Facebook, Amazon ou Apple payent chacun moins de 1% d’impôt sur les bénéfices en France.
Mais en fait, ce chiffre est une estimation. Car ces montages s’opèrent dans la plus grande opacité. Ces entreprises ne publient pas la part réelle de leur bénéfice réalisé en France. Ni la part qu’elles transfèrent depuis la France vers des filiales à l’étranger. Ni non plus la part d’impôt qu’elles payent dans chaque pays. De sorte qu’elles déplacent leurs pions dans l’ombre sans que nul n’en ait aucune idée précise.
Une directive européenne était en préparation sur ce sujet depuis plusieurs années. Son objectif annoncé était d’obliger les entreprises transnationales à faire la déclaration publique de leurs bénéfices et leurs impôts pays par pays. C’est un premier pas indispensable pour combattre leurs montages. On pourrait même dire que c’est bien le minimum. Mais même cela, l’Union européenne n’en aura finalement pas été capable.
Le 1er juin, les négociations entre le Conseil européen, la Commission européenne et le Parlement européen se sont achevées. L’accord trouvé est au rabais. Il va permettre de tout continuer comme avant. Comme d’habitude, c’est une entourloupe. En effet, les multinationales seront bien obligées de déclarer leurs bénéfices et leurs impôts payés mais seulement dans les pays de l’Union européenne et les pays présents sur sa « liste noire » des paradis fiscaux. Sauf que cette liste est une vaste blague. Elle comprend à peine une douzaine d’États dans le monde. Les Bahamas, Jersey, les Îles Caïmans, la Suisse ou Singapour en sont absents.
Les multinationales pourront en toute impunité continuer à fabriquer des montages pour éviter les impôts en Europe avec environ 150 États dans le monde, dont quelques-uns des plus importants paradis fiscaux. Quelques-unes n’auront donc besoin peut-être que d’un petit ajustement qui prendra moins d’une journée à leurs avocats d’affaires. Cette mascarade a été dénoncée publiquement par la députée européenne insoumise Manon Aubry, qui participait aux discussions pour le compte du Parlement européen. Les peuples européens ne récupèreront pas un euro dans cette affaire. C’est une victoire complète des lobbys.
Le gouvernement Macron a joué un jeu particulièrement pro-évasion fiscale dans cette affaire. En effet, le journal Contexte a révélé fin avril que la position officielle de la France avait été rédigée entièrement à partir d’une note transmise par le Medef. Parmi les demandes relayées, il y avait bien le fait de pouvoir continuer à ne rien déclarer en dehors de l’Union européenne. Soit exactement ce qui a atterri dans la directive. Macron est bien le complice de l’évasion fiscale des grands groupes.
« Si vous voulez enterrer un problème, nommez une commission », disait Clemenceau. En matière de police, nous avons l’IGPN. Plus efficace qu’une commission. Composée de policiers évaluant des policiers, elle semble être surtout une machine à laver le linge sale en famille. Nul ne peut l’ignorer. Le Défenseur des droits avait dit en son temps comment tous les dossiers qu’il y envoyait y coulaient à pic. Pourtant, il aura fallu plus de vingt-quatre heures pour obtenir du parquet qu’il s’émeuve d’une violence contre une députée. Qui se chargera de l’enquête ? Pas le parquet, mais le nec plus ultra de la protection obtuse des méfaits de la police française : l’IGPN. Je signale d’abord l’ampleur des efforts entrepris pour obtenir ni plus ni moins que ce qui est de droit. En France, en 2021, cela nécessite des dizaines de tweets indignés de députés insoumis et de responsables politiques divers, un communiqué de notre mouvement et des articles de presse en pagaille.
À noter que la décision d’ouvrir cette enquête n’a pas été prise par le ministre de l’Intérieur, mais par le Parquet de Paris. Encore une fois, Darmanin ferme les yeux. Pourtant, les faits sont là. Notre député insoumise Bénédicte Taurine, ceinte de son écharpe bleu-blanc-rouge bien voyante au milieu d’une foule de paysans, est projetée à terre par un policier. Cela est confirmé par une de ces vidéos que la macronie rêvait d’interdire. Pas d’images, pas de preuves, pensaient-ils sans doute.
La situation devient très inquiétante. Il y a d’abord eu Loïc Prud’homme, matraqué par la police à Bordeaux en mars 2019. Puis il a été empêché d’accéder à l’Assemblée nationale par des policiers le mois dernier. Cette fois, un nouveau seuil a été franchi contre Bénédicte Taurine. Il faut le rappeler : un policier n’a nullement le droit d’entraver l’action des parlementaires. Encore moins de les brutaliser.
Au lieu de rendre des comptes, le préfet de police Lallement a reproché à mots à peine couverts aux parlementaires présents d’entraver une action de police et de participer à une action violente. Cela ne fait qu’encourager les éléments les plus violents à continuer leurs œuvres. Une partie des effectifs policiers a d’ores et déjà glissé sur la pente de la brutalisation de la population. À tel point que cela est désormais ancré dans l’esprit des plus jeunes. En effet, d’après un sondage d’avril 2021 réalisé par OpinionWay, 67 % des 18-24 ans déclarent ainsi que « la violence policière est une réalité en France ».
Rudoyer des parlementaires en écharpe semble être devenu un nouveau sport. Acculés par les images, il reste tout de même au préfet Lallement et au ministre de l’Intérieur Darmanin une carte dans sa manche. En effet, l’IGPN, la « police des polices », est une grande machine à noyer le poisson. Le ver est dans le fruit dès le principe énoncé : des policiers évaluent des policiers. J’avertissais déjà de l’issue dans ma dernière note de blog en ces termes : « On peut être assuré que l’IGFPN fera son boulot habituel : passer l’éponge et accabler la victime. »
Pour l’affirmer, je me fonde sur les faits. Ainsi, en 2019, l’IGPN n’a proposé que 2 sanctions sur les 378 enquêtes pour violences policières ouvertes liées au mouvement des gilets jaunes. La répression a pourtant été massive : 2500 blessés, 32 éborgnés, 5 mains arrachées.
Cet énième accès de violence connaîtra probablement la même issue. On peut déjà le lire entre les lignes des propos du Parquet. Ainsi, cette enquête aura pour but « notamment de déterminer avec exactitude les circonstances des faits au regard du contexte général de l’intervention des forces de l’ordre ». On connaît la suite. Les éléments de langage justificateurs sont déjà tous disponibles sur le twitter de la Préfecture de police. Il suffira donc désormais d’un caillou lancé ou d’un regard de travers des manifestants pour justifier les pires agissements des forces du désordre. Glaçant.
J’avertis : nous ne laisserons pas passer. Et je le redis : attendez-vous à un grand coup de balai en 2022. Cette officine obscure sera dissoute. Elle sera remplacée par une instance indépendante où de véritables experts examineront les faits à l’abri de toute pression de la hiérarchie policière.
À l’occasion de la visite du président Macron au Rwanda, Bastien Lachaud et moi nous sommes exprimés à la suite du discours du président français. Nous avons tenu compte de nombreux impératifs moraux et politiques dans un dossier que lui et moi connaissons mieux que d’autres. Il fallait refuser de contourner la lourde question de la nature des responsabilités des gouvernements de notre pays dans le génocide des Tutsis rwandais. Le dernier rapport sur le sujet exclut sans ambiguïté une participation et même une complicité de la France dans le massacre. Reconnaître nos responsabilités n’est donc pas faire acte de « repentance » comme l’a dit stupidement madame Le Pen. C’est prendre la mesure de ce que coûtent des erreurs d’évaluations, l’interventionnisme permanent et le soutien à des dictateurs détestés.
La formation militaire des génocidaires a bel et bien été assurée par notre pays. Comment se fait-il que nous n’ayons pas pressenti ce qu’ils feraient ensuite de ce qu’ils ont appris ? Quoiqu’il en soit cela ne suffit pas pour accuser l’armée et les militaires de notre pays d’un crime aussi abominable qui ne correspond à rien de l’éthique et de la réalité de nos armées. Mais surtout cela ne peut suffire à exempter de ses propres responsabilités présentes et passées le régime autoritaire de monsieur Paul Kagame, l’actuel président à vie du Rwanda. Au total, rien ne doit être oublié si l’on veut réellement que nous sachions comment changer de comportement sur le continent africain.
Au Rwanda, il ne faut donc rien oublier de l’ensemble des évènements qui ont eu lieu, du génocide au Rwanda même jusqu’aux massacres en RDC ensuite. Nous partageons donc la formulation du président français Emmanuel Macron pour les phrases suivantes : « En s’engageant dès 1990 dans un conflit où elle n’avait aucune antériorité, la France n’a pas su entendre la voix de ceux qui l’avaient mise en garde. Ou bien peut-être a-t-elle surestimé sa force en pensant pouvoir arrêter ce qui était déjà à l’œuvre. La France n’a pas compris qu’en voulant faire obstacle à un conflit régional ou une guerre civile elle restait de fait aux côtés d’un régime génocidaire. En ignorant les alertes des plus lucides observateurs la France endossait alors une responsabilité accablante dans un engrenage qui a abouti au pire alors même qu’elle cherchait précisément à l’éviter. À Arusha, en août 1993, la France pensait aux côtés des Africains avoir arraché la paix. Ses diplomates y avaient œuvré, persuadés que le compromis et le partage du pouvoir pouvaient prévaloir. Ces efforts étaient louables et courageux, mais ils ont été balayés par une mécanique génocidaire qui ne voulait aucune entrave à sa monstrueuse planification. En 1994, quand les bourreaux commencèrent ce qu’ils appelaient odieusement leur « travail » la communauté internationale mit 3 interminables mois avant de réagir. ».
Cette amende honorable est juste et bien calibrée. Mais à ce constat il faut ajouter des demandes d’actions pressantes. Il faut en effet que les responsables notoires du génocide des Tutsis qui vivent encore en France soient jugés pour leurs crimes ! Et nous voulons que soit rouverte l’enquête aujourd’hui sans résultat sur les criminels qui ont abattu, le 6 avril 1994, l’avion transportant les deux présidents, celui du Rwanda Juvénal Habyarimana et celui du Burundi Cyprien Ntaryamira. Et aussi évidemment sur la mort des deux pilotes français de cet avion. Cet acte servit de prétexte aux évènements sanglants qui ont suivi, dont le génocide au Rwanda et le massacre au Congo. Il ne peut être question d’effacer la responsabilité des commanditaires, quels qu’ils soient et de leurs agents d’exécution.
Les circonstances de cette période forment un tout. Pour qu’une page soit tournée, pour que les blessures aussi béantes soient elles se referment, il faut qu’il y ait justice. Il faut qu’il y ait justice pour toutes les victimes du génocide des Tutsis ! Et pour cela, il faut que les génocidaires hutus qui coulent encore des jours heureux en France (notamment la veuve du président rwandais Habyarimana) puissent être jugés pour leurs crimes. Car cet attentat a servi de prétexte à l’effroyable tuerie d’un million d’innocents. Il faut que la vérité émerge, quelle qu’elle soit. Nous la devons aux familles des pilotes français de l’avion présidentiel, qui attendent que toute la lumière soit faite depuis vingt-six longues années. Il faut qu’il y ait justice pour René Maïer et Alain Didot, gendarmes français assassinés dans des circonstances troubles dans les premiers jours du génocide. Il faut enfin qu’il y ait justice pour les centaines de milliers de victimes des massacres qui se sont déroulés en RDC à la fin des années 1990. La responsabilité de l’armée rwandaise de Paul Kagamé dans une partie de ces massacres est minutieusement documentée par le rapport Mapping de l’ONU, rapport défendu par le prix Nobel de la paix congolais, le docteur Mukwege. Or, Paul Kagamé continue à ignorer ces crimes de masse.
Les insoumis plaident, au Rwanda comme ailleurs, pour la vérité, la responsabilité et la liberté, aux côtés de tous ceux qui la revendiquent ici et sur place. Admettre les responsabilités du gouvernement français de l’époque au Rwanda est une chose très importante. Tirer les leçons pour l’avenir dans nos relations avec l’Afrique en est une autre tout aussi fondamentale.