Le 10 juillet, le G20 a signé un accord pour un impôt minimum mondial pour les multinationales. Cela parait être une bonne nouvelle. Malheureusement, le mot clé ici est bien « minimum ». On est loin de la « plus grande révolution fiscale depuis un siècle » annoncée pompeusement par Bruno Le Maire dans un tweet rappelant Sarkozy annonçant en 2009, déjà après un G20 : « les paradis fiscaux, c’est fini ». En réalité, le taux d’impôt minimal est fixé à 15% des bénéfices. C’est-à-dire toujours 10 points de moins que le taux actuel français, mais seulement 2,5 petits points de plus que le taux irlandais, le plus bas de toute l’Europe. Le dumping fiscal va donc largement continuer comme avant. Le G20, dominé par les États-Unis et l’Union Européenne, prouve une fois de plus son inefficacité pour créer un cadre légal mondial contraignant pour les multinationales. D’autres initiatives existent, notamment à l’ONU où tous les pays du monde sont représentés. Je plaide depuis des années pour que mon pays s’y intéresse et en prenne sa part.
En 2014, l’Équateur et l’Afrique du Sud furent à l’initiative d’une résolution historique des Nations Unies. Il s’agissait de créer dans le cadre ONU un traité contraignant les multinationales à respecter les droits humains et l’environnement. Ce fut à l’époque une grande avancée pour tous les défenseurs des droits des peuples à travers le monde. En effet, pendant 40 ans, les États-Unis et leurs alliés avaient réussi à bloquer toute tentative sérieuse d’avancée internationale pour mettre des limites au pouvoir des multinationales. Cette fois aussi d’ailleurs, ils avaient tenté d’y faire obstacle. Les États-Unis avaient voté contre la résolution introduite par l’Équateur et l’Afrique du Sud. On n’en attendait pas moins d’eux. L’Union européenne évidemment avait voté avec le gouvernement américain. En embarquant dans ses valises la France, gouvernée à l’époque par un pouvoir issu du PS qui refusait donc officiellement ce traité international.
Depuis, un groupe de travail s’est mis à l’œuvre à partir de 2015. Les États-Unis et le Canada l’ont quitté dès la première session. L’Union européenne aussi a commencé par le boycotter. Le gouvernement français, ne sachant être courageux, était présent sous le statut de membre observateur. Depuis, la France est devenue membre de plein exercice et l’Union européenne a changé de stratégie. Elle participe aux réunions pour mieux en saboter le contenu. Elle a ainsi milité activement pour que les représentants des multinationales soient associés aux négociations. Il faut dire que l’écriture des règles directement par les lobbies est la façon ordinaire de conduire les affaires à Bruxelles. Puis, elle a insisté pour étendre le champ du futur traité aux « autres entreprises » c’est-à-dire autant à Coca-Cola et McDonalds que le boulanger et le restaurateur du coin ! Il s’agit d’une manœuvre pour tuer dans l’œuf toute possibilité pour que ce traité se réalise un jour.
L’Union européenne est une fervente promotrice d’un désordre international basé sur la loi du plus fort. C’est celle imposée par ses accords de libre-échange signés au rythme de quatre ou cinq par an et dont la logique est d’abaisser les normes à respecter pour les entreprises transnationales. Ils mettent sur pied des tribunaux d’arbitrage privés auprès desquels les entreprises peuvent attaquer les États. Cet ordre juridique est une machine à détruire les protections des droits sociaux et de l’environnement. Quelques exemples suffisent à s’en convaincre. L’Allemagne a par exemple été condamnée à payer 1 milliard d’euros à une entreprise pour sa décision de sortir du nucléaire. L’Italie est, elle, attaquée par une entreprise pétrolière britannique pour avoir décidé d’interdire l’extraction gazière et pétrolière à moins de 12 milles des côtes pour prévenir les marées noires. Une entreprise minière canadienne demande 16 milliards de dollars à la Colombie, soit 20% de son budget national pour avoir créé un parc national sur une zone de la forêt amazonienne, annulant ainsi un projet de concession de mine d’or. Un fournisseur d’énergie suédois a contraint en 2010 la ville de Hambourg à revoir à la baisse ses exigences écologiques pour la construction d’une centrale à charbon, après l’avoir menacé de réclamer 1,4 millions d’euros. Le Canada et la Nouvelle-Zélande ont tous deux ajourné leurs politiques antitabac suite aux menaces des cigarettiers.
Je suis un adversaire farouche de ces traités et ces tribunaux privés qui organisent l’arbitraire des multinationales privées. C’est pourquoi j’ai soutenu les objectifs de la résolution prévoyant la création du traité international proposé par l’Équateur. Je l’ai fait en étant auditionné par le groupe de travail de l’ONU le 24 octobre 2016. Je suis aujourd’hui toujours un fervent partisan des objectifs de la résolution. Elle prévoyait notamment de faire primer le respect des droits humains prévus dans le traité sur l’ensemble des accords commerciaux. Elle avait également inscrit le principe de responsabilité des maisons-mères sur l’ensemble de leurs sous-traitants et fournisseurs dans le monde. Nike ou Apple ne pourraient ainsi plus pu se cacher derrière le fait qu’il ne sont pas les propriétaires légaux des usines où leurs produits sont fabriqués dans des conditions de travail proches de l’esclavage.
Dans mon programme pour la présidentielle, figure toujours l’ambition d’un tel traité. La France est un pays puissant. Sa voix compte. Elle résonne encore davantage quand elle la met au service de l’intérêt général humain. Il est aligné avec notre intérêt propre de Nation. Créer du droit international dans le cadre des Nations Unies est un progrès sur le chaos et la barbarie. Le changement climatique, l’uniformisation et la réalisation globale mettent à l’ordre du jour un nouvel acteur : le peuple humain. C’est en soutenant des initiatives comme celles-ci que nous donnerons corps à cette communauté.
Le quinquennat d’Emmanuel Macron aura bien été celui des ultra-riches. Avec lui comme Président, ils n’ont jamais pris autant d’argent. Le dernier classement du journal Challenges des 500 plus grandes fortunes de France est exemplaire. Il nous apprend que le patrimoine des plus riches français atteint cette année 1000 milliards d’euros. Autrement dit, leur patrimoine a doublé depuis le début du quinquennat de Macron ! Pour l’an dernier seulement, leurs fortunes ont augmenté en moyenne de 30%. C’est la hausse la plus importante jamais enregistrée par Challenges. Rappelons que la même année, la France a subi une dépression de -9% de sa richesse. Un million de personnes ont basculé dans la pauvreté. C’est dire quelle sorte de parasitisme totalement déconnecté de l’économie réel ces milliardaires exercent.
Concrètement, les oligarques français ont ramassé pour eux 230 milliards d’euros pendant la crise. Si tout cet enrichissement avait été capté par les impôts, il n’y aurait aucun déficit public, ni de l’État, ni des organismes de sécurité sociale. S’il avait été utilisé pour créer de nouveaux emplois, il aurait pu rémunérer pendant un an 4 à 5 millions de personnes au salaire moyen. Mais en 2020, nos milliardaires ont préféré licencier. Depuis mars 2020, 1000 plans sociaux ont été déclenchés. On peut citer par exemple Patrick Drahi, 13 milliards d’euros de fortune personnelle et propriétaire de SFR, qui a décidé d’un plan social de 1700 postes cette année. Ou de la famille Mulliez, qui va supprimer 1500 emplois dans les magasins Auchan qu’elle possède. Ou encore de la famille Michelin, il est vrai plus modeste puisqu’elle ne pèse que 1,7 milliards d’euros. Ils suppriment 2300 postes de salariés.
Si on regarde l’ensemble du mandat d’Emmanuel Macron, les chiffres crèvent encore plus le plafond. Le montant des 500 plus grosses fortunes de France a presque doublé. Elle est passée de 570 milliards d’euros à 1000 milliards d’euros. Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France, a vu son magot tripler depuis 2017. Cette accumulation extraordinaire est le résultat de la politique de cadeaux mise en place par Macron depuis son arrivée au pouvoir. Entre la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), la flat-tax sur les revenus financiers, la baisse de l’impôt sur les sociétés, la suppression de « l’exit tax » contre l’évasion fiscale, on ne compte pas moins de 38 milliards d’euros de cadeaux pour ces dernières années. Sans compter bien sûr les facilités accordées pour licencier, baisser les salaires ou augmenter le temps de travail des salariés.
L’ère macroniste est une période bénie pour les milliardaires français. Mais, rassurons-nous, cela n’influera aucunement la ligne éditoriale des rédactions du Parisien ou des Échos, propriétés de Bernard Arnault. Ni celles du Monde ou de L’Obs, dont l’actionnaire, Xavier Niel, a gagné 2 milliards d’euros sous Macron. Encore moins pour L’Express, RMC ou BFMTV, possédés par Patrick Drahi, Le JDD ou Europe 1 qui appartiennent à Lagardère ou encore TF1 et LCI pour Martin Bouygues. Il faut pour compléter ce tableau citer Vincent Bolloré, propriétaire des chaînes Canal+, CNews et C8. La concentration des richesses en France va avec une captation entre moins de 10 mains de la plupart des médias du pays.
À l’heure du 14 juillet, il faut donc regarder par-dessus l’épaule de cette date sacrée. Moins d’un mois plus tard, le 4 août 1789 avait été votée l’abolition des privilèges d’Ancien Régime en France. Pourtant, on a l’impression que les privilèges et le régime aristocratique n’ont fait que changer d’habit. La Révolution de 1789 est-elle à refaire ? « Le peuple n’a-t-il brisé le joug de l’aristocratie féodale que pour retomber sous le joug de l’aristocratie des riches ? », questionnait déjà Robespierre. Il agace. Le Journal de Paris se pourlèche après la séance du 27 octobre 1789 : « Hier, Robespierre est monté à la tribune. On s’est rapidement aperçu qu’il voulait encore parler en faveur des pauvres, et on lui a coupé la parole ».
Car la question du droit de propriété est vite devenue un enjeu politique central. Elle l’est restée. Les députés d’alors défendent dans leur écrasante majorité le droit illimité de propriété. Le concept de « bien commun » ne l’a jamais effleuré sinon pour en combattrre l’existence quand elle est là notamment dans les biens communaux. Robespierre dénonce ce droit de propriété comme étant « le droit de dépouiller et d’assassiner ses semblables » du fait de sa conséquence : l’accumulation d’un côté au prix du dépouillement de l’autre. Il déclare : « nul homme n’a le droit d’entasser des monceaux de blé à côté de son semblable qui meurt de faim ». Pour lui, comme pour nous, le droit de propriété doit nécessairement être limité. Il réclame la limitation du droit de propriété au nom de la dignité humaine, de la redistribution des richesses et de l’abolition de l’esclavage. Robespierre résume : « la première loi sociale est celle qui permet à tout être humain d’exister ! Toutes les autres lois sont subordonnées à celle-là ! ». Aux yeux de Robespierre, la question de la répartition des richesses est directement liée à la question de la répartition du pouvoir. Il se prononce donc pour une démocratie donnant au peuple le droit de contrôler et de révoquer ses élus, ou de voter lui-même directement ses lois sans passer systématiquement par ses représentants. Nous portons encore ce programme. Tel quel.
À l’heure où le bilan se fait de l’incroyable accumulation de richesses qui s’est opéré à un bout de la société sous le régime de Macron, à l’heure où se produit une telle concentration des moyens de pouvoir audio-visuel qui domine les esprits en les harcelant du matin au soir de diversions, il est l’heure d’un nouveau 4 août qui abolisse les privilèges de la nouvelle caste dominante, celle des oligarques. La poignée de très riches ne s’est pas contentée de tout contrôler sur le plan matériel. Elle veut prendre le pouvoir dans les esprits aussi. Elle fait une vertu publique de son désir destructeur fait d’accumulations et de prédations sans fin. De ses mœurs lamentables qui la poussent à récompenser de toutes les façons possible l’apologie sans trêve des instincts les plus vils d’égoïsme social et les discriminations sociales ou religieuses les plus triviales. Sa cupidité n’a pas de bornes. À l’heure ou l’écosystème lui-même en est la victime, il y a un devoir de salut public à se souvenir que le 14 juillet a rendu possible le 4 août. Une nouvelle abolition des privilèges est nécessaire, plus profonde, plus éradiquante, plus irréversible que la précédente. Elle est possible en 2022. Par les urnes.
Les actes de haine et agressions contre des musulmans ont augmenté de 52 % cette année. Ce sont des statistiques officielles et non des chiffres produits par des organismes communautaires comme dans d’autres cas. Cette semaine encore, des tags grossiers ont souillé les murs d’un centre de formation d’Imams dans le sud du pays. Nos amis étaient parmi les gens venus dire sur place leur indignation contre la haine et leur solidarité avec la liberté de conscience des croyants. Je leur dis ma solidarité.
Une incroyable haine est désormais libérée par les injonctions des débats de la loi macroniste contre le séparatisme, après des heures de propos officiels malsains dégoulinants de haine et de bêtise triviale comme ce fut le cas contre les youyous dans les mariages. Et un silence non moins significatif entoure ces actes honteux. C’est sans doute ce silence le plus coupable. Car nombre de personnes ont pris l’habitude d’une islamophobie ordinaire, maladie honteuse de quelques secteurs de la société très bruyants et assez influents pour construire un bruit de fond permanent sur certains médias harcelants. Mais le silence face aux exactions antimusulmanes banalise et encourage les racistes. Il affiche une différence d’indignation qui, à elle seule, est aussi vénéneuse que les actes eux-mêmes.
En combattant ces manières de faire, en opposant une résistance sans faille contre toutes les formes de la haine contre les musulmans, nous agissons au contraire comme nous le ferions pour quelque religion que ce soit en France. Surtout, nous sommes les garants de l’unité du peuple. Parce qu’il est soumis à une même loi, parce que chacun dispose des mêmes droits, nous formons un peuple et une nation.
Il faut saluer et remercier le journal « Le Figaro » pour un acte éditorial totalement inhabituel dans la presse. Un bilan franc et ouvert sur le plantage monstrueux des sondages dans la période des élections régionales. D’autant plus remarquable que cela fait le titre à la une de ce journal sur cinq colonnes et que le papier inclut une critique du sondage publié par ce même journal à propos des résultats des élections en PACA. Dans cette région, l’institut « IFOP avait prévu la victoire « dans tous les cas » du RN ! Mais avant cela, dans un nombre important de régions, les mêmes sondages avaient prévu des duels de second tour entre le RN et les sortants, le plus souvent PS. De la sorte était créé un réflexe de « vote utile » anti-RN dès le premier tour qui faussa tout. On attend le papier de « La Dépêche du midi » et de ses suppléments locaux dans la région qui avaient titré à la une, photo à l’appui, sur la première place du RN face à Delga.
L’article du « Figaro » va loin. Il reconnaît que le journalisme est désormais addict au sondage et que cela joue un rôle systémique dans le commentaire politique qui finit par résumer une élection à un « jeu de petits chevaux ». Nous savons combien la paresse intellectuelle et l’affaissement des capacités d’analyse politique de maints commentateurs (trices) trouvent ici un point d’appui qui fonctionne comme un sauvetage : en commentant un sondage, ceux-là (celles-là) donnent l’impression de commenter un fait établi là où ils seraient incapables d’avoir une analyse établissant un diagnostic. Je suis un bon exemple de tous les abus possibles en ce domaine puisque j’ai le privilège d’un traitement médiatique où le devoir de raison, la décence et quelque souci de la vérité n’existent plus. Ainsi quand Bruno Jeudy trouve le moyen d’annoncer mon « effondrement » sondagier après ma « sortie complotiste ». Pourtant, le sondage qui l’affirmait avait été fait trois jours avant cette supposée sortie « complotiste » ! Ce qui prouve que ou bien « l’institut » ou bien le journaliste ou bien les deux d’accord ont délibérément changé le résultat pour le faire correspondre à leurs besoins. Ce mensonge et cette rectification au « doigt mouillé » venant après « l’enquête » obligent les mêmes la semaine suivante à me donner un retour de 5 points dans les facteurs supposés du public, l’éminent éditorialiste notant cependant avec un ton docte que cela ne fait « que la moitié du terrain perdu ». On aurait tort de se dire que puisqu’il s’agit de moi, ce n’est pas grave. Toutes ces scélératesses qui me sont appliquées n’étant jamais sanctionnées par aucun désaveu, c’est autant d’encouragement à les étendre ensuite à d’autres. On l’a bien vu et on le verra encore bientôt quand ce n’est pas déjà le cas.
Toutes ces pitoyables mauvaises habitudes viennent aussi compléter une mode selon laquelle l’analyse politique électorale aurait pour vocation de « prévoir » ce qui va se passer et non de « voir » ce qui se passe. De toute façon, la plupart des journalistes politiques ne sortent jamais de leurs bureaux ou des déjeuners en ville, sans parler des tautologiques réunions de confrères. Ils n’ont donc aucun ressenti de terrain. Ni aucun recul. Ni aucun capteur alternatif aux sondages. Et puis, comme toute critique est perçue comme une atteinte à la liberté de la presse et tout refus de participer au traquenard auquel se résument maintes émissions, la forteresse des certitudes traverse les évènements sans changer un seul rond de serviette quoiqu’il arrive.
Pourtant, les sages de la profession, qui ont connu d’autres époques, ne manquent pas de mettre en garde dans les rédactions et autour d’elles. On a même vu Robert Namias déplorer par un tweet tranchant que huit jours après un tel effondrement, les publications de sondages reprennent sans aucun recul ni autocritique. C’est ici la limite de l’exceptionnelle prise de recul du « Figaro ». Ses propres journalistes continuent non seulement à construire des « analyses » à partir des sondages, mais même à les opposer comme des faits et des défis, à l’exclusion de tout autre capteur existant et surtout, surtout, sans donner la moindre indication sur les changements de méthode des sondeurs depuis les élections. Pourtant ceux-ci aggravent la situation par une dose supplémentaire d’approximations incontrôlées. Le naufrage continue. Dire que les mises en garde hypocrites des sondeurs atténueraient l’impact du pouvoir d’injonction est une sottise contre tout bon sens. C’est comme si on disait qu’une rumeur n’aurait pas d’impact parce qu’elle est fausse !
Dans l’immédiat, je tire une sonnette d’alarme à propos des nouvelles normes sondagières appliquées par des « instituts » dont les biais sont déjà bien notés par ceux qui en connaissent le fonctionnement. Et notamment celui de leur « boîte noire », lieu où s’exercent les redressements de résultats avec de la poudre de Perlimpinpin. Je ne parle pas de ces caricatures connues où l’analyste d’un institut était lui-même membre du FN. Je parle de la décision d’inclure des taux d’abstention « différenciés » selon les candidats à la présidentielle. Encore une fois, cela bat des records me concernant puisque l’IFOP et d’autres supposent que 60% de mes électeurs de 2017 s’abstiendraient ! Non seulement le rubricard du « Figaro » qui s’en réclame n’en dit rien mais, au contraire, il recopie les doctes raisonnements de sa collègue du « Parisien » Jannick Alimi. Il est vrai qu’elle est souvent son maître à penser. Et souvent la « penseuse » du groupe des journalistes conservateurs. Je n’en exagère pas les mérites, car elle est aussi capable de solides manipulations sans fard.
Elle a ainsi osé annoncer que nous avions déposé sept cent mille amendements (pas moins) contre la réforme des retraites. Elle avait aussi révélé un désaccord entre Coquerel, Autain et moi à propos du Venezuela…. en faisant de leurs propos contre Macron des propos contre Maduro. Cette fois-ci, elle annonce ma « marginalisation » à 7,5% en s’appuyant sur les commentaires de « certains » socialistes. La malheureuse et son plagiaire du « Figaro » ne se rendent pas compte que c’est le niveau où eux-mêmes évaluent Jadot et Hidalgo depuis des mois et encore à cette heure. Mais c’est de bonne guerre sale venant de droite. Ajoutons que notre intérêt est aussi que la bonne société qui paye pour lire « Le Figaro » et les intellectuels qui prennent l’avis de Jannick Alimi soient induits en erreur et soient abreuvés d’informations erronées. Comme lorsque Jannick Alimi, reprenant la consigne du communiqué du CRIF titrait sur un « Front républicain… contre Mélenchon » « En cause : les positions du député des Bouches-du-Rhône sur la république, la laïcité ou le complotisme ». Tel quel et sans autre explication. Un journalisme sous influence conservatrice aux insinuations assez vites repérables.
Moins dôle et plus manipulateur est le fait que tout ceci permet aussi d’élargir l’écart entre Macron et Xavier Bertrand. S’il y a manœuvre, elle est là. Car cela fausse la prévision du deuxième tour. En effet, l’électorat de Bertrand contient une composante populaire qui est considérée comme massivement abstentionniste et donc déduite de son score prévisionnel. On comprend la manœuvre. Comme pour les régionales, en surévaluant Le Pen au premier tour et en faisant de Macron le challenger, on pousse à des votes style Delga en Occitanie. Car tout est là : selon que l’on voit le peuple revenir aux urnes ou seulement la classe moyenne supérieure, les résultats changent du tout au tout. La droite classique et nous sommes perdus, en effet, si le peuple populaire ne vote pas. Le contraire s’il va aux urnes et minore les votes de centre-ville aisés. On voit au passage le caractère terrible des soi-disant « révolutionnaires » qui prônent l’abstention « contre le système » et lui apportent ainsi en fait son meilleur renfort. Ces constats nous ont conduits aussi à formuler la stratégie de « l’Union Populaire ». C’est-à-dire comprendre que le peuple ne se mettra pas en mouvement pour des logos ni pour des têtes d’affiche mais pour des contenus, des objectifs qui changent sa vie.
Dans l’intervalle, mes lecteurs sauront garder la tête froide devant les exploits du gratin intellectuel des conservateurs et de leurs commentaires de sondages bidon. Jannick Alimi doit être considérée comme une ligne rouge au-delà de laquelle mieux vaut cesser de savoir lire.