La rentrée des insoumis aux AMFIS de Valence a été un formidable encouragement pour les Insoumis. Non seulement pour le déploiement par les bénévoles et les animateurs insoumis de cet évènement mêlant bouillonnement intellectuel, mobilisation et cette convivialité particulière des grands rassemblements populaires. Mais aussi pour sa démonstration politique. À 8 mois de l’élection présidentielle, nous sommes en ordre d’action : nous avons un candidat, un programme, une équipe et une stratégie. Celle-ci, nous la nommons : « Union Populaire ». Elle signifie : union à la base tous azimuts autour d’un programme capable d’être majoritaire. Dans quelques semaines, nous mettrons sur pied la structure d’incarnation de ce rassemblement d’un type nouveau : le parlement de l’Union Populaire. J’en explique ici la démarche en commençant par présenter les constats politiques qui y mènent.
L’union au sommet est impossible. Ceux-là même qui l’ont chantée sur tous les tons pendant des mois ont d’ailleurs renoncé à en jouer la comédie. EELV organise seul sa primaire. La direction du PS a déjà choisi sa candidate. Il suffit de comparer les discours d’aujourd’hui et d’hier pour constater l’effondrement de cette option. Le 1er mars dernier, par exemple, Yannick Jadot déclarait, sûr de lui : « il y aura une candidature commune entre Mélenchon et Macron ». Quelques semaines plus tard, il organisait une rencontre entre grands chefs EELV et PS. Insoumis et communistes furent conviés pour la forme. À sa sortie, devant les caméras, Olivier Faure se réjouissait : « il y aura un candidat et un projet commun ».
Mais en cette fin d’été, les déclarations de l’un et de l’autre contredisent toute possibilité de rassemblement des états-majors de la gauche sociale-libérale. Dans Le JDD du 14 août, à la question de savoir si un retrait du candidat écologiste était possible, Yannick Jadot répondait sans laisser l’ombre d’un doute : « c’est inenvisageable ». Quant au premier secrétaire du parti de François Hollande, dans son discours de clôture des université d’été, il fanfaronnait : « aujourd’hui, la principale force à gauche, ce sont les socialistes (…) Je suis fondé à revendiquer le rassemblement derrière un socialiste ». Ils voulaient tous un collier de logo, oui, mais chacun veut le sien en tête. Évidemment, il n’en sera rien : PS et EELV s’apprêtent chacun à avoir leur propre candidat. Dont acte.
L’union au sommet est donc définitivement enterrée. Elle ne fut même pas possible entre les représentants, pourtant proches idéologiquement, de la gauche d’accompagnement du système. Quant à nous, bien sûr il n’a jamais été sérieusement question pour le PS et Jadot de nous inclure dans un rassemblement. On se souvient de leurs réactions muettes ou méprisantes lorsque j’ai proposé en 2018 dans le quotidien Libération de travailler à une fédération populaire. D’une certaine façon : tant mieux. Leur sectarisme sert la stratégie d’union populaire. Celle-ci n’existe qu’avec un programme capable de fédérer largement. L’Avenir en Commun est capable de réaliser ce rassemblement. Eux non puisqu’ils ne veulent de presque rien de ce que veut la majorité populaire du pays. Quand ils ne veulent pas le contraire !
Nous pouvons désormais le dire objectivement. En effet nous avons fait réaliser un sondage sur 42 mesures issues de ce programme. Ses résultats nous montrent ce hiatus entre ce qui peut unir à la base et ce qui peut unir au sommet. Prenons l’exemple des retraites. Le retour à la retraite à 60 ans est soutenu par 7 Français sur 10. C’est un mot d’ordre qui rassemble. Mais le Parti Socialiste, lui a reculé de fait l’âge de la retraite quand il était au pouvoir, en imposant 43 années pour avoir le droit à une pension complète. Plus récemment, le contre-projet retraites des députés PS paru en janvier 2020 maintenait l’âge légal de la retraite à 62 ans. Quant à Yannick Jadot, en 2017, il déclarait : « il ne peut y avoir d’âge unique de départ à la retraite ». Depuis, c’est silence radio sur le sujet. Ce n’est pas le seul exemple. La 6ème République, mesure clé de l’Avenir en Commun soutenue par 6 Français 10 est absente du projet du PS qui n’en veut pas. Les premièrse propositions de Yannick Jadot de même.
L’union au sommet aurait donc été un obstacle pour atteindre le véritable objectif pour gagner l’élection : l’union à la base. Elle est possible. En 2017, les ONG, les syndicats et les associations écologistes lui avaient décerné leurs meilleures notes. Depuis, nous avons mis en ligne sur notre comparateur de programmes des analyses détaillées des propositions de la convention citoyenne pour le climat, des « directives du peuple » éditées en 2018 par des gilets jaunes ou encore les propositions du collectif « Plus jamais ça » qui réunit la CGT, Solidaires, ATTAC ou encore Greenpeace. Elles montrent une compatibilité à chaque fois supérieure à 90% ou plus avec les mesures proposées dans L’Avenir en Commun. Ce niveau de cohésion entre un programme politique et les propositions des forces vives de la société n’est pas un pur hasard. Il vient de la façon dont L’Avenir en Commun a été rédigé. Ni technocrates ni communiquants pour le mettre au point. Notre travail a été celui d’une synthèse des propositions venues de l’expertise associative ou syndicale et d’une mise en cohérence des multiples propositions venue de la société mobilisée.
Notre but n’est donc pas de réunir les chefferies des partis politiques. En revanche, ma campagne présidentielle a clairement vocation à rassembler des syndicalistes, des intellectuels, des responsables associatifs, des meneurs de luttes qui reconnaissent dans L’Avenir en Commun leurs revendications et leur vision du monde. Encore faut-il s’en donner les moyens. La première condition est de laisser de côté les étiquettes. Les mouvements sociaux et notamment les gilets jaunes nous ont appris cela ces dernières années. L’Union Populaire s’y réalisait à condition que chacun laisse logos et drapeaux chez lui. Nous le faisons. L’Union Populaire s’affiche sans le « phi » des insoumis. Cela ne signifie pas, bien sûr, la disparition de l’identité insoumise ! Au contraire, elle se met au service de l’Union Populaire. Mais elle ne veut pas la réduire à notre mouvement. Tous peuvent y participer du moment qu’ils adhèrent au programme et s’astreignent le temps de la campagne à renoncer à la compétition mutuelle.
Il faut donc un organe capable de donner corps à cette fédération. Ce sera le « Parlement de l’Union Populaire ». Il agrégera les personnalités volontaires qui, dans la société, veulent faire gagner le camp de la rupture écologique et sociale. Il n’appartiendra à aucune étiquette particulière ou collection de logos. Il aura un rôle central dans la campagne pour mobiliser les différents secteurs intéressés au changement dans la société et sera consulté sur les grandes étapes stratégiques. On a souvent vu dans les révolutions citoyennes dans le monde s’installer une dynamique féconde entre le mouvement de l’auto-organisation permanente et des grandes coalitions de représentants des différentes branches de l’action populaire. Au Chili, pour ne citer que cet exemple, cette formule a permis au peuple de conquérir son assemblée constituante pour faire changer le régime. En France, ce sera celle de ma campagne qui permettra cet aboutissement comme celui des principales revendications commune du peuple. Puisque son objectif est le même. Et que le programme le prévoit. Entrer dans l’union populaire est un engagement individuel ou collectif. Mais c’est un engagement conscient, libre et une volonté de se fédérer par le programme commun. Et surtout c’est un engagement à l’action.