« Face à la flambée des prix du gaz et de l’électricité, le gouvernement envisagerait d’augmenter le chèque énergie » nous apprend le journal Les Echos. Il serait effectivement temps qu’ils s’inquiètent ! En effet, ces derniers mois, tous les prix flambent. Le gaz a augmenté de 30% depuis mai dernier. Rien qu’au mois de septembre, il a bondi de 8%. Depuis le début de l’année, l’électricité a augmenté de « seulement » +3%. Mais une hausse de tarif est déjà annoncée pour le début d’année prochaine : +7% à +8% !
Il faut mesurer l’insupportable quotidien que cela représente pour un nombre croissant de Français. Le baromètre annuel du Secours Populaire, paru la semaine dernière, en donne une indication très précise. La précarité s’installe partout. En effet, plus de la moitié des personnes interrogées déclarent connaître des personnes en situation de pauvreté et une sur cinq en compter dans sa propre famille ou parmi ses proches.
Concrètement, 36% des personnes interrogées déclarent avoir des difficultés à payer leurs factures d’énergie. En 2020, c’était « seulement » 1 personne sur 4. Et c’était déjà trop. Le pays compte 5 millions de passoires thermiques. La précarité énergétique s’étend et touche désormais des publics de plus en plus jeunes. En 2020, selon les données du Médiateur National de l’Energie, la moitié des Français ont restreint leur chauffage pour contenir leurs factures.
Les plus jeunes sont aussi concernés. Parmi les 18-34 ans, les deux tiers se sont privés et un sur cinq a subi une coupure suite à des difficultés de paiement. Pour ceux qui sont déjà sous le seuil de pauvreté, cela devient une question de vie ou de mort. Les deux tiers d’entre eux ne savent plus « sur quelles dépenses faire des compromis car ils ont déjà réduit tout ce qui pouvait l’être » nous alerte le Secours Populaire. Voilà pourquoi je réclame une loi d’urgence sociale incluant le blocage des prix.
Il faut croire que j’ai été entendu puisque Le Maire s’interroge désormais lui-aussi sur le sujet. Les Echos fonctionnent comme un canal de diffusion pour le ministre de l’Économie. Il nous renseigne aussi sur les angoisses de Bercy. Le ministre veut désormais « trouver des solutions » lit-on. Sans doute ont-ils tiré quelques leçons des Gilets Jaunes. Il le faudrait. La dernière fois, le prix de la goutte d’essence a fait déborder le vase de la colère. En conséquence, le gouvernement avait daigné augmenter le montant du chèque énergie et élargir le nombre des bénéficiaires. C’était en 2018.
Depuis, l’onde du choc économique du Covid-19 n’en finit plus de générer des répliques. La situation sociale s’est aggravée. L’amnésie du ministre aussi, semble-t-il. En effet, en 2020, l’association « Rénovons » proposait d’attribuer exceptionnellement la somme complémentaire de 300 euros aux plus précaires déjà éligibles au chèque énergie. Cette idée a fait l’objet d’une proposition de loi déposée par le groupe La France Insoumise au mois de juin 2020, à l’initiative de Mathilde Panot.
Pour un coût d’un milliard d’euros, une telle augmentation du chèque énergie aurait permis de couvrir deux mois de besoins en énergie des 3,5 millions de ménages les plus précaires. C’était à l’époque une mesure à la hauteur de l’urgence. Mais elle n’a jamais été mise à l’ordre du jour par la majorité. Dois-je rappeler à Bruno Le Maire que nos amendements sur le sujet lors des projets de loi de finances ont aussi été rejetés ?
Le voici aujourd’hui repeint en défenseur du chèque énergie comme un instrument « juste » et « efficace ». Il envisage même de l’augmenter. C’est-à-dire de faire ce qu’ils ont justement refusé les deux années passées. Tartuffes ! Nul doute que leur changement d’avis sur le sujet n’est pas étranger à l’entrée en campagne d’Emmanuel Macron. Après avoir tenu très serré les cordons du porte-monnaie, le voici venir les poches pleines de sous et de belles promesses.
Le chèque énergie ne peut plus être une solution. D’abord parce qu’il consiste en une subvention aux pétroliers dont les produits sont achetés par ce moyen alors même qu’ils augmentent dans un but de profits sans cause. Il faut désormais s’attaquer aux causes. Ainsi, la flambée actuelle des prix signe la faillite du modèle de la « concurrence libre et non faussée ». Depuis l’ouverture à la concurrence du marché de l’énergie il y a dix ans, le prix du gaz a bondi de +80% et celui de l’électricité de +60%. Mais le gouvernement s’obstine à contre-sens. Il prévoit de supprimer les tarifs réglementés du gaz en 2023 ! Autant dire que le pire est à craindre.
L’hiver sera bientôt là. Il nous faut donc passer à la vitesse supérieure pour empêcher des milliers d’entre-nous de basculer dans la misère. Je propose un traitement de choc en urgence : le blocage des prix. Personne n’est dupe : augmenter le chèque énergie n’est aujourd’hui qu’un enfumage macroniste.