M. Jean-Luc Mélenchon interroge M. le ministre de l’économie, des finances et de la relance au sujet d’Engie et de son entité Equans. En effet, Engie (ex-GDF-Suez) a décidé de vendre son entité de services à l’énergie « Equans» à Bouygues. Créée à la va-vite en juillet, cette entité regroupe toutes les activités de services liés à l’énergie : génie climatique, efficacité énergétique ou encore gestion de chauffages urbains. Le prétendu «recentrage» du groupe le conduit à se séparer de savoir-faire cruciaux pour les chantiers de la bifurcation écologique, à commencer par la sobriété énergétique, pilier de l’atteinte du 100 % renouvelable.
La cession de deux autres secteurs d’expertise d’Equans à Bouygues représente une menace majeure pour la souveraineté française. En effet, Ineo, la principale société d’Equans, opère dans la surveillance de base aérienne ou des réseaux télécoms sécurisés. Une autre entreprise, Axima, réalise de la maintenance de sites nucléaires ou militaires. Evidemment, l’État français, qui n’est pas actionnaire de Bouygues, n’aurait plus aucun droit de regard. De plus, cette manœuvre va transférer 74 000 salariés, soit 40 % de ses effectifs vers Bouygues. 27 000 salariés français sont concernés. Au passage, Engie renonce à 12,5 milliards de chiffre d’affaires, soit près de 20 % du total. Bouygues s’est engagé à ne procéder à « aucun départ contraint » des salariés d’Equans pendant cinq ans. La formule est ambiguë : il y a de quoi être inquiet. La CGT craint la suppression d’au moins 1 800 postes en doublon après l’opération. Les salariés et syndicaux tirent également la sonnette d’alarme sur la fuite en avant vers le démantèlement de cet ancien monopole public. Ainsi, après avoir cédé plusieurs activités à l’étranger puis sa participation dans Suez, Engie prévoit encore près de 10 milliards d’euros de cession d’ici 2023. Son périmètre n’a pas fini de se réduire. En effet, d’autres filiales hautement stratégiques d’Engie sont visées.
Ainsi, Endel, spécialiste de maintenance industrielle dans le nucléaire, doit être cédé à un prix négatif au groupe Altrad, qui n’a aucune référence en la matière. Il y a aussi GTT, constructeur de cuves pour le transport maritime de GNL ou encore EVbox, premier fournisseur mondial de bornes pour véhicules électriques. Au final, le groupe risque de tomber sous le seuil des 100 000 salariés. Le rachat effectif d’Equans doit être définitivement conclu au deuxième semestre 2022. Or l’État est le principal actionnaire d’Engie. En effet, il détient près d’un quart du capital et un tiers des droits de vote d’Engie. Il est donc encore temps de s’y opposer. Par conséquent, il aimerait savoir quand le Gouvernement compte s’opposer à la vente d’Equans et empêcher plus globalement la vente à la découpe d’Engie, contraire à la souveraineté du pays.