Il y a quelques mois, la ministre Pompili me traitait de partisan du black-out électrique. Désormais, c’est le gouvernement qui doit expliquer pourquoi il a mis le pays au bord de la panne d’électricité tout en vidant la caisse pour contenir la colère des gens qui ne peuvent plus payer. Il y a de quoi être inquiets.
D’une part, les prix de l’électricité et du gaz sur le marché européen continuent de flamber : +400% en un an. Mécaniquement, cela se répercute en France. Pourtant, cette hausse des prix n’est pas du tout justifiée économiquement. En France, 80% du coût de production de l’électricité est fixe et anticipable. Il correspond aux coûts de construction, d’exploitation et de maintenance des centrales. Les salaires dans le secteur de l’énergie n’ont pas non plus augmenté. L’explosion des prix est donc uniquement liée au marché et aux spéculateurs.
Cette situation ne fait pas que des malheureux. Ainsi, Total ou Engie ont largement profité de l’envolée des cours de l’énergie. Ils ont engrangé des milliards de bénéfices. Pour preuve, Total a multiplié son bénéfice par 23 en un an. Il vient d’ailleurs de verser 1,7 Mds € de dividendes à ses actionnaires au titre de ses excellents résultats de l’année 2021.
En toute logique, il leur revient donc de supporter la hausse des prix. Mais les idéologues macronistes refusent de mettre leurs profits mirobolants à contribution pour empêcher la hausse des factures des Français. Ils préfèrent piocher directement dans les caisses de l’État. Autrement dit, faire payer les Français. L’addition est déjà salée. L’ensemble des mesures décidées ces derniers mois avaient jusqu’à présent coûté la bagatelle de 14 milliards d’euros.
Non seulement elles n’ont rien réglé, mais le pire est à venir. En effet, la hausse des prix pour le consommateur pourrait être de +44% en février selon la Commission de régulation de l’énergie. Or, le gouvernement a promis de limiter la hausse sur les factures à +4% en février. Comment s’y tenir sans blocage des prix ?
Pour résoudre cette équation impossible, Macron a décidé d’obliger EDF à vendre davantage d’électricité à prix cassé à ses concurrents artificiels. Il espère ainsi que les prix pratiqués par les fournisseurs alternatifs baisseront. Et donc que la facture des consommateurs n’augmentera pas davantage. Mais rien n’est moins sûr car rien ne les y oblige.
La panne nucléaire arrive à cette étape. Près de 20% de la production nucléaire est amputée jusqu’en avril prochain à cause de l’arrêt forcé de cinq réacteurs. En cause : des fissures et de la corrosion sur les circuits de refroidissement de secours des réacteurs de Civaux (Vienne) et de Chooz (Ardennes) et de Penly près de Dieppe. D’autant que le Covid-19 a bouleversé le calendrier de maintenance habituelle des centrales. Au total, un réacteur sur cinq est hors service. Niveau indépendance et production continue, on a vu mieux !
Surtout, faute d’énergie nucléaire produite en quantité suffisante, la brillante idée du gouvernement conduira EDF à racheter à prix d’or sur les marché une partie de l’électricité qu’elle doit revendre. L’opérateur la bradera ensuite à ses concurrents à un prix 8 fois inférieur à ceux du marché et inférieur à son propre coût de production.
Autrement dit, EDF devra vendre à perte pour entretenir une illusion de concurrence sans garantie d’effets. Cela confine à l’absurde. Au bout du compte, le manque à gagner de cette opération sera de 8 milliards d’euros pour EDF. Autant d’argent supplémentaire pioché dans les caisses communes puisque l’État en est actionnaire à 83%.
En clair, la stratégie tout-nucléaire imbriquée dans une logique de marché achève le tableau du chaos. Mais le gouvernement ne compte pas s’arrêter pas là. Pour passer l’hiver faute de nucléaire, Pompili compte également augmenter la production… de charbon ! J’y vois la signature de l’incapacité du gouvernement à passer à autre chose que le nucléaire.
Nous voici désormais dépendants de gaz importé à prix d’or et de charbon. Le coût écologique sera immense. Le coût social le sera tout autant. En effet, la facture pour l’État s’élève désormais à 22 milliards d’euros. Cette somme sera répercutée sur les factures des Français dans les mois à venir. Le 13 janvier dernier, les macronistes auraient mieux fait d’adopter ma proposition de loi de blocage des prix. Au lieu de ça, Macron a créé une bombe à retardement.