Le vote de dimanche prochain parait plus volatil que jamais auparavant. Tout est suspendu au niveau de participation des électeurs. Non seulement le niveau général, mais celui en particulier au sein de chaque famille politique. Si l’on en croit les sondages, les insoumis de 2017 sont ceux, et de très loin qui vont le moins voter. Pourquoi ? Mystère.
En réalité, les entreprises de sondages sont de plus en plus mises en difficulté par le contexte dégagiste qui s’impose actuellement. Il est à l’origine des innombrables arrangements que les « instituts » font avec la réalité parce que celle-ci est devenue structurellement instable.
À cela s’ajoutent d’autres handicaps plus profonds encore qui faussent les échantillons. Ainsi quand, dans certains secteurs populaires, les gens refusent de répondre aux enquêtes. Compte aussi l’obsolescence de certaines méthodes comme le passage par des tamis qui consiste à revoir les chiffres bruts à partir de votes du passé. Ainsi quand les sondeurs pondèrent leurs chiffres à partir de souvenirs des « votes précédents ». Cela pouvait avoir du sens dans les périodes où la répartition des choix étaient globalement stable d’une élection à l’autre. Mais après la vague dégagiste de 2017, quel sens cela peut-il avoir ? Par exemple corriger les résultats bruts de la France insoumise en 2019 par le niveau des votes du « front de gauche » de 2014, quelle pertinence politique cela peut-il avoir ?
Plus profondément dans ce contexte les milieux populaires adoptent un comportement désormais particulier. Ici, la culture de la Cinquième République est devenue un poison mortel pour le goût du vote. Persuadé que voter ne sert à rien entre deux élections du monarque présidentiel, le commun populaire se tient à distance de tout engagement hors de ce moment spécial. Nous avons déjà payé le prix fort pour cette façon de procéder. Ainsi quand nous n’avons recueilli que onze pour cent des suffrages aux législatives de juin 2017, à peine cinq semaines après avoir fait près de 20% à l’élection présidentielle. Cela pèse lourd contre nous dans cette élection européenne où pèse en plus un rejet profond pour l’Europe.
À quelques heures du scrutin, nous avons appris le résultat du vote des Pays-Bas. Le naufrage des sondeurs est total. Non seulement les instituts hollandais mais aussi ceux des instituts français. Spécialement celui de IPSOS, l’institut qui nous attribue systématiquement des scores très bas. Il annonçait à 10% les travaillistes hollandais et ceux-ci ont réalisé sept points de plus ! Et l’extrême droite fait six points de moins que les prévisions de Ipsos.
A ce niveau d’erreur, on peut dire que la valeur du travail sondagier est égale à zéro ! On peut mettre en cause l’engagement politique implicite de l’institut qui serait à la racine de tels errements. Mais nous ne pouvons pas le prouver. Je préfère donc en rester à l’explication que je viens de donner : la volatilité politique est due au dégagisme sous-jacent à toute la période.
Cette approche permet de mieux comprendre le sens que prend la journée de vote du 26 mai en France. Elle prend place dans une séquence longue dont la caractéristique est le dégagisme. Quoiqu’il donne, le vote du 26 mai sera dans tous les cas une étape de plus dans la crise politique que vit le pays. D’une façon ou d’une autre, ce sera le 28ème épisode du mouvement de fond dont l’action des gilets jaunes est la pointe visible en surface.
Le coup de balai en vue semble terrible. Car le pouvoir a concentré tous ses alliés au sein d’une même liste. Elle sera incroyablement minoritaire en pourcentage comme par rapport au nombre d’inscrits. Le pouvoir macroniste sera nu aux yeux de tous : il n’a pas de base sociale ni politique dans le pays. Pour l’instant on annonce 9,24 % des inscrits si l’on en croit les sondages actuels. À peine 4 millions de votants sur 47 millions de personnes inscrites en France.
Ce raisonnement s’applique bien sûr à toutes les composantes politiques. Mais il ne prend pas la même signification s’agissant du regroupement des partis qui constituent la majorité parlementaire et engagent des transformations radicales de l’organisation du pays. La France va donc entrer d’un pas de plus en zone de grandes turbulences.
D’où l’importance pour nous d’y être le recours positif. C’est cela que signifie notre appel à nous aider à être dans le peloton de tête de l’élection, devant Les Républicains. Notre raisonnement est que le tandem infernal Macron/Le Pen va vite montrer sa raison d’être : la garantie de durée du régime, son assurance vie.
Le moment venu, le dégagisme se donnera nécessairement un point d’appui en dehors de ce cercle. Il brisera le verrou. Nous analysons donc par avance l’élection comme un échec terrible du pouvoir à stabiliser le pays dans un attitude favorable au projet néolibéral qui domine l’Union européenne et dont Macron aura été le porte enseigne.
La France Insoumise est donc en mouvement sur cet objectif. Le succès de la liste conduite par Manon Aubry est un investissement que chacun peut faire pour entrer dans le futur immédiat de cette période. Une façon de dire que la France ne se résume pas à trois variétés d’une même réaction antisociale irresponsable devant l’état d’urgence écologique. Quand nous disons qu’il serait bon de donner de la force à une force c’est le message que nous envoyons contre l’éparpillement des énergies. La liste de Manon Aubry par sa composition sociale, politique et associative est une convergence à l’image du futur nécessaire pour la politique nationale.
Triste. Rien n’y fait. En 2018, les investissements mondiaux placés dans les énergies carbonées ont augmenté. Aucune alerte, aucun des messages de mise en garde n’aura fonctionné. Le capitalisme reste un mode de production intrinsèquement irresponsable. Sur les 1900 milliards de dollars investis l’an dernier dans le secteur énergétique, en majeure partie par le secteur privé, les deux-tiers concernaient des énergies émettrices de gaz à effet de serre. Mais les entreprises et les banques privées ne sont pas les seules responsables de ce piteux résultat.
La Banque centrale européenne a aussi contribué ces dernières années à financer l’accélération du réchauffement climatique. Deux ONG, l’institut Veblen et Positive Money se sont penchées sur les titres d’entreprises que la BCE a racheté dans le cadre de sa politique dite « d’assouplissement quantitatif ». Le banquier central a mis en place cette méthode en juin 2015, pour sortir la zone euro de la récession et lui éviter la déflation.
Il s’agissait de racheter des dettes d’États et d’entreprises privées pour injecter de la monnaie dans l’économie. Jusqu’à décembre 2018, date de fin de ce programme, la BCE a ainsi mis en circulation 2600 milliards d’euros, plus que le PIB de la France. Sur cette somme, une petite partie, 178 milliards d’euros a financé des dettes d’entreprises privées. 63% des titres de dettes privées ainsi rachetés finançaient des secteurs polluants comme le charbon, le pétrole ou l’automobile.
Cette façon de créer en quantité importante de la monnaie pour relancer la machine économique était déjà une rupture avec l’ordolibéralisme fanatique pratiqué par cette institution. On la doit au banquier central Mario Draghi, un féroce dans son genre. Mais il a dû trancher entre les scenarii. Il a donc dû l’imposer, notamment à la puissante banque centrale allemande, hostile à ce genre de politique. Cependant, il a dû donner des garanties en matière de libéralisme, de respect de la sacro-sainte concurrence et de l’autonomie des marchés financiers.
Ainsi, il fut décidé que le programme de rachat de dettes privées par la BCE respecterait scrupuleusement la répartition sur le marché financier entre les différents secteurs économiques. C’est pourquoi la banque centrale a racheté autant de titres à l’industrie automobile que celle-ci pèse réellement sur le marché des échanges d’obligations en Europe. Le résultat était connu d’avance : l’industrie automobile allemande, dominante dans la zone euro a profité plein pot des largesses monétaires de la BCE. Pour les ordolibéraux, l’essentiel était conservé : une institution publique n’avait pas dérangé la main invisible du marché. En même temps les Allemands se faisaient grassement arroser. Tout était en ordre donc.
Et tant pis si cela conduit au stupide résultat suivant : pendant que l’Union européenne et ses États proclament des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’une de ses principales institutions, la Banque centrale européenne, finance massivement les producteurs de ces émissions.
Cet exemple montre pourquoi nous voulons en finir avec le dogme de l’ordolibéralisme en matières financière et monétaire. Le mandat fixé à la banque centrale européenne lui impose de limiter l’inflation à « un peu moins de 2% ». Elle n’a qu’un autre objectif additionnel qui est la stabilité des marchés financiers qu’elle interprète comme un commandement à intervenir le moins possible. L’inflation faible profite avant tout aux rentiers. C’est un but important pour garantir le niveau des retraites par capitalisation des allemands. Mais pour des pays, comme ceux du sud de l’Europe, qui ont besoin d’investissements, c’est un garrot.
La BCE n’est par ailleurs censée se soucier ni du bien-être social des peuples, notamment du taux d’emploi, ni de la catastrophe écologique et de la nécessaire bifurcation de nos façons de produire, d’échanger et de consommer. Il n’y a pas d’objectifs d’intérêt général dans son mandat. Et d’ailleurs, c’est corrélé à son mode de fonctionnement. Les traités européens imposent « l’indépendance » du banquier central. C’est-à-dire, en vérité, son indépendance vis-à-vis des pouvoirs élus, des gouvernements, des parlements et donc finalement de la souveraineté populaire. On comprend donc que ses décisions ne soient pas dictées par l’intérêt général puisqu’elles se situent hors du champ démocratique.
Il faut donc bien sortir des traités pour changer cette situation. La France insoumise demande la fin de l’indépendance de la banque centrale et la modification de son mandat. Sans cela, toute politique d’investissements écologiques est illusoire. La « banque pour le climat » réclamée par Nathalie Loiseau et Macron est une illusion. Dans le cadre actuel, une telle institution ne pourrait pas se financer auprès de la Banque centrale européenne sans respecter des règles de concurrence qui l’empêcherait de fait de remplir sa mission. Si elle se finance auprès de marchés financiers, elle devra respecter des objectifs de rentabilité impossibles. La transition écologique passe donc par la définanciarisation de l’économie dont la réforme profonde de la banque centrale est un pilier.
Une semaine avant l’élection européenne, de nombreuses forces soufflent dans le dos du Rassemblement National. Les macronistes, comme prévu, désignent Le Pen et ses amis comme leurs adversaires préférés. C’est surtout pour eux des adversaire de confort. La stratégie d’élection pour Emmanuel Macron en 2017 a consisté uniquement à se retrouver face à Marine Le Pen au second tour pour pouvoir anesthésier la douleur d’un vote pour les libéraux en le transformant en vote barrage.
L’existence même du Rassemblement National lui permet d’éviter les contrariétés de présenter un programme pour être élu, de débattre sur le fond avec les autres candidats, d’échanger des arguments. Toutes ces choses ont été entièrement remplacées par l’unique argument du barrage au diable Le Pen par le Président de la République. C’est aussi pour cela que Macron a modifié la loi distribuant entre les différentes listes candidates le temps d’antenne pour les clips de la campagne officielle. Il en résulte une répartition grossièrement inégalitaire en faveur du tandem officiel Macron et Le Pen.
La confrontation entre LREM et le RN a été amplement mise en scène par les médias du système. La semaine dernière, BFMTV a ainsi décidé d’inventer un second tour dans une élection à un tour et à la proportionnelle intégrale en organisant un débat réduit a deux entre Nathalie Loiseau et Jordan Bardella.
Cette appétence se voit aussi dans l’organisation des débats télévisés depuis le début de la campagne. Dans ceux-ci, les chaînes organisatrices ont toujours choisi de consacrer un temps disproportionné et aux moments où l’audience est la plus forte pour les questions d’immigration. Sans pourtant parvenir à installer le thème dans l’actualité.
Mais au total, cette élection européenne aura permis de constater le franchissement d’un cap dans le lepénisme médiatique. L’héritière de Montretout a gagné ses galons de respectabilité auprès du système. Au point de devenir pour lui une solution de rechange de plus en plus crédible.
Il faut dire qu’elle a donné les gages, montré patte blanche sur plusieurs questions décisives pendant la crise des gilets jaunes. Il y a d’abord eu cette défense acharnée de la Cinquième République. Le 7 décembre 2018, elle publie une lettre de sa main prenant à revers les revendications de changement de régime des gilets jaunes. Elle montre du doigt « certaines personnes qui ont pu se laisser tenter par une remise en cause plus ou moins implicite de nos institutions de la Cinquième République ». Mais pour la cheffe de l’extrême-droite, « la remise en cause de nos institutions, y compris avec une prétendue 6ème République me parait totalement malvenue ». Cette prise de position lui permet même de cotiser en tapant sur la France Insoumise : « cette revendication fait écho de manière assez grossière au programme politique d’un candidat à la présidentielle ».
Voilà sur le partage du pouvoir. Sur le partage des richesses, elle a également confirmé publiquement son opposition à l’augmentation des petits salaires. Dès le début du mouvement, elle déclarait chez Bourdin : « j’ai toujours été contre l’augmentation du SMIC ». Par ailleurs, les tenants du système ont pu être rassurés par l’exemple des politiques mises en place par les amis de Le Pen lorsqu’ils arrivent au pouvoir. Elles sont en tous points conformes à l’agenda anti-social conduit par les libéraux jusqu’ici.
En Hongrie, Viktor Orban fait face à une intense colère populaire contre une loi surnommée par les ouvriers hongrois « loi esclavage ». Elle augmente le nombre d’heures supplémentaires autorisées par an de 250 à 400. Cela représente l’équivalent de 50 journées de travail en plus par an, soit la suppression de fait d’une journée de repos hebdomadaire. Surtout, elle permet de payer ces heures de travail trois ans après qu’elles aient été effectuées.
En Autriche, le FPÖ, allié du Rassemblement National gouvernait jusqu’à une date récente en coalition avec la droite. Le temps de travail maximal est passé en juin dernier à 12 heures par jour et 60 heures par semaine. Enfin, Matteo Salvini, le modèle de Marine Le Pen, a fini par capituler face à la Commission européenne sur son budget, après avoir fait mine de résister. Pour rentrer dans les clous des traités budgétaires, il a sacrifié les mesures les plus progressistes : le projet de revenu minimum a été divisé par six, les retraites ont été désindexés de l’inflation et les investissements publics ont été divisés par trois.
Aujourd’hui, un vote pour Le Pen, c’est un vote pour le système et le système l’a parfaitement compris. Les « fâchés pas fachos » n’ont pas de raison de se tourner vers cette option qui est plus que jamais l’assurance-vie du système. Tous ceux qui pensent que le problème en France et en Europe vient davantage du banquier, du milliardaire que de l’immigré doivent être appelés à donner de la force à la France insoumise. Cet objectif-là reste central pour nous. Là est la clef de la suite pour notre bataille : la mise en mouvement de la masse populaire aujourd’hui auto-piégée dans le Rassemblement National.
Dans l’immédiat Il s’agit pour y parvenir de changer le tableau global. Puisqu’ils l’ont voulu et que les médias aiment ça, achevons d’enfermer macron et le Pen dans leur tête-à-tête. Le premier qui tombera entrainera l’autre dans sa chute. Entre eux deux existe un effet domino potentiel. Notre tâche doit être de présenter l’offre suivante. Après Macron / Le Pen, quoi ? D’où la bataille pour passer en troisième position le soir du scrutin. Il d’agit non de nier la prééminence des deux premiers à cette étape mais de l’admettre pour que le dégagisme les frappe le plus largement possible. Et que cela ouvre la demande d’une autre voie, celle d’une alternative au duo.
Dans une lettre ouverte qu’il m’adresse, David Cormand m’accuse de « tirer dans le dos des écologistes » quand je les interroge sur leur projet de coalition au Parlement européen entre EELV, le PS, LR et LREM.
Pour cela, aucun mot n’est trop excessif apparemment. « Mensonge », « calomnie », « mauvaise foi », « fake news », « assassin de l’espoir » (rien de moins ?!). Tout cela vient s’ajouter à la longue liste d’insultes quotidiennes de l’arrogant Yannick Jadot qu’EELV a choisi pour tête de liste.
En position de victime pantelante qui supplie la pitié du public, celui qui nous accuse de brutaliser le débat n’hésite pas à nous accabler violemment à longueur d’antenne. J’ai droit à des hurlements :« vive Poutine, vive Maduro ! » quand il ne m’accuse pas tout bonnement de vouloir « détruire l’Europe » ! Et puis quoi encore ? Cela semble n’avoir aucune limite.
L’accusation de « tir dans le dos » est inutilement agressive. D’abord nous ne tirons pas. Nous interrogeons. Au contraire, nous souhaitons faire toute la lumière sur les intentions d’EELV. Constatons que la lettre ouverte de Cormand biaise avec constance et opacité la réponse attendue de lui. De notre côté, nous nous référons à des déclarations parfaitement claires concernant le projet de nouvelle grande coalition au Parlement européen.
Dans une interview au Point daté du 1er mars 2019, une question claire est posée à Yannick Jadot : « Dans le futur Parlement européen, les Verts feront-ils partie de la majorité quadripartite avec le PPE, les libéraux et les sociaux-démocrates ? » Il répond oui, sans barguiner :« Si on nous propose un programme qui améliore substantiellement le fonctionnement de l’Union et les politiques européennes, alors, les Verts y apporteront leur soutien. ».
Le 10 mai 2019, Stéphane Séjourné, candidat et directeur de campagne du parti macroniste a annoncé la manœuvre :« Il est probable que le groupe des Verts, le groupe socialiste et le groupe du PPE fassent partie d’une majorité avec nous ». Ce dimanche, dans le JDD, c’est le ministre de l’économie, Bruno Le Maire qui, à la question : « Au sein du futur Parlement, les élus LREM pourraient-ils s’allier aux Verts européens ? », répond :« Nous verrons le 26 mai où nous en serons ; mais cela fait partie des possibilités. L’objectif est d’avoir un groupe puissant, capable de porter la transformation de l’UE. Tous ceux qui veulent nous rejoindre autour de ce projet sont les bienvenus. »
De même, la direction des Verts européens déclarait par les mots de son président, Reinhard Bütikofer « les Verts sont généralement ouverts à toute collaboration » ajoutant qu’ils partagent avec les macronistes « les mêmes avis sur la réforme de la zone euro et l’Union bancaire » de même que l’idée d’un « budget européen ».
Par conséquent, la question mérite d’être posée et elle n’est pas accessoire. EELV n’y répond pas. Dans sa lettre si agressive contre moi, David Cormand n’y répond pas davantage. Je pose donc la question : Oui ou non, les Verts français vont-ils s’accorder avec LREM, le PS et Les Républicains une fois au Parlement européen ? Certes, et contrairement au nôtre, le bulletin de vote EELV n’est pas un bulletin de vote « anti Macron ». Mais si le bulletin de vote EELV conduit tout droit à une nouvelle tambouille de Macron au Parlement européen, les électeurs français doivent le savoir !
Souvenons-nous qu’en 2014, les socialistes avaient juré qu’ils ne voteraient pas pour Jean-Claude Juncker au Parlement européen. Ils ont fait exactement le contraire dès qu’ils y sont arrivés ! Dans une élection européenne, l’appréciation de l’action des uns et des autres ne s’arrête pas aux portes du Parlement européen. Avec le bulletin de vote de la liste France Insoumise que conduit Manon Aubry, les choses sont claires : pas de tambouille, d’aucune sorte avec les libéraux. Exiger cette clarification ne consiste pas à faire d’EELV un adversaire désigné de La France Insoumise.
Ajoutons que nous n’avons aucune leçon à recevoir en matière de lutte contre l’extrême-droite. Face à l’extrême-droite, il ne s’agit plus de s’indigner ou de se contenter de crier au fascisme. Ces tactiques moralisantes ont montré leurs limites. Il faut aller sur les contenus. L’essentiel des électeurs de Marine Le Pen ignorent que mettre ce bulletin dans l’urne ce n’est pas mettre le coup de pied aux fesses qu’ils espèrent à ceux qu’ils ne veulent plus voir en politique mais c’est voter contre leurs intérêts. Cette femme et son parti ne veulent pas de la hausse du SMIC, veulent augmenter la durée du temps de travail et ont pour alliés européens des gens qui courent après la politique économique de Macron.
Ce travail de désenfumage, les militants de La France Insoumise le mènent chaque jour sur le terrain, porte après porte. Les insinuations de Yannick Jadot et ses démonstrations douteuses pour expliquer combien Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen poursuivraient le même projet politique ne servent qu’à aider le sale travail des lepénistes pour ramener dans leur giron les « fâchés pas fachos » que nous nous efforçons d’entrainer de notre côté.
Pour le reste, et pardon cher David, mais contrairement à ce que tu racontes, nous ne nous disputons pas « des suffrages ». Je veux bien admettre que c’est ainsi que le parti EELV conçoit la totalité de son action politique mais c’est faire insulte au travail de fond et de fourmi que fournit La France Insoumise pour relever le défi de la crise climatique qui s’avance. Pourquoi n’avoir pas dit un mot pour appuyer notre demande de voir déclarer l’état d’urgence climatique en France comme l’ont fait le parlement anglais et irlandais ? Déjà quand nous avons organisé la votation citoyenne contre le nucléaire, vous nous avez refusé toute participation. Quel est ce sectarisme ? Vous êtes prêts à prendre des initiatives en commun avec la droite au Parlement européen mais pas en France avec nous ? Pourquoi ?
Notre dispute concerne bien davantage que des suffrages : elle concerne la méthode et son efficacité pour faire face au changement climatique et à la sixième extinction des espèces dans le temps imparti selon l’expertise des scientifiques.
Pour EELV, le préalable quand on parle d’Europe est de cotiser à un enthousiasme béat. Yannick Jadot nous accuse de vouloir « détruire l’Europe ». Ce verbiage ne veut rien dire ! Qui peut le croire ? L’Europe c’est de la géographie. Ce n’est pas la France Insoumise qui pousse à la dislocation de l’Union dont le Brexit est un symptôme. L’Union européenne se disloque sous les coups de l’extrême-marché et d’un libéralisme économique avec lequel votre parti refuse de rompre.
Ce qui doit être discuté pour faire face au changement climatique, c’est la construction politique particulière de l’Europe : l’Union Européenne de traités antidémocratiques qui empêchent les investissements publics massifs qu’il s’agit de réaliser pour engager la transition écologique notamment du fait de l’absurde règle des 3% de déficit. Dès lors, l’Europe écologique dans le cadre de ces traités, c’est un slogan trompeur.
Parce que La France Insoumise veut être conséquente dans ses propositions, elle assume de dire qu’entre les droits sociaux et les traités actuels, il faut choisir. Qu’entre l’écologie et les traités actuels, il faut choisir. Et par la force des choses, dans ces élections européennes, entre EELV et La France Insoumise, il faut choisir aussi. Ce choix et les moyens d’aider sa réalisation n’ont rien d’indignes. C’est même toute la grandeur de la démocratie et de la vie politique. Nul besoin d’insultes, d’insinuations ou d’indignations feintes pour cela. Restons-en au fond. 24 heures après la lettre ouverte de David Cormand, Yannick Jadot le démentait et confirmait qu’il restait ouvert à l’idée de grande coalition.