La pagaille macroniste continue. Un neuvième groupe se constitue à l’Assemblée nationale avec les dissidents macronistes et divers « indépendants » politiquement favorables à eux-mêmes. Donc LREM n’est plus majoritaire à elle toute seule. Mais la majorité reste majoritaire grâce au MoDem. Un groupe de 40 personnes détient la clef de tout vote majoritaire sur les lois et sur les amendements de détails. La IVe république et son aberrant régime de partis fait son retour en fanfare. C’était ça que voulaient les électeurs ? Non, bien sûr. Ils ne savaient même pas qu’ils élisaient des « Modem » dans l’emballage macroniste.
La réforme constitutionnelle de Macron se fait donc dans les faits, sans Macron et contre lui. « Nan ! nan ! nan ! » protestent les scissionistes. « Nous ne sommes ni dans la majorité ni dans l’opposition ». De mieux en mieux. Commence donc à ce jour le régime de la parlote en coulisse, des complots et de la négociation secrète pour acquérir, à chaque difficulté, le vote de ces « ni-ni ». Un tel ni-ni n’existe d’ailleurs pas dans une démocratie républicaine. On le verra au premier vote de confiance. Il leur faudra choisir : majorité ou opposition ?
Tout cela est donc une comédie dont les objectifs réels ne sont pas encore connus. On le rappelle, il ne s’agit pas de gérer la buvette d’un patronage mais de gouverner un grand pays ! Tous ces gens ont été mis en place par Macron. Il est donc responsable du bazar. Son quinquennat, c’est le coup du chaos permanent. Et peut-être est-il partie prenante du montage qui s’annonce. Puisque que tout cela est inouï, jamais vu, inconnu, laissons la bride aller sur le cou de notre imagination. Tout cela ne préparerait-il pas les matériaux de construction du « gouvernement de majorité de projet » dont rêvent les joueurs d’échecs de l’Élysée pour donner un second souffle au quinquennat suffocant ? Édouard, fais les valises, tu vas rentrer. Juste après les municipales ?
Plus concrètement. Le neuvième groupe va permettre de reléguer les groupes à gauche de l’hémicycle davantage qu’ils le sont et la scène médiatique va s’enrichir de nouveaux répondeurs automatiques pour « libérer les énergie », parler « pour les territoires », « viser l’innovation et la flexibilité ». Ca commence fort : « 5 milliards par an pour la transition écologique » demandent-ils. Comme il en faut 75 en investissements chaque année pour être dans les clous de l’accord de Paris, Macron peut leur dire merci. De la gestion de la crise sanitaire et sur que faire à présent : rien.
Évidemment, nous ferons tout ce qui est dans nos moyens pour attirer dans l’opposition ces « marcheurs errants » les jours où ils seront tentés de s’opposer. Il y aura des amendements communs, et ainsi de suite. Au début ils seront gênés et ils auront honte d’être associés à de tels sauvages. Puis ils vont être aussi maltraités que nous le sommes, puis ils vont voir qu’en dehors de la majorité il n’y a que l’opposition, puis ils vont voir qu’un mot en entraine un autre. Et ainsi de suite. Macron a intérêt à les réintégrer vite fait dans une combine ou une autre. Et nous nous avons intérêt à être sympa. C’est le truc de la IVe République : on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre. Préparons les barbes à papa.