Mercredi 8 septembre s’est ouvert le procès des attentats du 13 novembre 2015. J’ai fait le point en vidéo sur cet évènement très important. Tout l’intérêt de ce procès, c’est ce qu’il nous apprendra sur les conditions matérielles et les complicités qui ont permises cette attaque meurtrière. C’est pourquoi j’ai parlé « d’étendre la lumière de la vérité » sur cette affaire. Je persiste et signe. Car à côté des grandes déclarations et postures des habituels donneurs de leçons, on ne peut manquer d’être frappé par le silence complaisant qui a été entretenu, surtout à la mairie de Paris sur un moyen simple d’entrer dans la lutte contre Daech : frapper ceux qui ont été ses complices sur le terrain en les finançant. Il s’agit de l’entreprise Lafarge. L’actualité la plus récente a rappelé son rôle étrange dans le contexte de la guerre de Syrie.
En effet, hasard du calendrier, la veille de l’ouverture de procès historique, la cour de cassation rendait un jugement important concernant un cas d’aide financière au groupe terroriste Daech : l’entreprise Lafarge. La Cour de cassation a invalidé l’annulation des poursuites contre Lafarge pour « complicité de crimes contre l’humanité ». La multinationale est, entre autre, mise en cause pour avoir passé des accords financiers avec l’organisation terroriste « État islamique » (Daech) pour continuer de fabriquer et vendre du ciment dans le nord de la Syrie tenu alors par Daech et ses appendices. La Cour de cassation déboute donc Lafarge, qui avait obtenu en 2019 de la Cour d’appel de Paris l’annulation de sa mise en examen pour ce motif. Celles pour « financement de terrorisme » et « mise en danger de la vie d’autrui » avaient été maintenues.
Cette décision est une défaite pour les dirigeants de Lafarge de l’époque. C’est aussi une victoire pour ceux qui ont dénoncé leur complicité pendant des années, dont les Insoumis. Danièle Simonnet, conseillère de Paris, doit en particulier être saluée. Elle a dénoncé politiquement l’affaire Lafarge avant tout le monde. Car en 2016, au moment où les premières révélations sur le marché de Lafarge avec Daech sont publiées, tous les importants et les commentateurs regardent férocement ailleurs. Elle est la seule à voter contre le renouvellement de la convention de la mairie de Paris avec l’entreprise que proposait encore Anne Hidalgo. Son intervention fera plus d’un million de vues et contribuera largement à faire connaitre ce scandale dans l’opinion publique.
À l’Assemblée Nationale aussi, nous avons voulu que cette affaire gravissime ne reste pas sans conséquence. Le groupe la France insoumise a soumis en 2017, lors de l’examen du projet de loi renforçant la sécurité intérieure, un amendement visant à autoriser une « saisie inamicale » de tout ou partie des biens d’entreprises accusées de financer des groupes terroristes. Cet amendement s’inscrivait dans la continuité d’une proposition de L’Avenir en Commun. Il avait été rejeté par la majorité macroniste. En commission des Affaires étrangères, en 2018, Clémentine Autain a interrogé le ministre Le Drian. Pourquoi lui ? Parce que, un nouvel article de presse accusait le quai d’Orsay d’avoir eu connaissance de l’arrangement et de n’avoir rien fait. Elle ne reçu aucune réponse, Jean-Yves Le Drian préférant botter en touche.
Punir les complices de nos ennemis terroristes est une nécessité absolue. C’est une proposition qui fait partie d’une ample boîte à outils inclue dans L’Avenir en Commun pour combattre le terrorisme. Voici ces propositions. Il y a donc la procédure de confiscation renforcée pour les entreprises ayant financé de manière directe ou indirecte les organisations coupables d’actes terroristes. Nous voulons aussi créer une liste des États finançant directement ou indirectement la commission d’actes terroristes. Une fois établie, elle permettrait d’ordonner des confiscations de biens et des interdictions d’investissements en France. Il faut taper nos ennemis au portefeuille.
Nous cesserons les incohérences géopolitiques qui nous font entretenir des relations néfastes pour le pays. Notre politique d’exportation d’armes devra en particulier être plus alignée avec nos intérêts. Il faut donc renforcer le contrôle parlementaire sur les autorisations d’exportations d’armes et de matériels de guerre. Nous arrêterons purement et simplement ces exportations vers des pays engagés dans des interventions militaires extérieures sans mandat de l’ONU. Ces interventions militaires illégitimes facilitent l’activité et les recrutements des organisations terroristes en contribuant à déstabiliser des États et des régions du monde. Les aventures en Irak, en Afghanistan, en Syrie ont fini de montrer l’inefficacité du concept de « guerre contre le terrorisme ». Tâchons de nous en souvenir pour nous-mêmes au Mali.
Prévenir le terrorisme passe enfin par un renforcement des moyens dans la police et le renseignement. C’est de renseignement humain dont nous avons besoin par dessus tout. Sur les 59 attentats déjoués entre 2013 et 2019, 58 l’ont été grâce au renseignement humain. Pas technologique, mais humain. Dans ce domaine, nous avons bien des progrès à faire. Je ne prends qu’un exemple : il y a seulement 28 policiers pour la plateforme Pharos qui surveille les signes de passage à l’acte terroriste sur les réseaux sociaux. Il faut aussi renforcer la police d’investigation dont nous avons bien plus besoin que des policiers du flagrant délit. Les uns sont 5000 les autres 7000 ! Le terrorisme a évidemment des liens avec le trafic d’armes et les circuit de financements illégaux.
Il y a des méthodes rationnelles et efficaces pour lutter contre le terrorisme. Elle sont moins spectaculaires que les 17 lois sécuritaires faites à ce sujet depuis 30 ans. Aucun bilan n’a jamais été fait de toutes ces mesures qui se sont premièrement attaquées aux libertés. L’Avenir en Commun propose au pays une autre méthode : démanteler les réseaux, changer notre politique extérieure, punir les traitres.