C’est fait dorénavant : la campagne présidentielle a commencé en France. Pour nous, les insoumis, c’est déjà j’ai fait depuis le 8 novembre 2020 et l’annonce de ma candidature soutenue désormais par 260000 parrainages individuels. Mais cela n’était pas central, c’est le moins qu’on puisse dire. Nous comptions surtout nous enraciner. Cela fut fait et rien ne nous en délogea comme l’a prouvé la suite.
Cependant, depuis la fin de l’été, le rythme s’était accéléré puisque diverses candidatures avaient été déposées. Elles avaient relancé l’intérêt. Mais sans vraiment parvenir à devenir le centre d’intérêt politique du pays. Le débat entre Zemmour et moi a toutefois ouvert une sorte de pré-campagne assez largement suivie ensuite par les retombées de l’événement. La diffusion totale de la rencontre a dépassé les dix millions de vues. Mais il fallait encore que les dernières candidatures attendues soit devenues officielles.
C’est ce qui est arrivé avec l’investiture de madame Valérie Pécresse pour la droite traditionnelle, et l’annonce formelle de la candidature par Éric Zemmour. Puis, le 5 décembre, le meeting de l’extrême droite à Villepinte et le nôtre à La Défense ont ouvert le cycle des grands rassemblements caractéristiques d’une campagne présidentielle. Le style, le contenu et les méthodes si différentes entre ces deux rassemblements dit également quelque chose de fondamental à propos du moment politique dans lequel va se dérouler cette élection. Éric Zemmour a fait naître un parti de type nouveau en format fasciste comme la France n’en connaissait depuis longtemps. Et cela à côté d’une extrême droite qui avait déjà produit le Front National puis le Rassemblement National.
Cet élargissement de l’extrême droite ne devrait pourtant pas selon moi se traduire par un élargissement de son influence déjà électoralement très élevée. Il pousse plutôt à une réorganisation générale de l’espace global qui s’étend depuis monsieur Macron jusqu’à l’ensemble de la sphère dorénavant doté d’une tête de file avec Valérie Pécresse. La droite va se réorganiser sous nos yeux ou bien se cartelliser durablement. On peut s’attendre à des glissements de terrain, des regroupements ou peut-être même à de nouveaux bourgeons.
En fait l’enjeu de ce dimanche, de ce côté, était de savoir qui prendrait la main entre Zemmour et Pécresse dans cet espace qui soutient finalement les mêmes idées comme on a pu le vérifier dans la primaire de LR. On a d’abord cru que ce serait Éric Zemmour compte tenu de la force du rassemblement qu’il a organisé à Villepinte. La violence de ses partisans est censée l’avoir desservi. Je ne le crois pas, compte tenu du service médiatique après-vente qui mettait sur le même plan l’odieuse violence des nervis Zémouriens et la naïve audace des militants de SOS racisme qui ne s’attendaient pas à une telle réplique. Quoiqu’il en soit, en montant une opération sondage bidon très réussie, la droite traditionnelle a rappelé son existence et la force de ses réseaux. Le triomphe annoncé de Pécresse face à Macron a donné un lustre singulier à la candidature de LR. Elle va ébranler la macronie déjà bien en voie de mutation en UDF de style nouveau. Bref, la réorganisation est commencée. Je doute que la présidentielle suffise à l’accomplir en une seule fois.
Notre espace politique a été dominé par le succès éclatant de notre rassemblement à La Défense. La retransmission sur trois chaînes de télé pour un total cumulé de quatre millions de téléspectateurs a touché beaucoup de monde et a produit son effet. La mise en place du Parlement de l’Union populaire et la diffusion des visages qui le composent a impressionné. Il a commencé à répondre à la question de savoir si un rassemblement à la base pouvait être significatif et pourrait prendre le relai du rassemblement impossible des sigles. En effet, deux sondages nous ont donné un point de plus dès le lendemain en nous plaçant à 11 et 12 %. Certes, l’opération du « sondeur » ELABE donnant d’un coup onze points de plus à Pécresse, dont six points pris à la gauche a, bien sûr, contrarié l’exposition de notre résultat, donnant un nouveau répit à toutes les entreprises de confusion en cours dans la petite gauche. Mais cette opération nous sert aussi puisqu’elle fonctionne comme le passage d’un chien dans un jeu de quille. Elle met en pagaille et en panique tout le reste de la sphère du « bloc bourgeois ». Elle ébranle le mythe d’un Macron invincible. Elle change l’affiche du deuxième tour pour la première fois. Mais en vidant le tableau de l’opération castor traditionnelle pour « faire barrage », elle met le grand jeu marconien en péril.
La France s’apprête à ratifier avant la fin de l’année un traité modificatif du Mécanisme européen de stabilité (MES). Tout le monde regardait ailleurs, mais il fut signé le 8 février 2021 par les États membres de la zone euro. L’impressionnant réseaux des médias eurolâtres avait mieux a faire. Il « créait un monstre » pendant ce temps selon l’accusation de Jean Michel Aphatie et une zémourite totale le subjuguait.
Pendant ce temps la vie continuait. En février 2012, quand ce traité fut voté pour la première fois, je me souviens que l’indépassable service politique de France 2 lançait un sujet qui obséda tous les médias : la viande halal. Des heures de viandes halal et zéro temps pour ce traité. J’avais plaisanté et demandé pourquoi le scandale des frites molles dans les cantines n’était pas évoqué. Cette fois-ci, il n’y a plus besoin de diversion : l’Europe, tout le monde s’en fou et surtout ceux qui sont censé y croire. La honte domine.
Pourtant, cette ratification intervient juste avant la présidence française de l’Union européenne, qui sera assurée par Macron à partir du 1er janvier puis par son successeur à partir du 24 avril. Il est donc intéressant d’en examiner le contenu. Car si la France ratifie sans discussion ce traité avant même sa présidence, et donc le moment où elle peut faire bouger les lignes en Europe, c’est que son gouvernement en accepte les principes.
Or, ici, il s’agit ici du pire de l’austérité budgétaire, du carcan ordo-libéral et de la négation de la souveraineté des peuples jamais créé par l’Union européenne. Le Mécanisme européen de stabilité existe depuis 2012. Il a été inventé à l’époque par les technocrates idéologues de Bruxelles pour répondre à la crise de la dette des États d’Europe du Sud et d’Irlande. Ses prêts étaient conditionnés à des purges budgétaires aussi draconiennes que stupides. Ce sont les fameux « mémorandums » de funeste mémoire pour les peuples grecs, espagnols, portugais, chypriotes et irlandais. Le résultat concernant son objectif affiché, la réduction de la dette publique est brillant : grâce à son intervention, la dette grecque est passée de 140% à 200% du PIB. Et l’État grec lui doit des remboursements jusqu’à 2070.
Le nom du MES est tellement associé à l’humiliation et à la souffrance que depuis 2015, aucune pays européen n’a voulu y faire appel. L’institution s’était pourtant proposée au début de la crise sanitaire pour aider l’Italie. Mais le gouvernement italien avait absolument refusé cette « aide », préférant trouver toutes les autres solutions possibles pour s’en passer. Malgré ce bilan désastreux, les dirigeants européens, dont Emmanuel Macron ont cru bon non seulement de prolonger le MES mais encore d’étendre son rôle.
Tout d’abord, le MES jouera un rôle en dernier ressort dans l’union bancaire. Ce nouveau mécanisme de sauvetage des banques prévoit que les déposants payeront en premier désormais. En effet, le fond de résolution géré par le MES ne pourra intervenir qu’après une ponction sur les dépôts supérieurs à 100 000 euros de la banque en difficulté et seulement si cette ponction ne suffit pas. Si une grande banque fait faillite à cause de ses positions sur les marchés financiers, les PME, les associations qui ont un compte chez elle payeront pour ça.
C’est une première raison de refuser la mise à jour du traité. Par ailleurs, il veut aussi accroitre son rôle auprès des États. À l’avenir, le MES pourrait intervenir non seulement auprès des États en grave crise financières mais aussi pour les « petites crises ». C’est une manière de dire : « tout le temps ». Les partisans du traité répliquent que dans ce cas, les conditions seraient assouplies : il n’y aurait plus alors de mémorandum et de substitution du MES au gouvernements et Parlements nationaux. Mensonge ! En fait le traité prévoit bien d’imposer des conditions en toute circonstance. Le pays devra respecter les critères budgétaires européens avant l’arrivée de l’aide et disposer d’un calendrier de « réformes structurelles » conformes au Semestre européen.
Autrement dit, il s’agit encore d’un instrument de contrainte et finalement d’une manière d’imposer en dehors du débat démocratique une théorie politique : l’ordolibéralisme. C’est-à-dire que cela va dans le sens de ce que nous critiquons et de ce que les peuples rejettent de l’Europe au moins depuis le référendum de 2005. En acceptant ce traité juste avant la présidence française, Macron envoie un signal : avec lui, rien ne changera. S’il avait eu l’ambition de rediscuter les règles économiques de l’Union, il aurait demandé à minima un moratoire sur l’application du nouveau traité pendant cette présidence.
Enfin ! Le 1er décembre 2021, les membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se sont mis d’accord pour élaborer un traité international pour prévenir les pandémies. Il était temps de s’y mettre. Désormais, 60 % des maladies infectieuses émergentes nous viennent des animaux. Le risque est immense : 800 000 virus encore inconnus mais présents dans la nature pourraient infecter les êtres humains.
Certes, la pandémie de COVID-19 est au moins la sixième pandémie mondiale depuis celle de la grippe dite « espagnole » du début du XXe siècle. Mais les alertes se sont multipliées depuis. Car cette fois, c’est la nature même des activités humaines, liée au système productiviste globalisé, qui est en cause. En effet, la déforestation massive augmente et alors les contacts entre animaux sauvages et humains augmentent. Ainsi, l’équivalent d’un terrain de football de forêt mondiale disparaît toutes les 6 secondes. Ensuite, les conditions sociales de production et d’échange commerciaux déterminent l’émergence et l’ampleur des pandémies.
Il faut se répéter : la racine de toute pandémie moderne est écologique et son point de départ est social. Ce n’est pas une invention des insoumis. C’est la conclusion des scientifiques de l’IPBES. Derrière cet acronyme se trouve l’équivalent du GIEC pour la biodiversité. Il a produit un rapport fondamental en octobre 2020. Pour « échapper à l’ère des pandémies » mieux vaut prévenir que guérir disent-ils. En effet, selon leurs calculs, modifier nos façons de produire et d’échanger pour éviter les pandémies sera 100 fois moins coûteux que de les subir.
Les ONG ont donc raison d’appuyer les préconisations de ce rapport et d’insister sur deux points dans une tribune parue la semaine dernière. D’abord, il faut renoncer au commerce international d’animaux sauvages et de ses produits. Surtout, il faut décréter un moratoire immédiat interdisant toute installation ou extension d’élevages intensifs. C’est le minimum au regard de la situation d’urgence sanitaire dans laquelle nous sommes !
Nous autres insoumis avons identifié le commerce des espèces sauvages et les élevages intensifs comme causes à traiter dans le rapport d’enquête de la France Insoumise sur le Covid-19. C’était en mai 2020. Mais la majorité macroniste a réussi l’exploit de faire voter au mois de novembre 2021 une loi « contre la maltraitance animale » sans aucune mesure pour sortir du modèle agro-industriel.
Pourtant, la déforestation et les maltraitances qu’il génère n’exonère nullement la France de sa responsabilité dans l’émergence de zoonoses. En effet, plus de 3000 fermes-usines sont recensées en France. L’élevage en cage concerne 99,9% des lapins, 95% des cochons et 83% des poulets. On peut ainsi entasser plus de 2000 cochons et jusqu’à 160 000 poules ! Et du fait des règles européennes, les moutons et les bœufs peuvent être transportés durant 29 heures d’affilée.
Ces chiffres donnent le tournis. Ce sont surtout autant d’étapes pouvant favoriser le développement et la propagation de virus dévastateurs. C’est en réalité déjà le cas. Ainsi, à l’échelle mondiale, les épidémies dans l’élevage ont triplé en 15 ans. Le retour de la grippe aviaire sur le sol français vient d’être détecté dans un élevage de 160 000 poules. Il faut donc se féliciter de voir Yannick Jadot se prononcer contre l’élevage intensif.
Mais il ne va pas assez loin lorsqu’il prétend en « sortir progressivement ». Il faut au contraire agir vite et fort. Les fermes-usines doivent être interdites. Nous l’avons proposé par amendements dès le mois de mai 2018 dans le cadre du projet de loi agriculture et alimentation. Rejeté ! Nous l’avons ensuite transformé en proposition de loi au mois de mars 2021. Entre temps, le Covid-19 était passé par là. Rejeté quand même !
Il ne faut pas perdre de vue qu’une pandémie peut en cacher une autre. La prochaine couve peut-être déjà dans les élevages. Si je suis élu, la France pèsera donc de tout son poids sur les négociations du traité international pour prévenir les pandémies. Évidement, elle montrera l’exemple par la rupture avec le modèle agro-industriel sur son propre sol. Nous avons un plan pour cela.
Je veux faire entrer dans la campagne présidentielle un débat sur l’état de nos outils de défense nationale et singulièrement la dissuasion nucléaire. Ce thème a une actualité immédiate et de long terme. Mais, généralement, on ne parle pas de défense dans les grands médias ou au Parlement. C’est en partie lié au fonctionnement de la monarchie présidentielle. Elle concentre dans les mains d’une seule personne, le pouvoir pour notre Nation d’entrer en guerre. La situation relève alors davantage de la magie que de quoi que ce soit de raisonnable. Comment penser les problèmes si on n’en parle jamais ? Dans la presse aussi, le plus souvent, tout est figé, tout est tabou. Un groupe de mots sacrés est en place autobloquant tout débat. Quand on prononce une parole divergente des États-Unis, on est instantanément traité d’anti-américanisme primaire. Cela ne va pas plus loin.
Mais dernièrement, j’ai eu trois espaces dans lesquels développer mes vues sur la dissuasion, sur LCI dans l’émission d’Amélie Carrouer, puis dans un entretien à La Tribune, enfin à France 24. J’en dis donc un mot ici en ramassant ma thèse.
La sécurité du monde et la place de notre pays sont en jeu dans l’élection présidentielle. La France est un pays de seulement 67 millions d’habitants. Elle a donc intérêt à être vigilante. Et nous sommes présents sur tous les continents et toutes les mers. Nous sommes donc une nation directement impliquée dans la marche du monde entier.
Les dirigeants français actuels traitent cela avec beaucoup de désinvolture. Le pire était François Hollande. Il ne s’y intéressait pas et en avait une vision faite beaucoup de purs préjugés de buvette. Il a, par exemple, signé un mois après avoir été élu, un accord à Chicago pour l’OTAN, acceptant qu’on installe des batteries anti-missiles en Pologne. On nous vendait ça comme une machine à contrer des missiles… iraniens. Il avait avalé cela tout rond, en disant « j’ai fait connaître mes réserves ». Mais aussitôt l’Europe était de nouveau susceptible d’être un champ de bataille avec l’accord des Français.
Pourtant, si on accepte les missiles anti-missiles en Pologne et qu’ils menacent 70% du processus de défense des Russes, cela veut dire qu’on menace les Russes. Et donc qu’ils vont répliquer. On accepte qu’une partie de la bataille ait lieu en Pologne. Et cela contredit la doctrine française de la dissuasion nucléaire justement faite pour ne pas accepter un combat à nos frontières. De la même manière, les bombes nucléaires nord-américaines en Allemagne ne sont pas une affaire pour les Français, car ils installent une cible aux portes de la France.
Les questions de défense nécessitent de la lucidité, du caractère et du courage. François Mitterrand avait su s’affirmer. Il avait cette phrase terrible : « Les fusées sont à l’Est, les pacifistes à l’Ouest ! ». Ce n’est pas selon moi le meilleur moment de sa présidence, mais il l’assumait. Il permettait le débat. Le Général de Gaulle avant lui avait assumé une position d’une incroyable provocation : créer la force nucléaire française « tout azimut ». Les journalistes lui disaient : « tout azimut !! Mais aussi pour les Américains ? ». Évidemment, la réponse était oui. Je partage cette position. La France défend ses frontières toute seule. Et elle doit prendre tous les moyens d’exercer des repérésailles qui dissuadent ses ennemis de l’attaquer. Tout le monde est obligé de vivre en paix avec les Français parce qu’ils sont capables de répliquer avec une violence insoutenable. Bien sûr, une première objection serait que cette violence n’a pas la même signification quand on l’applique à un pays comparable au nôtre ou à une immense nation. Une arme nucléaire n’a pas le même sens si vous devez tirer 4 à 5 fois avant d’obtenir le même résultat qu’avec un seul tir que recevrait la France.
Jusqu’à une date récente, l’efficacité réelle de la dissuasion nucléaire s’arrêtait là. Une autre question est celle de la visibilité des moyens de transport des armes nucléaires. Donc de la vulnérabilité de l’arsenal nucléaire. En 1996, la France a retiré les missiles sol-sol du plateau d’Albion. Trop visibles. Nous avons gardé une force nucléaire qu’on transporte par avion et une autre sous la mer. La force aérienne est évidemment la plus vulnérable. Pour les sous-marins, tout repose sur leur indétectabilité. S’ils ne le sont plus, tout ce que nous avons en mer ne sert plus à rien.
Or, nous avons désormais des raisons d’avoir de forts doutes sur le caractère non détectable des sous marins français. Nous avons appris que les câbles sous-marins étaient des détecteurs et nous nous demandons si depuis l’espace il n’est pas possible de voir également. Il y a donc une question très sérieuse sur l’efficacité de la dissuasion nucléaire comme système de défense. Voilà pourquoi je propose que la France prenne l’initiative pour réouvrir les discussions internationales sur le désarmement nucléaire multilatéral. Nous pouvons le faire en rejoignant par exemple le Traité International d’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN) en tant que membre observateur. Bien sûr, il ne s’agit pas de proposer notre désarmement unilatéral. Mais les puissances nucléaires doivent s’interroger : à quoi bon conserver la capacité de nous auto-détruire plusieurs fois si ces armes ne fonctionnent plus ni comme méthode de dissuasion, ni comme engins d’attaque efficace ?
D’autant plus qu’un changement radical dans le domaine spatial s’est produit. L’espace était démilitarisé par un accord signé notamment par la France et les États-Unis. Les Américains ont décidé de le déchirer et de créer un état-major de l’Espace. Macron en a fait autant. Un état-major de l’espace pour l’OTAN a été installé à Toulouse. Puis, on a appris que les Chinois avaient tiré sur un satellite, puis que les Américains et les Russes récemment savaient aussi le faire. Si on est capable de détruire un satellite, cela veut dire qu’on a la capacité de couper toutes les connexions qui dépendent de ce satellite. Une bonne partie des systèmes de détection et de mise en relation de l’armée française sont liés à l’espace ! Et pas seulement de l’armée française d’ailleurs. Et à l’inverse, depuis l’espace on peut tirer sur la terre. La dissuasion se passe aujourd’hui dans l’espace. Il suffirait d’un tir sur la centrale de Nogent et il n’y aurait plus de France. Nous serions totalement désorganisés par le déménagement de 12 millions de personnes. Je ne dis rien ici de ce qui se passerait pour un coup au but dans le couloir chimico nucléaire de la vallée du Rhône. Plus besoin de dissuasion nucléaire si on est capable de la pratiquer dissuasion depuis l’espace. Et autant de raison de démanteler le réseau des centrales françaises qui sont autant de cibles destructrices pour notre pays.
Jeudi 2 décembre, le groupe communiste à l’Assemblée nationale a présenté une proposition de résolution pour encourager l’inégibilité des personnes condamnées pour provocation à la haine raciste. Leur proposition a fonctionné comme une alerte contre le racisme. Je m’y suis joint au nom de notre groupe parlementaire. Car nous pouvions tous déjà observé des débordements de haine de toutes sortes, particulièrement de haine raciale. Nous sommes désormais témoins de tentatives de passage à l’acte qui nous alarment. Jamais nous n’aurions imaginé que des gens qui disaient déjà tant de sottises seraient capables d’en arriver à s’entraîner à tirer sur des caricatures de l’un, l’une ou l’autre d’entre nous, à menacer d’assassiner des gens, à former des commandos. Indubitablement, nous sommes confrontés à un franchissement de seuil.
Le racisme n’est pas seulement une offense à l’idée qui préside dans l’esprit public français depuis l’Humanisme et les Lumières. Celle-ci postule que l’universalisme est l’horizon indépassable de la représentation que les êtres humains peuvent se faire les uns des autres : constatant qu’ils sont tous semblables par leurs besoins, on déduit qu’ils sont tous égaux en droits pour les satisfaire. Cela semblait devenu une évidence. La conclusion du contraire a été démontré de manière aussi sanglante et absurde, cruelle et démente par le régime nazi. Mais de nouveau ces évidences sont remises en cause.
Le racisme n’est pas seulement une offense à l’intelligence ; il est une éducation à l’indifférence à la souffrance des « racisés » et à la singularité des individus. Pour le raciste, l’individu n’existe pas. Chacun est intégré à une catégorie à laquelle on attribue des caractéristiques, de sorte qu’on devient insensible à ce qu’il advient à chaque personne. De ce point de vue, le racisme est une ambiance qui prépare à la violence, au meurtre. Il habitue à l’idée que certains puissent être maltraités jusqu’à la mort. Puisque c’est comme si l’autre semblable n’existait pas.
Dans le passé récent, les Insoumis avaient déjà proposé un amendement au projet de loi pour la confiance dans la vie politique, qui visait le même résultat que la proposition de résolution des communistes. Cependant, le groupe LREM avait audacieusement étendu le champ d’application des condamnations proposées en y incluant tous les délits définis par la loi de 1881, jusqu’à l’injure. Or c’est sur ce point que le Conseil constitutionnel s’est prononcé et a censuré. Il n’a pas voulu dire que le racisme était une opinion comme une autre, qui à ce titre aurait le droit d’être proférée. Il a estimé que « pour condamnables que soient les abus dans la liberté d’expression visés par ces dispositions, en prévoyant l’inéligibilité obligatoire de leur auteur, le législateur a porté à la liberté d’expression une atteinte disproportionnée ». À cause de l’inclusion de l’injure comme motif d’inéligibilité.
Or la résolution des communiste ne reproduit pas cette erreur. Elle invite le garde des sceaux à donner au procureur des consignes relatives aux peines à requérir des peines complémentaires pour un des actes visés. La loi prévoit en effet que ces peines sont possibles, mais non automatiques. La peine d’inéligibilité a d’ailleurs été appliquée à un élu du RN condamné pour avoir proposé que les Roms paient avec leurs dents en or les dégâts qu’ils auraient causés. On ne peut être représentant du peuple français si l’on ne comprend pas que les propos qu’on tient ne peuvent exclure de la représentation une partie de ce même peuple. On ne peut prétendre être le représentant de ce que l’on a soi-même divisé.
La proposition de résolution ne menace donc nullement l’indépendance de la justice : c’est le rôle du Garde des Sceaux de donner des consignes de politique judiciaire générale. Le texte vise à ce qu’il le fasse en appelant l’attention du juge du siège sur le fait que la peine d’inéligibilité est prévue dans certains cas, dont celui qui nous occupe. La présente proposition de résolution n’est donc nullement attentatoire à la séparation des pouvoirs.
Au demeurant, « L’Avenir en Commun » remplace les circulaires de cette nature émanant du Garde des Sceaux par des lois de politique judiciaire, votées par le Parlement. Il me semble que nos camarades du groupe GDR conçoivent la chose comme nous. Il est normal que le procureur soit l’avocat de la société. On ne peut imaginer une indépendance autre qu’administrative. Son indépendance ne peut consister à renoncer au rôle d’avocat de la société. Et seule la nation et ses députés peuvent s’en faire les interprètes. Sinon qui ? La caste de ceux qui se succèdent dans les fonctions ? La méthode a déjà été appliquée. Mme Belloubet, alors garde des sceaux, est intervenue par une circulaire pour exiger une rigueur particulière dans la répression des gilets jaunes. Ici il s’agirait de charger le Parlement d’édicter les règles de la politique pénale dont les procureurs seraient les agents. Les insoumis ont donc voté avec les communistes cette motion. Et LREM l’a fait battre.