Enfin ! Le 1er décembre 2021, les membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se sont mis d’accord pour élaborer un traité international pour prévenir les pandémies. Il était temps de s’y mettre. Désormais, 60 % des maladies infectieuses émergentes nous viennent des animaux. Le risque est immense : 800 000 virus encore inconnus mais présents dans la nature pourraient infecter les êtres humains.
Certes, la pandémie de COVID-19 est au moins la sixième pandémie mondiale depuis celle de la grippe dite « espagnole » du début du XXe siècle. Mais les alertes se sont multipliées depuis. Car cette fois, c’est la nature même des activités humaines, liée au système productiviste globalisé, qui est en cause. En effet, la déforestation massive augmente et alors les contacts entre animaux sauvages et humains augmentent. Ainsi, l’équivalent d’un terrain de football de forêt mondiale disparaît toutes les 6 secondes. Ensuite, les conditions sociales de production et d’échange commerciaux déterminent l’émergence et l’ampleur des pandémies.
Il faut se répéter : la racine de toute pandémie moderne est écologique et son point de départ est social. Ce n’est pas une invention des insoumis. C’est la conclusion des scientifiques de l’IPBES. Derrière cet acronyme se trouve l’équivalent du GIEC pour la biodiversité. Il a produit un rapport fondamental en octobre 2020. Pour « échapper à l’ère des pandémies » mieux vaut prévenir que guérir disent-ils. En effet, selon leurs calculs, modifier nos façons de produire et d’échanger pour éviter les pandémies sera 100 fois moins coûteux que de les subir.
Les ONG ont donc raison d’appuyer les préconisations de ce rapport et d’insister sur deux points dans une tribune parue la semaine dernière. D’abord, il faut renoncer au commerce international d’animaux sauvages et de ses produits. Surtout, il faut décréter un moratoire immédiat interdisant toute installation ou extension d’élevages intensifs. C’est le minimum au regard de la situation d’urgence sanitaire dans laquelle nous sommes !
Nous autres insoumis avons identifié le commerce des espèces sauvages et les élevages intensifs comme causes à traiter dans le rapport d’enquête de la France Insoumise sur le Covid-19. C’était en mai 2020. Mais la majorité macroniste a réussi l’exploit de faire voter au mois de novembre 2021 une loi « contre la maltraitance animale » sans aucune mesure pour sortir du modèle agro-industriel.
Pourtant, la déforestation et les maltraitances qu’il génère n’exonère nullement la France de sa responsabilité dans l’émergence de zoonoses. En effet, plus de 3000 fermes-usines sont recensées en France. L’élevage en cage concerne 99,9% des lapins, 95% des cochons et 83% des poulets. On peut ainsi entasser plus de 2000 cochons et jusqu’à 160 000 poules ! Et du fait des règles européennes, les moutons et les bœufs peuvent être transportés durant 29 heures d’affilée.
Ces chiffres donnent le tournis. Ce sont surtout autant d’étapes pouvant favoriser le développement et la propagation de virus dévastateurs. C’est en réalité déjà le cas. Ainsi, à l’échelle mondiale, les épidémies dans l’élevage ont triplé en 15 ans. Le retour de la grippe aviaire sur le sol français vient d’être détecté dans un élevage de 160 000 poules. Il faut donc se féliciter de voir Yannick Jadot se prononcer contre l’élevage intensif.
Mais il ne va pas assez loin lorsqu’il prétend en « sortir progressivement ». Il faut au contraire agir vite et fort. Les fermes-usines doivent être interdites. Nous l’avons proposé par amendements dès le mois de mai 2018 dans le cadre du projet de loi agriculture et alimentation. Rejeté ! Nous l’avons ensuite transformé en proposition de loi au mois de mars 2021. Entre temps, le Covid-19 était passé par là. Rejeté quand même !
Il ne faut pas perdre de vue qu’une pandémie peut en cacher une autre. La prochaine couve peut-être déjà dans les élevages. Si je suis élu, la France pèsera donc de tout son poids sur les négociations du traité international pour prévenir les pandémies. Évidement, elle montrera l’exemple par la rupture avec le modèle agro-industriel sur son propre sol. Nous avons un plan pour cela.