Au lendemain d’une émission qui devait durer deux heures et qui en a duré quatre, on a du mal à disperser les brumes du matin suivant. Quand une séquence qui devait durer vingt minutes avec Zemmour au lieu de dix par faveur de l’antenne et qui dure pour finir une heure dix, on a du mal à ne pas avoir le sentiment de s’être fait manœuvrer. Au terme d’un échange avec un policier qui n’exprime pas un mot de compassion devant une jeune femme dont le père est mort étouffé dans les mains de quatre policiers, on a du mal à apaiser la douleur que l’on a ressenti aux côtés d’elle, admirable dans sa volonté de bien penser sans haine. Et puis, fier d’avoir tracé son chemin quatre heures sans jamais faiblir et en portant les valeurs auxquelles on a voué sa vie, on regarde cette séquence comme un signal d’alarme de plus sur la société dans laquelle on vit.
Faire d’un grossier raciste un sujet politique à qui on sert une heure de télé en cadeau, voir un ministre de l’Intérieur flatter un corporatisme d’omerta, tout cela est beaucoup. Entendre de bons esprits regretter que le spectacle auquel ils pensaient avoir droit ait été de moins bon goût parce que le ton est monté désole sur l’incurable conformisme des nantis de la vie. Reste le réconfort et l’enthousiasme de la masse de ceux qui écrivent pour dire merci parce qu’on a porté leur parole, les humbles, les petits, les sans-grade, et de cette nouvelle classe moyenne qui ne supporte plus que l’on fasse de sa religion un motif d’exclusion si violente et grossière.
Un soir de janvier un matin qui se lève, dans un retour d’heures glauques de l’histoire de notre pays il faut aller de l’avant, drapeau et musique en tête, et croire dans notre idéal d’une France pour tous.
Et ne plus jamais accepter aucune émission sans garantie sérieuse d’équilibre, quitte à annuler une heure avant ou à quitter un plateau en cours de route. À bon entendeur, salut !