Carnet de route
Quelle semaine ! Elle a commencé pour moi avec l’émission de « C’dans l’air », sur la situation internationale. Un carton d’audience avec un pic à 1,5 million de téléspectateurs. Un plateau exigeant mais calme et ouvert. Comme souvent, le problème venait du nombre des sujets évoqués et de la brièveté du temps disponible. Sur le fond, l’angle de vision de Caroline Roux est assez atlantiste. Mais pas au point d’étouffer l’émission. Affaire de savoir-faire. Elle le manie donc sans trop de lourdeurs.
Puis ce furent les prises de paroles dans la semaine. Une rencontre avec la presse spécialisée sur les questions de défense. La vidéo de la rencontre sera bientôt mise en ligne. Moment exigeant s’il en est comme chaque fois qu’on va à la rencontre de spécialistes. Je pense que ma connaissance du sujet a dû leur convenir. Il est vrai qu’eux comme moi souffrent du peu d’animation du débat sur le sujet. Pour autant, chacun ayant sa grille de lecture des sujets, la singularité de mes thèses fut l’objet de questionnement approfondis. On aura bientôt la trace de cette rencontre dans la trentaine de médias spécialisés présents ce jour-là.
De là je passais le lendemain à la rencontre avec les participants à la présentation du rapport sur le logement en France par la Fondation abbé Pierre. Ce rapport est un événement suivi et attendu chaque année. Pour être bien franc, c’est lui qui a assuré la formation sur le sujet de la plupart d’entre nous. Autant que le travail du DAL (Droit au logement). Le chapitre du programme « L’Avenir en commun », le plan et le livret insoumis sur le sujet ont été largement inspirés par les travaux de cette Fondation. Cela ne veut pas dire que les propos soient à l’identique, bien sûr. De notre côté nous intégrons aussi des paramètres venus d’autres sources telles que les associations de locataires ou de co-propriétaires. Bref, ce n’est pas un sujet qui se manie sans une certaine technicité dans les réponses politiques ; je pense que j’y ai fait bonne impression. La vidéo est accessible également sur ma chaine YouTube.
Jeudi j’étais à Tours pour le superbe meeting que l’on a pu voir en direct sur nos réseaux sociaux. 2500 sur place, 190 000 en passage sur le direct dont 14 000 en permanence. Ces chiffres montrent qu’on est entré dans une séquence plus intense de l’élection présidentielle. En pleine semaine, deux heures et demi de meeting à ce niveau d’attention, cela ne signale pas seulement notre capacité de performance. Il s’agit d’un nouvel état de l’intérêt des citoyens en général comme en témoigne la bigarrure de la salle.
Vendredi je me trouvais au Mans pour un discours sur ce jour, 4 février, jour de l’abolition de l’esclavage. Moment de pur bonheur pour moi puisque je peux débrider mon expression et dire la politique comme je la vis. À mes cotés ce jour-là, mes amis et camarades et les visages de la nouvelle génération des animateurs du mouvement insoumis. Et parmi nous rassemblés là, les mânes brulantes du député tribun du peuple René Levasseur qui mit aux voix l’abolition le 4 février 1794. La matière première d’une brochure est ainsi constituée avec quatre discours sur le sujet de l’esclavage et je compte bien la publier très bientôt. D’ici là on peut encore entendre mon propos sur ma chaine.
Cette semaine avait commencé par la publication de l’étrange consultation nommée « Primaire populaire ». Trois mois de pilonnage médiatique sur la désunion de la gauche et sa défaite assurée s’achevait par une candidature de plus. Contradiction insurmontable. Cinq jours plus tard le journal « Le Monde » s’interrogeait déjà sur la pérennité de cette candidature. En cinq jours, tout ce que contenait ce processus et la candidature qui en résultait semble avoir fondu comme neige au soleil. C’est tout simplement stupéfiant et sans précédent. La suite semble écrite. Certes, on peut toujours compter sur la poésie de l’imprévu pour créer de nouveaux rebonds. Mais la logique politique, elle, semble plutôt sévèrement établie. Du coup la voie semble libre pour passer à l’étape suivante d’affirmation de la compétition des programmes. Nous avons les mains libres pour affronter le sortant, son bilan et son projet ainsi que ses flancs-gardes d’extrême droite. Et rien d’autre.
La sortie du livre enquête « Les Fossoyeurs » de Victor Castanet fait grand bruit. Il met la lumière sur le scandale des EHPAD privés. Enfin ce thème devient un sujet d’intérêt du débat public. Les Insoumis alertent et proposent depuis des années sur ce thème. À leur tête, il y a bien sûr Caroline Fiat, première aide-soignante à devenir députée de l’Histoire de notre pays. En 2018, elle a présenté un rapport parlementaire sur les EHPAD. Elle y décrivait parfaitement les problèmes posés aujourd’hui dans le cas du groupe ORPEA, étudié par le livre de Victor Castanet. Et combien de questions, ou d’interventions a-t-elle fait depuis son banc ou à la tribune de l’Assemblée nationale ? Jamais une réponse sérieuse du gouvernement ne lui fut accordée.
Mais puisqu’un cas précis est mis en lumière pendant la campagne présidentielle, parlons-en. Le cas des EHPAD privés est typique du chaos dans la vie des gens créé par le marché. Le groupe ORPEA, pour ses actionnaires, est une poule aux oeufs d’or. L’an dernier, ils se sont partagés 77 millions d’euros de dividendes. En 10 ans, son cours de bourse a fait un bond de 200%. À quel prix a été payé ce gavage ? Celui de la dignité humaine. Le livre de Victor Castanet raconte par le détail le glauque du manque de moyens et de personnel dans ces établissements : rationnement des repas, des couches, un soignant pour 33 patients, patients alités toute la journée, repas non servis, etc. Bien sûr, ici les travailleurs, et surtout les travailleuses, ne sont pas en cause. Au contraire, elles sont souvent les premières à donner l’alerte comme lors de la grève historique de 2019 dans les EHPAD.
Orpea n’est pas la seule entreprise dans ce cas. Le 2ème plus gros groupe d’EHPAD privés lucratifs, Korian, n’est pas en reste. Lui reverse 50 millions d’euros par an à ses actionnaires. Cette entreprise est sous le coup de deux enquêtes préliminaires pour homicide involontaire, mise en danger de la vie d’autrui et non-assistance à personne en danger. Les EHPAD privés à but lucratif représentent un quart de ces établissements dans le pays. Ils sont devenus aux yeux de beaucoup un problème pour le respect de la dignité humaine. Et la maltraitance que leur course à la rentabilité impose à leurs pensionnaires coûte cher ! Plus cher que tout autre accueil. 8 000 euros par an de plus que les EHPAD publics en moyenne pour les familles des résidents.
Les pensionnaires des EHPAD ne sont pas une mine « d’or gris » à exploiter. Lorsqu’il ne peuvent plus rester chez eux, il doivent être traités avec le seul objectif de la protection et du respect de leur dignité. J’ai donc fait la proposition suivante, lors de mon discours à Tours. Il faut sortir les EHPAD du marché. J’ai dit que nous les collectiviserons. Cela ne veut pas dire forcement les nationaliser. Si nous remportons l’élection présidentielle, nous ferons une loi pour interdire le caractère lucratif des EHPAD. Les EHPAD privés lucratifs seront donc repris par le secteur associatif, les mutuelles ou bien des coopératives salariées. Ce secteur non-marchand et non étatique représente aujourd’hui déjà un tiers des EHPAD. Ils peuvent donc parfaitement le faire. Au cas par cas, il pourra y avoir des nationalisations pour assurer cette transition.
Ce ne sera pas la première fois que la loi interdit le secteur privé lucratif de s’occuper de certaines choses. Le législateur l’a fait pour la procréation médicalement assistée (PMA). Comme cette aide à la procréation soulève des questions de bioéthique, notamment la conservation des gamètes, on ne permet pas que le désir de faire de l’argent s’en mêle. Nous devons faire la même chose pour la prise en charge de la dépendance. Notre niveau de civilisation se juge aussi à la façon dont nous nous occupons des personne en état de dependance.
Avez vous entendu parler de BathyBot ? C’est un bijou de technologie. Ce petit robot sur chenille ne sera pas envoyé dans l’espace. L’Ifremer et le CNRS sont en train de l’installer à 2400 m de profondeur, au large de Toulon. Sa mission ? Explorer l’océan profond. Car pour l’heure le fond de la mer est moins connu que la surface de la lune !
Nous sommes nombreux à être passionnés par ces expéditions scientifiques. Celle-ci a été lancée le 30 janvier dernier. Il faut connaître tous les détails de la chaîne, de la conception du robot à son déploiement. Cela donne à voir les prouesses dont sont capables les scientifiques français. C’est la France au service de la connaissance des nouvelles frontières de l’humanité.
D’abord, le robot en lui-même est une merveille technique. À 2.400m de profondeur, c’est l’obscurité la plus totale. Un être humain ne pourrait y rester que quelques heures. Mais Bathybot doit y rester plusieurs années. Il rendra compte 24h/24 et 7/7 de ses observations.
Et ce n’est pas tout. Il sera accompagné d’un véritable mini-laboratoire. Celui-ci est composé d’une biocam ultrasensible, d’un radiomètre et d’un sismomètre. Une « boîte de jonction scientifique » (BJS) fournira de l’énergie aux différents instruments et enverra les données récoltées à terre. Le petit robot sous-marin pourra aussi grimper sur un récif artificiel. Ce « bathyreef » a été conçu pour se fondre dans le paysage. Il servira de point haut au robot.
Installer tout cet attirail va prendre 15 jours. C’est le Nautile qui s’en charge. Ce sous-marin est un autre exemple de génie de notre pays. Mis en service en 1984, ce sous-marin habité a été conçu par l’Ifremer. Il peut descendre jusqu’à 6000 mètres de profondeur ! La France se situe dans le top 4 des pays capables de collecter des données scientifiques à de grandes profondeurs.
Bathybot va collecter des informations pour le Laboratoire sous-marin Provence Méditerranée (LSPM). Cette installation scientifique recueille et transmet en temps réel des données sur la température, la salinité ou encore l’oxygène de la mer. Elle est reliée à Toulon via un câble électro-optique de 45 km. Bathybot vient au service de la pure connaissance. Il doit étudier un phénomène très particulier. Il s’agit de la bioluminescence. C’est-à-dire la production de lumière dont sont capables des bactéries ou encore certains requins. Cette production de lumière froide possède un grand potentiel. Elle pourrait par exemple être l’éclairage public du futur, plus économe en énergie. Le petit robot a déjà son compte Twitter. Il suffit de s’abonner !
Une fois de plus, les scientifiques tirent la sonnette d’alarme à propos des bouleversements écologiques en cours et à venir. Cette fois ils sont 1 400 scientifiques à prendre la plume. Ils interpellent les candidats à la présidentielle et les médias dans une tribune. Ils les exhortent à sortir « des discours de l’inaction ». Nous ne sommes pas concernés par l’inaction. Au contraire. Le programme « L’Avenir en commun » intègre pleinement les défis posés par l’ère de l’incertitude écologique dans laquelle nous sommes entrés. Notre engagement de terrain complète concrètement nos prises de position. Et cela en France ou dans le monde. Et pour ma part cela vaut que je sois sur le lac Titicaca ou aux Antilles, dans le Doubs ou dans le Vaucluse.
Résumons. Notre programme est inscrit dans un projet de société : l’harmonie entre les humains et avec la nature. Pour y parvenir, il propose une méthode : celle de la planification. Son principe directeur est « la règle verte » : ne pas prendre à la nature davantage qu’elle est capable de reconstituer. De grands chantiers de la bifurcation écologique doivent être lancés tous azimuts. Ils permettront de faire coup triple : répondre au défi écologique, améliorer concrètement les conditions de vie et créer des milliers d’emplois !
Mais encore faut-il pouvoir l’exposer. Les scientifiques ont donc raison de pointer du doigt le manque d’intérêt des médias pour le nouveau grand défi de l’humanité. Les auteurs de la tribune insistent sur un autre point majeur. « Les électeurs et électrices ont besoin de connaître les propositions des candidats et les conditions de leur mise en œuvre. » Ils ont raison. Le choix éclairé est le fondement même de la démocratie. Voilà pourquoi nous sommes entrés en campagne il y a plus d’un an. Le programme et ses 694 propositions a été publié dès le mois de novembre 2021. Il sera bientôt précisé par des dizaines de plans et livrets.
Nous voulons faire campagne sur les propositions. Je saisis donc toutes les opportunités de le faire. Cette tribune nous permet de détailler notre plan d’action. En effet, les scientifiques interrogent directement les candidats. Leurs questions sont sérieuses et précises. Elles impliquent d’articuler le défi écologique à la question sociale sans le dissocier des choix techniques.
Pas d’inquiétude ! Nous sommes en capacité de répondre à chacune d’entre elles. Nous avons donc mis en ligne un nouveau comparateur. À chaque fois, un petit paragraphe résume notre logique générale et s’accompagne d’une liste de propositions pour la rendre concrète. Chaque aspirant à gouverner ce pays devrait en faire de même.
Une fois n’est pas coutume. Je me félicite des évolutions de Yannick Jadot dans notre direction : protectionnisme, relocalisation, nationalisation ! Un vocabulaire plutôt inhabituel auparavant. Les drapeaux français ont même fait leur apparition dans ses réunions. Ce n’est pas tout. Sur les questions européennes aussi, Yannick Jadot fait son chemin. Tout ce qui nous rapproche est utile tout en sachant parfaitement bien ce qui nous sépare. Mais ces évolutions facilitent ce que nous aurons à faire en cas de deuxième tour. Inutile de creuser les fossés ! Et l’évidence est que Jadot évolue. La lecture de son programme en dit long.
Voyons ces propositions convergentes avec celles de « L’Avenir en Commun ». Il veut renforcer les droits des travailleurs des plateformes. C’est un combat de haute lutte mené par la députée insoumise Leïla Chaibi. Il compte renforcer le devoir de vigilance des multinationales. C’est un renfort bienvenu aux côtés de la députée insoumise Manon Aubry à l’origine d’une proposition de loi en ce sens au Parlement européen.
Mais une différence claire et pas des moindres demeure entre nous. En effet, de son côté, les engagements s’enchaînent : «nous ferons», « nous instaurerons », « nous proposerons », « nous renforcerons », « nous renégocierons ». Oui mais comment ? Yannick Jadot assume son projet : celui d’une « Europe fédérale ». Il a le droit. Les gens doivent savoir pour quoi ils votent. Mais cela veut dire également qu’aussi longtemps qu’une telle Europe fédérale n’existe pas, tous ces engagements sont remis.
Y a-t-il un moyen terme avant cette Europe fédérale ? Pourquoi pas. Mais il ne le décrit pas. Il ne dit pas comment il compte s’y prendre pour obtenir les changements qu’il réclame. Tout au plus explique-t-il avoir recours à des « coopérations renforcées ». Lesquelles ? On ne sait pas. Comment faire si les autres États refusent de soutenir ses propositions ? On ne sait pas. Il compte passer à la majorité qualifiée pour « certaines décisions ». Mais sans préciser lesquelles. Mais qu’il s’agisse de « coopération renforcées » ou de « majorité qualifiée » nous parlons de procédures qui existent déjà et sont parfaitement codifiées. À supposer qu’il surmonte toutes les difficultés que ces procédures contiennent, que se passe-t-il si les résultats ne sont pas acceptés par les autres États, ou par une partie de ceux qui seraient entrés dans de telles coopérations renforcées ? À ce moment, notre méthode ne pourrait-elle convenir efficacement : la désobéissance aux traités, l’« opt-out ». Autrement dit, si nous étions alliés dans un même gouvernement, nous ne leur demanderions pas de renoncer à leur activité pour l’Europe fédérale. Nous le ferions d’autant plus facilement que nous ne croyons pas un instant qu’il existera des partenaires majoritaires pour un tel projet en Europe. Mais pour l’immédiat qu’est ce qui empêche Yannick Jadot d’adhérer à notre stratégie ? Je la résume : le programme voté par les Français s’applique quoi qu’en dise la Commission et les partenaires, et tout désaccords avec eux se règlera par l’« opt-out ».
À moyen-terme seulement, il prévoit de proposer que se mette en place une « Convention constituante européenne » destinée à réformer les traités. Pourquoi pas. On peut se demander si on trouvera une majorité d’État pour l’accepter. Je ne le crois pas. Mais le projet proposé par Jadot reste limité au renforcement du rôle du Parlement et à la fin du pacte de stabilité. Soit. Mais le reste des traités convient-t-il à Yannick Jadot ? Que fait-il de ceux qui interdisent l’harmonisation sociale ou fiscale par le haut ? La question doit être posée. Car c’est une chose de négocier entre États. C’en est une autre d’entrer en confrontation avec la Commission européenne sur les sujets réglés par les traités qui lui en donnent l’autorité.
Le candidat EELV le sait mieux que d’autres compte tenu de sa longue expérience d’euro-député : il formule des propositions de rupture avec la logique de marché et les dogmes absurdes de l’Union européenne. Or, ces propositions sont incompatibles avec les traités européens. Exemple : comme nous et les communistes, il compte renationaliser EDF. Cela est contraire aux directives de libéralisation de l’énergie et aux principes du marché unique européen. Il veut parvenir au 100% bio et local à la cantine. Mais les règles européennes en matière de concurrence interdisent de favoriser des produits nationaux et locaux. Tout protectionnisme est impossible dans ce cadre.
Ce n’est pas fini. Il veut mettre fin au pacte de stabilité et de croissance pour pouvoir investir dans la transition écologique. C’est impossible sans remettre en cause la fameuse règle austéritaire dite des 3%. Il compte aussi lutter contre le dumping social entre les pays européen ou encore imposer un moratoire sur les nouveaux accords de libre-échange. Cela signifie contester le fondement même des traités européens qui consacre le libre-échange, y compris entre les États-membres.
Son programme ne contient aucune analyse de ces blocages. Yannick Jadot ne propose aucune méthode pour surmonter le désaccord avec les partenaires. Le rapport de force est pourtant nécessaire. Est-il prêt à rendre conditionnelle la participation française au budget européen ? À recourir à son droit de véto ? À constituer des minorités de blocage ? Désobéir unilatéralement ? On ne sait pas. Ou bien il a une botte secrète, ou bien il n’y a pas pensé. Reste que l’ensemble de ses propositions resteront des vœux pieux sans une stratégie de confrontation. D’elle dépend de se donner les moyens de remettre en cause les règles européennes actuelles.
Si je suis élu, notre programme s’appliquera d’un bout à l’autre. Nous avons établi une stratégie européenne pour cela. Le plan publié en janvier 2022 précise les moyens de sa mise en oeuvre. Notre méthode est simple. Elle implique la construction d’un rapport de force et des mesures unilatérales de désobéissance. L’« opt-out » est déjà monnaie courante en Europe. 6 pays n’ont pas l’euro, 6 autres ne sont pas dans l’OTAN. La France peut trouver avec les pays de l’Europe du Sud un diapason commun sur un programme de non-régression écologique et de progrès social.
J’achève par un mot sur les questions de défense. J’ai présenté mon programme à des journalistes spécialisés il y a quelques jours. Les autres feront-ils preuve de la même clarté ? Encore faut-il qu’ils aient un programme à présenter. Les trois petits paragraphes dans le programme de Yannick Jadot sont suffisamment instructifs par leur modestie même pour s’en faire un avis.
Ainsi, il souhaite une « Europe de la Défense » composée d’une force commune de 5000 hommes à la « capacité d’intervention commune renforcée ». Il propose aussi « l’harmonisation des équipements des armées européennes ». Sait-il ce que cela veut dire dans le monde d’aujourd’hui ? Oui bien sûr il le sait. Cela veut dire acheter « sur étagère » aux USA. Ou bien faut-il comprendre que Yannick Jadot approuve les projets d’avion et de char du futur avec l’Allemagne ? C’est-à-dire renoncer à l’autonomie d’armement de la France et le pillage des savoir-faire français ?
Rappelons que la défense est une compétence des États. C’est la garantie de leur souveraineté. Il n’y aura donc pas de défense européenne, aussi longtemps qu’il n’y pas une souveraineté unique, celle d’un hypothétique « peuple européen unique ». Surtout, dans quel but ? Le programme de Yannick Jadot précise : « pour rééquilibrer le partenariat transatlantique ». Or, les Américains n’ont pas de partenaires. Ils n’ont que des vassaux. Sans sortie de l’OTAN, toute armée européenne ne sert qu’en supplétif de l’armée USA et au service de sa guerre froide. Non merci.