On n’arrive pas à y croire. Deux ans de prison dont neuf mois fermes ! Neuf mois derrière les barreaux pour huit anciens salariés de Goodyear dont cinq élus syndicaux CGT. Ils ont été condamnés comme des criminels ! Mais on connait leur crime ! Avoir défendu leur emploi et ceux des 1143 salariés de l’usine ! Jamais, dans l’histoire récente, des syndicalistes et des salariés n’avaient été condamnés à de la prison ferme pour faits de lutte.
Cette décision est, bien sûr, légale. Mais elle n’est pas légitime parce qu’elle consiste à prononcer une amnistie du patron voyou de Goodyear qui a fermé l’usine après sept ans de lutte. Pourtant, sa décision a provoqué suicides, divorces, et maladie par dizaines parmi les licenciés. Et ce patron a été condamné pour avoir entravé l’action des salariés en vue de la constitution d’une coopérative ! Rien de tout cela ne correspond à l’idée que se font les gens honnêtes du mot justice. C’est une décision politique.
Les salariés ne sont coupables de rien. Ils ont agi en état de légitime défense sociale. La justice leur reproche d’avoir retenu deux cadres dirigeants de l’entreprise Goodyear en janvier 2014 dans le cadre de la lutte pour empêcher la fermeture de l’usine. Les salariés avaient gardé le directeur des ressources humaines et le directeur de la production de l’usine pendant 30 heures pour obtenir des réponses de leur patron qui se terrait sans répondre a personne. Cette action était une manière de faire monter la pression en évitant toute violence. Pendant leur retenue, les cadres avaient leur téléphone portable, à boire et à manger. Aucune violence n’a été pratiquée contre eux. Ces faits prenaient place au bout de 7 ans de lutte pour empêcher la fermeture de l’usine et résister au chantage patronal à l’emploi. Pendant sept ans, ces hommes et ces femmes ont résisté et lutté pied à pied. C’est cela qu’ils payent. Et cela alors même qu’il y avait eu un accord de fin de crise. Mais si l’entreprise avait renoncé a porter plainte et les cadres de même, le MEDEF voulait sa vengeance. Ses désirs sont des ordres depuis 2012 avec François Hollande. C’est donc le gouvernement qui a pris la responsabilité de la sale besogne.
Mme Taubira porte la responsabilité personnelle de cette décision. Pourquoi ? Parce que sans le procureur placé sous son autorité, il n’y aurait même pas eu de procès ! En effet, c’est le procureur, et lui seul, qui a poursuivi les salariés. L’entreprise et les deux cadres ont retiré leur plainte quelques jours après les avoir déposée, dans le cadre d’un accord de fin de conflit avec les syndicats. Il n’y avait donc aucun plaignant au procès, à part le procureur de Mme Taubira. Tout se tient ! Souvenons-nous que l’opposition de François Hollande, Manuel Valls et Christiane Taubira à notre proposition de loi d’amnistie sociale a donné aux procureurs et aux juges un signal de dureté dans les affaires liées à des conflits sociaux. Le gouvernement se cache derrière l’absence de consignes individuelles données aux procureurs dans les affaires de justice. Mais a-t-il donné des consignes générales de sévérité contre les salariés en lutte ? Oui, bien sûr. Quand le Premier ministre traite en direct télévisé les employés d’Air France de voyous et quand il demande avant toute enquête judiciaire des sanctions lourdes contre les salariés incriminés : il donne la ligne ! Sinon, pourquoi le procureur a-t-il continué les poursuites après le retrait des plaintes ? Pourquoi a-t-il réclamé la terrible peine de 24 mois de prison dont 12 fermes ? Au nom de qui agit-il ainsi ? Et au nom de qui le tribunal a-t-il pris une telle décision ? Certainement pas du fait d’une inspiration soudaine. Rappelons-nous que c’est le MEDEF et lui seul qui demanda que les poursuites aient lieu quand bien même la société avait retiré ses plaintes !
François Hollande est responsable. La réaction des salariés à l’époque se comprend d’abord comme une colère face à un actionnaire hargneux mais aussi face aux reniements du président de la République. Car François Hollande est allé à Amiens dans cette usine Goodyear, se faire applaudir par les salariés. C’était en octobre 2011, deux jours avant le deuxième tour de la primaire PS. Là-bas, il avait moqué Sarkozy qui « faisaient des promesses sans les tenir ». Il avait affirmé que « l’Etat peut fixer des règles » contre les licenciements boursiers. Il avait promis que les salariés pourraient saisir un tribunal en cas de licenciements ou de fermeture d’un site rentable et obliger l’employeur à chercher un repreneur. Et, il n’a rien fait de tout cela. En janvier 2014, au moment des faits, la loi dite « Florange » sur la reprise des sites industriels rentables n’avait même pas encore été adoptée. Mais elle avait déjà été vidée de sa substance. Elle allait limiter les obligations de l’employeur à chercher un repreneur sans obligation de céder le site et en devant seulement payer une amende pour pouvoir licencier. Hollande s’est joué de la détresse de ses salariés comme Sarkozy de ceux de Gandrange.
Les salariés ont été abandonnés par le gouvernement. Ils étaient condamnés au chômage et ils essayaient seulement de sauver des indemnités leur permettant de survivre un peu plus longtemps. Ils ont été humiliés et harcelés par la direction de Goodyear, une multinationale aux reins très solides. Ils luttaient depuis 7 ans contre la fermeture de leur usine. De l’autre côté de la rue, dans l’usine d’une autre enseigne (Dunlop) du même groupe, sous le coup du chantage à la fermeture, les salariés s’étaient résignés à travailler plus sans être payés plus. Les salariés de Goodyear avait refusé ce chantage. L’actionnaire voulait leur faire payer cette résistance. A coup de grèves et de procédures judiciaires, les salariés de Goodyear avaient réussi à empêcher la fermeture plusieurs fois jusqu’à ce que le patron finisse par voir son plan de fermeture validé par la justice. Et pour jeter de l’huile sur le feu, le seul repreneur envisagé par Goodyear et l’Etat était le groupe Titan, dirigé par un patron esclavagiste Maurice Taylor. Il avait traité la Franc de pays « communiste » et insulté les salariés français. Il les avait accusés : « touchent des salaires élevés mais ne travaillent que trois heures », et menacés : « Titan va acheter un fabricant de pneus chinois ou indien, et payer moins d’un euro l’heure de salaire ». C’est dans ce contexte que sont intervenus les faits reprochés aujourd’hui. Celui de multiples provocations patronales pendant de longues années, d’injures et de menaces contre les salariés.
Il y a eu 14 suicides parmi les salariés licenciés en moins de deux ans ! Les coupables courent toujours ! Sur 1 143 salariés licenciés combien sont encore au chômage ? Combien de divorces ? Combien de vies et de familles détruites ? Qui payera pour cela ? Quand sera fait le procès de la violence patronale et de la violence du chômage ? La justice est une fois de plus coupable de deux poids deux mesures. Le parquet a classé sans suite toutes les plaintes de la CGT contre Goodyear pour harcèlement moral, non-respect du droit du travail… En juin dernier, une fois l’usine fermée, les salariés ont obtenu la condamnation de Goodyear. L’entreprise a été condamnée à suspendre le démantèlement de l’usine car cela empêchait le projet des salariés de reprise d’une activité en coopérative. Mais les actionnaires voyous ont été condamnés à trois fois rien. Seulement à verser 50 euros à chacun des 90 anciens salariés plaignants soit à peine 4 500 euros ! Une peine symbolique. Pourquoi le tribunal a-t-il été si dur avec les nôtres et si doux avec les autres ?
Ce n’est pas la première fois. Les patrons voyous ne sont pas condamnés à de la prison ferme. Ainsi M. Denis Gauthier-Sauvagnac, responsable du MEDEF, coupable d’avoir détourné 19 millions d’euros en liquide d’une caisse noire patronale a été condamné seulement à de la prison avec sursis ! Quant aux patrons de l’usine Continental, à 80km d’Amiens, ils ont été condamnés pour licenciement illégaux à dédommager les salariés. Mais après que l’usine a fermé et sans être jamais menacé de prison.
La criminalisation de l’action syndicale a un but politique clair : faire taire les salariés qui se battent et refusent de se laisser conduire gentiment à l’abattoir social qu’est le chômage. Les salariés ont immédiatement fait appel. Il y aura donc un nouveau procès. Je forme le vœu qu’il soit l’occasion d’une démonstration de force de solidarité avec les salariés. En effet face à cette injustice, nous devons agir. Pas un salarié ne doit être emprisonné pour faits de lutte sociale. Les salariés ayant fait appel, l’application des peines est suspendue. Il y aura un nouveau procès. La CGT a annoncé sa volonté de tenir un rassemblement de solidarité le jour de l’audience. La date n’est pas encore connue. Mais la mobilisation devra être au rendez-vous. Ce procès doit être, comme l’épisode de la chemise arrachée d’Air France, un moment de réveil de la conscience sociale dans notre pays. Nous devons faire une démonstration de solidarité et de combattivité. On peut signer la pétition de soutien qui demande l’arrêt des poursuites et interpelle François Hollande.
DE LA MISE EN SPECTACLE DE LA MORTLa scène médiatique choisit ses morts. Elle met en scène les uns au point de…
Posté par Jean-Luc Mélenchon sur jeudi 14 janvier 2016
Je n’avais pas prévu de m’exprimer sur le sujet des primaires à gauche lancées par Cohn-Bendit et Libération car je ne veux m’opposer à rien, même si je ne m’y associe pas pour des raisons qui sont très anciennement formulées (mon livre de 2007, En quête de gauche, et L’Autre gauche, de 2009). Mais comme j’étais présent aux vœux du PCF présentés par Pierre Laurent, il a bien fallu que je réponde aux journalistes présents. Je préfère alors confier à cette page mon appréciation résumée pour qu’une version directe et authentique de mes propos soit accessible à ceux qu’elle peut intéresser.
1) C’est un bon sujet de conversation que ces primaires, moins déprimant que le commentaire de la lettre du MEDEF, le plantage du couple Hollande-Johnny place de la République ou les dernières folies des abrutis « djihadistes » qui font la campagne permanente de madame Le Pen par l’image caricaturale qu’ils donnent des musulmans. Merci donc aux rédacteurs de cet appel.
2) Le texte de la pétition est une condamnation cinglante de la politique de François Hollande par des gens qui ont tous été membres de sa majorité gouvernementale. Je me réjouis de voir mes diagnostics repris. Et je m’amuse de les voir promotionnés par un journal comme Libération qui prétendait naguère que c’était là des excès d’agressivité quand on les entendait de ma bouche…
3) Compte tenu du contenu de ce texte, demander à Hollande d’y participer c’est lui demander de démissionner. Je salue l’habileté du procédé plus efficace que bien de mes critiques et interpellations, j’en conviens.
4) Après ce bilan positif, il me reste à dire que je ne vois pas comment la chose peut s’organiser. Car participer à une primaire, c’est accepter de se soumettre au résultat du vote. Il faut noter deux choses à partir de là. D’abord sachons que le porte-parole d’EELV, Julien Bayou, a déjà dit que dans l’hypothèse où quelqu’un qui « poserait problème sur l’Europe l’emportait » cela « poserait problème d’accepter le résultat ». La dépêche rapporte que cette déclaration est une allusion à peine voilée à moi. Je ne lui en veux pas. Julien Bayou est un actif partisan de la candidature de Cécile Duflot et c’est bien son droit. Mais on voit que si avant même que quelques discussions aient commencé on en est déjà à disqualifier sur un mode personnel un protagoniste potentiel, on devine ce que ce sera ensuite : une foire d’empoigne. Quant à moi, je dis que si Hollande ou Valls ou Cohn Bendit ou qui sais-je encore de cette mouvance emportait ce vote, comment pourrais-je le soutenir ensuite après avoir échangé avec eux autant de critiques sur le fond ? Donc je préfère dire que je ne participerai pas à une compétition dont je ne suis pas prêt à me soumettre au résultat. J’estime que c’est une attitude honnête et respectueuse du point de vue des autres.
5) J’ajoute que les primaires comportent bien des défauts que je ne récapitule pas pour l’instant ici. Sinon pour un d’entre eux et non le moindre. L’électeur d’une primaire ne vote pas essentiellement pour les idées de tel ou tel mais surtout d’après l’évaluation qu’il fait des chances de celui-ci de l’emporter. Autrement dit, chacun se range derrière ce que les journaux et les sondeurs lui disent être l’opinion moyenne et dominante. C’est la fin de la politique comme art de proposer une idée nouvelle ou choquante, la fin de l’espoir de construire une opinion progressiste.
6) Évidemment, comme le dit Pierre Laurent, qui déclare aussi accueillir « très positivement cette initiative », ma porte n’est pas fermée, je suis prêt à parler de tout sans a priori et ainsi de suite. Bref, je suis disponible pour la fraternité
7) Le plus difficile n’est pas de trouver un candidat à la présidentielle. Mais de s’accorder sur les 570 candidats aux législatives dont la désignation devrait encore passer en toute logique par des primaires locales. Sachant que leurs résultats sont la base sur laquelle se calcule la dotation d’État à chaque parti, on devine que la question devient moins simple qu’il y paraît. En effet le résultat de la présidentielle elle ne donne aucun droit à financement ensuite…
8) Quant au programme, je crois juste de rappeler que nous ne partons pas de rien. En 2012, j’ai eu l’honneur de recueillir quatre millions de voix avec un programme, L’Humain d’abord, dont nous avons vendu 500 000 exemplaires. Je ne cache pas mon agacement à voir tout le travail accompli rayé d’un trait de plume pour faire comme si le monde commençait, comme si nous n’avions rien fait. Pierre Laurent à raison de dire qu’on peut mieux faire qu’en 2012. Mais encore faut-il faire autant. Et pour cela, il n’est pas inutile de se demander pourquoi nous sommes parvenus en 2012 à faire le premier score à deux chiffres en dehors du PS depuis trente ans.
9) Chaque parti étant pris dans son calendrier de congrès, toute cette mécanique renvoie à la fin juin leur décision et la primaire imaginée au mois de novembre 2016. D’ici-là, on peut imaginer de faire autre chose aussi compte tenu de l’état de délabrement de la conscience collective du pays. C’est ce que je compte faire.
Cette publication a été effectuée sur ma page Facebook :
LES PRIMAIRES À GAUCHE ?Je n’avais pas prévu de m’exprimer sur le sujet des primaires à gauche lancées par Cohn-Bendit…
Posté par Jean-Luc Mélenchon sur lundi 11 janvier 2016
Au cours de l’année écoulée, nous avons été témoins bien des fois de la puissance des « effets d’annonces » pour amortir le choc de la réalité jusqu’au point souvent de l’effacer du tableau. On pourrait croire que ce ne saurait être le cas à propos des questions de l’économie, domaine où règnerait la froide objectivité des chiffres et des « lois naturelles ». Balivernes. C’est même parfois le contraire. C’est là que souvent la communication est le plus efficacement une action. Naturellement, ceux qui vous administrent l’hallucinogène ne viennent jamais ensuite faire le dégrisement. Pire. Sans vergogne, ils administrent de nouvelles doses d’illusions euphorisantes ou de paniques aveuglées.
Pour qui veut penser sur ces sujets, il faut donc toujours commencer par extraire les faits de la gangue des annonces qui les ont fait disparaître des radars. Pourquoi a-t-on entendu annoncer « la reprise » tant de fois alors qu’il n’en était rien ? Où sont passés les reculs mensuels du chômage ? Qu’est devenu le « plan de relance de l’économie européenne » d’un montant prétendu de 120 milliards d’Euros, destiné « prioritairement à la jeunesse », que François Hollande prétendait avoir obtenu dès son élection et sa première visite à Merkel ? Qui peut dire ce qu’est devenu le plan de relance européen, pour un montant double, annoncé par Jean-Claude Junker, nouveau président de la Commission ? Qui se souvient de la décision à son de trompe du banquier central européen injectant dans l’économie mille milliards entre décembre 2011 et février 2012. Et puisque son successeur a décrété avec un mégaphone géant un plan de rachat mensuel de titres de dettes des États possédés par les banques à hauteur de 80 milliards par mois, où ces montagnes d’argent sont-elles passées ? Pourquoi n’en lit-on et n’en discute-t-on aucun bilan nulle part ? Pourquoi tout cela n’a-t-il produit aucun redémarrage de l’activité où que ce soit ? Quel sont ces mystères ?
Le capitalisme financier de notre temps s’est posé comme une nouvelle peau sur tout le système de la production et de l’échange. Là où régnaient hier l’ingénieur et l’entrepreneur, règnent désormais le directeur financier et le directeur commercial comme les deux bouts de l’aiguille dans la boussole. A présent, l’argent tourne en rond dans la sphère financière sans jamais revenir sur le sol de l’activité réelle. Une belle grosse bulle d’argent, diffusée dans des montages de plus en plus périlleux pour continuer à cracher du rendement. Elle est aussi nourrie par l’énormité des excédents financiers européens. Ceux-là se heurtent comme de juste à l’anémie de la consommation et de l’investissement que les politiques d’austérités budgétaires provoquent. Puisqu’on dédaigne la demande d’équipements publics et qu’on préfère laisser les infrastructures de toutes sortes se dégrader plutôt que de les remettre à niveau, puisqu’aucun plan de transition énergétique n’est mis en œuvre, par exemple, où investir ? Et comme c’est la guerre du dumping social et fiscal entre les 28 pays de l’Union, et puisque tous sont orientés vers l’export en vue de faire des excédents, où investir le flot grossissant de liquidités disponibles ?
Il se jette donc dans la sphère financière aussi mécaniquement que le fleuve à la mer. Mais dans cette sphère, il reste encore brûlant dans les mains de ceux qui le manient. Leurs cocktails financiers sont de plus en plus instables et bien explosifs. Alors se produit le plus drôle. Ceux qui tiennent la taverne des ivresses se gardent de l’eau pour la soif. Ainsi, bien des banques et des établissements financiers refusent de revendre au banquier central les titres de dette des États qu’elles possèdent et qui sont censés être du papier chiffon si l’on en croit les agences de notation. Pourquoi ? Parce que ces titres sont considérés comme « plus sûrs » que les montages inventifs que composent les petits Mozart de la finance…
Cette anecdote en dit long sur le niveau d’hypocrisie des agences de notation qui se tordent les mains d’angoisse devant les dettes des États et en font augmenter les taux d’intérêts du fait de leurs mauvaises notes, mais recommandent qu’elles servent de socle aux compositions folles des montages financiers privés. Elle en dit long aussi sur le niveau d’asphyxie d’un modèle économique devenu incapable de faire un usage concrètement utile de sa puissance. Dans une telle atmosphère de volatilité, tout faux mouvement peut-être terriblement dangereux. Si ici ou là une des composantes, même très locale, s’écroule, l’effet en impactera toute la sphère. Exactement comme un seul coup d’épingle fait éclater la totalité d’une bulle de savon. Tout le monde se tient donc à l’œil. Un mouvement brusque de retrait ici ou là et tchouff, tout peut se déclencher.
Il y a deux semaines le regard portait sur les USA. En effet la banquière centrale nord-américaine a décidé de renchérir ses fournitures en dollars auprès de ceux qui viennent en chercher. En même temps, elle améliore la rétribution des excédents que les banques placent dans ses mains. Une variation certes microscopique pour un œil extérieur. Mais il est d’impact colossal pour ceux qui doivent investir et donc emprunter, ou pour les banques et institutions financières qui ont sur les bras d’immenses masses d’argent à placer. Celles-ci sont parfois coûteuses à loger surtout quand des pays comme le Brésil ou d’autres « émergents », qui stimulaient les appétits, exigeaient des dépôts de garanties pour les placements ! Il leur est même arrivé de fixer un impôt sur les investissements étrangers. L’inconvénient est que si des flots se retirent brusquement, ils assèchent mortellement leur point de départ. C’est alors un peu plus qu’un coup d’épingle imprévu. Sans compter que si ce petit rien décidé par la banque centrale américaine est un régal pour certains, il est cependant impossible que cela stimule l’activité puisque le crédit sera plus cher et que les Américains sont drogués au crédit. Guettez bien si ce ralentissement ne vient pas impacter celui de la zone euro. Et l’aggraver mécaniquement. Avec les risques que cela contient. Tel est le capitalisme de notre époque. À tout moment tout peut sauter.
Il est une nouveauté dans l’Histoire. En effet c’est la première fois que l’économie humaine ne repose plus principalement sur la circulation de biens réels. Le gonflement de la masse de dollars en circulation a fait naître un monde parallèle où l’essentiel des transactions financières ne correspondent à aucune réalité matérielle. En 1970 il s’échangeait 20 milliards de dollars par jour. Dès les années 1990 on en était à 1 500 milliards quotidiens. En 2010 c’était 4 000 milliards de dollars par jour. À la même date, les biens et les services réels et concrets échangés atteignaient à peine 40 milliards par jour. Cent fois moins.
La capitalisation boursière a suivi le même chemin extravagant. Elle est passée de 1 400 milliards de dollars en 1975 à 63 000 milliards en 2007 à la veille de la crise des subprimes aux États-Unis. La « valeur » des entreprises a donc été multipliée par 45 en trente-deux ans. Mais pendant ce temps la richesse matérielle réellement produite par ces entreprises n’a été multipliée que par 3,5.
Dans ce contexte, les accidents graves deviennent de plus en plus réguliers. Certes, le capitalisme n’a jamais été un système stable. De 1816 à 1929, soit à peine plus d’un siècle, il y a eu 14 crises ! Mais le rythme s’est accéléré. Depuis 1973, juste après la décision du président Nixon qui a rendu possible l’explosion de la bulle de dollars, il y a eu 12 crises ! En moins de quarante ans, presque autant qu’en un siècle ! Et depuis 1992, déjà 8 crises en vingt-deux ans. Le monstrueux bug dit « des subprimes » en 2008 a mis à genoux les États et les peuples chargés de renflouer les banques. Nous sommes encore en train de le payer. Des promesses de prudence et de moralisation furent alors faites. On sait qu’il n’en reste rien. On devait par exemple séparer les activités des banques d’affaires de celle de dépôts.
De cela, en France, Moscovici a fait une pantalonnade qui impacte à peine deux pour cent du bilan des banques concernées. Celles-ci peuvent donc continuer à jouer avec l’argent des déposants. Qui a pu protester alors, à part ceux qui comme nous ne croient pas que la spéculation soit l’horizon indépassable de l’activité financière ? Peut-être va-t-il en aller autrement à présent. Car la création de l’Union bancaire européenne a abouti à une situation très nouvelle pour ceux qui ont plus de cent mille euros de dépôts dans une banque. Ne croyez pas que ce soit seulement peu de monde. Ce sont surtout des gens influents et décideurs. Leurs craintes compteront donc. Dorénavant, en cas de faillite d’une banque, les actionnaires devront payer pour le renflouement. Mais les « gras comptes » aussi. Ceux de ces gens-là. Evidemment, ils ont bien besoin que leur argent soit placé là où il rapporte le plus. Mais ils ont surtout besoin aussi de ne pas le perdre.
À cette heure, la bulle est repartie de plus belle. La part européenne s’y accroit vite, stimulée par les injections de liquidités, la fraude et « l’optimisation fiscale », toutes calamités qu’aggrave la politique de féroce concurrence des États de l’Union entre eux au plan fiscal et social. Elle reste donc mollement pendue au-dessus du vide d’investissements en Europe et à la merci d’une bourrasque qui la ferait éclater. Dans le système actuel il ne peut en être autrement.
Mais pensons à ce que nous pourrions faire ! Nous trouverions à peu de frais beaucoup d’argent pour notre plan de relance de l’activité réelle. En partant des besoins concrets, économie de la mer ou transition énergétique par exemple, nous trouverions un ample champ de crédits possibles avec une contrepartie matérielle visible et tangible. La possibilité d’un compromis dynamique avec le capital entrepreneurial existe. Les fonds aussi. Par exemple on sait qu’un euro sur deux aujourd’hui placé dans l’assurance vie est utilisé à l’étranger. Tout cela se discuterait plus utilement que les cadeaux sans contrepartie du système Hollande, Valls et Macron. La politique de la demande se pilote. L’État maître du temps long des investissements et du plan y est une garantie centrale. Celle de l’offre ne peut rien produire d’autres que des effets d’aubaines conjoncturels. Et surtout, elle finit d’intoxiquer un système productif déjà lourdement drogué aux enrichissements sans cause.
Bref, une distribution de vin chaud dans une salle d’alcooliques réfrigérés.
71 commentaires
morvan
Juste une remarque technique quant à la pétition Goodyear, qu’évidemment j’ai signée dès que vue, mais en suite de laquelle j’ai été stupéfaite de voir apparaître une invitation de « change.org » (la florissante entreprise du golden frérot californien de Macron), prétendant (et redoublant cette prétention sur ma messagerie privée), me faire payer en ligne un écot destiné à ce que cette pétition soit « mieux vue » par d’autres signataires potentiels, en nombre variable selon la hauteur de ma contribution. Sans épiloguer plus avant, je suppose que tout de même « change.org » ne se déclenche, lui et ses douteuses propositions, que si les initiateurs de la pétition en sont d’accord ? Si c’est bien le cas, c’est un mauvais choix, d’une méthode biaisée sur un sujet d’honneur. Si ce n’est pas le cas, quand attaque-t-on Ben Rattray, pour se faire de la thune sur le dos du pov’monde ? Accesssoirement, si j’ai 3 sous à donner, je les donnerai directement aux syndicats des sanctionnés !
Le Père Duchesne
Je partage la remarque technique, puisque je viens moi-même de signer la pétition. Le choix de ce site par la CGT n’est sans doute pas le plus heureux, d’autant qu’il se trouve mis en concurrence avec un appel à l’organisation des prétendues primaires de gauche par les représentants de la droite qui nous gouverne et qui ont les moyens de payer pour se faire mieux voir.
Au sujet de ces primaires d’ailleurs, pourquoi en faire un débat ? Elles existent déjà. Elles sont organisées par le RPR ou l’UMP ou les prétendus « républicains », je ne sais plus. Que tous les candidats de droite, PS compris, y participent me paraît relever de la plus pure logique. Ainsi, si l’UMP arrive en tête, le PS pourra, soit se retirer avant l’élection elle-même, ce qui nous évitera une nouvelle pantalonnade et le choix entre la peste et le choléra au moment de voter pour de vrai, soit, par accord technique, soutenir ensuite officiellement son partenaire naturel de droite mieux placé. Que le PCF et EELV se prêtent à ce théâtre de guignol me navre, mais ne me surprend pas. Enterrons définitivement un Front de gauche en coma dépassé et concentrons-nous sur une candidature de salut public pour 2017. Qui est candidat ?
Dominique FILIPPI
Ne pas vouloir de Jean-Luc Mélenchon comme candidat en 2017, car c’est bien là l’objectif de tous ceux qui trouvent l’initiative de primaires positive, confine, je pèse mes mots, à une trahison des idéaux de la gauche. Tout le monde c’est à dire chacune et chacun d’entre eux est face à sa vision de la morale et de l’honneur retrouvé ou perdu.
André
Concernant le positionnement en vue des présidentielles je suis d’avis avec @Sylvain Costet que « Ce n’est pas une bonne tactique de se déclarer beaucoup trop tôt » et je suis d’accord aussi avec @Francis qu’on voit mal « quelqu’un de plus apte que JL Mélenchon ». J’ajoute qu’il est urgent qu’il devienne rapidement notoire qu’un mouvement pour le changement dont Mélenchon se recommande se met en place dans tout le pays pour préparer la candidature d’un porteur de ce projet et il me paraît aussi utile de préciser que le candidat retenu sera J.L. Mélenchon ou quelqu’un d’autre désigné par lui et son équipe s’il n’était pas à même d’assumer cette charge. Cette démarche aurait le mérite de mettre enfin un point final à toute ressemblance avec le fonctionnement étouffant ambiant et elle aurait l’immense avantage de faire apparaître une lueur dans l’espace de gauche devenu particulièrement ténébreux après la désertion de Hollande et de ses affidés vers la social démocratie droitière du néolibéralisme nauséabond et mortifère.
marco polo
@ André
Présenter sa candidature, tôt ou tard, suppose de comprendre pourquoi cet appel à une primaire à gauche. Appel qui différencie « les » gauches des écolos, j’ai lu avec attention tout le contenu qui n’annonce rien de bien nouveau. En 2012, le FdG l’avait fait. Bref, vu les signataires, qui ont choisi Libé pour le faire connaître, je ne ferai pas de commentaires sur leur pedigree, ils ne sont pas les derniers imbéciles et savent par conséquent ce qu’ils disent et se qu’ils écrivent. A mon avis, ils ne veulent pas, ou plus, de Hollande et de l’équipe qui marche dans ses pas. Logique. Mais ils ne veulent pas non plus du Front de gauche et de ce qu’il représente et donc de l’homme qui a porté avec force ses couleurs, Jean-Luc Mélenchon. Cet appel ne parle pas du Programme Partagé, construit et soutenu par le PG, PC et Ensemble. Ils parlent de participation citoyenne mais veulent formuler leurs propositions. Donc un programme ? Je crois qu’ils veulent se présenter comme la solution et faire barrage au Front de gauche. Je pense que le fond de cet appel est là. Par conséquent, il ne faut pas perdre de temps et mettre en avant les réponses du Programme Partagé, adaptées à la situation d’aujourd’hui. Le meilleur porteur du projet c’est Jean-Luc Mélenchon, mais le PG-PC-Ensemble doivent se bouger !
ROLLAND
Je viens d’entendre Jean-Luc Mélenchon sur Europe 1, et souhaite souligner un point. « Revisiter le programme » qui a présidé à la campagne de 2012, avec le succès que l’on sait, ce qui nous permet de ne pas partir de rien. Mais, peut-être une proposition. « L’humain d’abord » est un énoncé trop abstrait qui ne parle pas directement, et donc concrètement, aux gens. Si les meetings avaient tant de succès populaire, c’est parce que les gens se retrouvaient dans les illustrations et même les leçons que Jean-Luc Mélenchon savait si bien faire entendre. Il faudrait donc trouver un énoncé stratégique simple, direct, immédiatement entendu, condensant analyses, propositions et programme. En face de nous, ils et elle ont les « charges sociales », la « dette », la « sécurité », les « émigrés », etc. et pour couronner le tout, l’emprunt volontairement mensonger de nos analyses et propositions, pour capter notre électorat. Le combat idéologique à mener est immense, il est à mener tout de suite. Par qui ? En tête, par celui qui a montré ses immenses capacités à le conduire, quelles que soient les qualités et mérites d’autres. Ne faudrait-il pas lancer une pétition pour aboutir à cette décision ? J’y souscrirais volontiers.
Invisible
Est-il bien prudent de donner nos coordonnées à des sites de pétitions informatisés ? Le progrès n’a pas que des avantages et s’exposer à tous les regards et fichages n’est pas forcément judicieux. La bonne vieille pétition sur papier n’avait pas l’inconvénient de pouvoir être dupliquée par des malfaisants qui grouillent sur la toile. On ne sait pas où tout ça peut aboutir dans un avenir proche ou lointain.
D’autre part, concernant le suicide paysan, sur quelle enquête se base cette antienne exploitée par un gros syndicat de droite, voir par des groupements d’extrêmes-droite qui, eux-aussi, se plaisent à mettre en spectacle des cimetières de croix fictives pour apitoyer les braves gens et les mettre dans leur poche ? Les chiffres du suicide paysan sont recensés sur quelle période ? Des mesures n’ont-elles pas depuis lors été mises en œuvre ? On remarque d’autre part que les agriculteurs de droite n’ont pas été sanctionnés pour leurs délits de cet été, à savoir s’arroger le droit d’arraisonner des chauffeurs de poids lourds transportant des denrées importées. C’était pourtant d’une violence inouïe à l’égard du chauffeur routier, une grosse casse matérielle et une insulte à la justice et au droit. Il y a bien deux poids et deux mesures dans ce pays.
mchlbgs
« Car si l’on ne peut rien sinon faire la guerre aux terroristes qu’aucune loi n’arrête, qu’est ce qui justifie l’indifférence à l’égard des responsables des morts au travail ou de la violence conjugale ? »
Il y a aussi les morts par accident de la route, par test de médicament en phase 1, par alcoolisme, par overdose, par affrontement dans les stades de foot, par banditisme, par tabagisme. Bref. La volonté d’affronter un état pour lui faire la guerre, et de tuer les gens par arme de guerre dans le cadre d’un conflit religieux mondial entre islam moderne et islam fondamentaliste d’un côté et de l’autre coté la volonté des individus qui tuent leur femme sous l’emprise de l’alcool et/ou de la passion. C’est comparer des choux et des carottes. La gauche marxiste est démunie lors qu’elle continue à déterminer uniquement la superstructure par l’infrastructure. Le phénomène religieux de l’islamisme politique lui échappe et l’entraine en pleine confusion mentale.
Guy.
D’après certains journalistes, mettre des ouvriers en prison pour avoir manifesté leur mécontentement est tout à fait normal, car aux États-Unis l’on met les ouvriers en prison quand ils bloquent un patron dans son bureau. Ils appellent cela une prise d’otages. Mais depuis quand les États-Unis sont’il un pays de liberté pour le monde du travail ? Demandez à la population ouvrière de couleur, demandez aux ouvriers américains qui sont obligés de passer par des syndicats bidons noyautés par la Mafia. Quand donc les Français vont-ils comprendre que nous sommes occupés par des forces étrangères, de l’argent, de la presse, de la politique et depuis peu de militaires, tous à la solde idéologique de l’occupant américain de l’Europe. Collabos en 1940 du régime nazi allemand, passant sans état d’âmes à la collaboration ouverte avec l’étranger américain, se disant notre libérateur. Libération ou occupation ? Regardez leur télévision qu’ils appellent France-Télévision, regardez leur politique, qu’ils appellent la démocratie française. Regardez leur politiques étrangères qu’ils appellent politique française. Démocratie bidon, socialistes bidon, socialistes à pognon. Elections contrôlées par le ministère de l’intérieur ? Ils appellent cela de la démocratie, ça ressemble plus à une escrocratie.
naif
Mais les Français sont conscients de ce que vous pointez du doigt puisqu’ils n’ont pas confiance aux partis politiques, aux banques, aux syndicats, aux entreprises privées, à la justice. En clair les Français sont de gauche et ils ne le savent pas.
pichenette
Seul un programme courageux, clair, imagé redonnant une réelle confiance aux gens peut transformer les tenants d’un bulletin de vote en citoyens, c’est à dire en individus éclairés. L’écosocialisme porteur d’une véritable dynamique est une base à combiner avec « Ligne d’horizon ». L’Humain d’abord est dans la tête, il faut le dépasser, comme il aurait certainement été positif d’ouvrir le Front de Gauche. Ne pas recommencer les alliances vagabondes qui mènent à l’errance. Regarder devant, agir pour les enfants ! La priorité est à la santé, air sain, eaux non polluées, risques maîtrisés, maîtrisables, donc biens communs à défendre à tout prix. Il y a des concessions qui coûtent très cher ! Faisons la part des choses en sachant distinguer copains et alliés. Merci aux médias qui vous laissent le temps de présenter vos arguments, propositions etc. Et ne croyons pas que la majorité du peuple soit scandalisée du jugement contre les GoodYear, « séquestrer une personne c’est honteux ». Les lunettes coûtant trop cher, la visibilité est très réduite !
Pierre
Souvent Monsieur Melenchon, vous faites appel à l’intelligence pour comprendre la société où nous vivons et pour l’améliorer. L’intelligence du coeur comme celle de la raison pour comprendre la situation des salariés de Good-Year à celle de M Kerviel. Sur ce blog, nous nous sentons tous plus proches des ouvriers de Goodyear que de Kerviel mais, comme vous l’aviez pressenti, tout n’est peut être pas aussi distinct qu’on pourrait le croire. Kerviel n’est pas de « notre » monde mais il est du monde où nous vivons et sa situation aide à comprendre pourquoi on veut mettre en prison ceux qui dénoncent les turpitudes du capitalisme financier. Parfois les chercheurs nous aident à y voir plus clair comme cette lettre parue aujourd’hui dans le journal « La Tribune ».
Puissent paraître d’autres analyses de ce niveau nous aider à comprendre comment tourne ce capitalisme. La bataille de la crédibilité pour 2017 passe aussi par cela. Un programme clair sur quelques idées force, s’appuyant sur un corps théorique solide et précis. L’envers des régionales.
Kontarkosz
Je souhaite que nous réagissions par votre voix quant au plan de Hollande concernant l’emploi. Je m’aperçois que les assistés et vous le démontrez à chacune de vos interventions sur le chômage ne sont ceux pas que l’on croient !
G+
Lutter contre les paradis fiscaux, c’est créer de l’emploi et lutter contre le terrorisme !
Careglio
Arrêter ces injustiques, ces massacres de salariés. La lutte continue.
Gise
Bonjour, en effet le bug des bourses par une panne électrique et ensuite la seconde rajoutée sont liées pour leurs logiciel financier mondial, ce fait est passé inaperçu mais c’est une énorme bulle financière boursière qui s’est installée, prête à protéger les plus gros capitalistes financiers et les gros actionnaires mondiaux, du moins à les déplacer quand la nanoseconde sera prête et à leurs bon vouloir de décapiter les épargnants sous toutes ses formes, il est très sérieux de ne pas s’aventurer à prendre des crédits, regardez rien qu’un découvert à votre banque est un crédit à la consommation, etc. D’autre part, à mon avis perso de retirer vos épargnes, assurances vie etc. car tout cela est déjà dans l’aspirateur des tuyaux de leur système d’invasion de déshydratation financière des êtres humains aisés où pas peu importe.
DOIDY
Si Podémos s’est inspiré de la série « Game of thrones » pour créer une sorte d’engouement populaire, c’est que l’expression « l’hivers vient » utilisée dans ce feuilleton signifie que les murailles protégeant la civilisation ne vont pas pouvoir arrêter une invasion de barbares qui n’ont rien d’humain. Détruire l’humanité et la planète pour imposer une domination sans partage, c’est aussi la doctrine des barbares d’aujourd’hui. Ne trouvez vous pas que nos réactions et nos émotions ne sont pas vraiment en rapport avec le risque ? L’objet des interventions de Jean-Luc Mélenchon est d’informer et de former, mais nous risquons de ne pas être prêts à temps, il manque le sentiment de l’urgence à ces préparations.
marj
« Car si l’on ne peut rien sinon faire la guerre aux terroristes qu’aucune loi n’arrête, qu’est ce qui justifie l’indifférence à l’égard des responsables des morts au travail ou de la violence conjugale ? »
Je pense cette phrase tout à fait pertinente, par contre, résumer les attaques terroristes actuelles entre un conflit entre « islam moderne et islam fondamentaliste » (cf mchlbgh) me paraît un peu court. C’est oublier de rappeler que les fondamentalistes musulmans qui ont essaimé un peu partout, ont été financés par les pétromonarchies, nos alliées, avec l’appui au départ des USA (voir l’Afghanistan). C’est oublier les guerres (Irak, Libye) qui en ont été les terreaux et toutes les injustices dont ils se nourrissent. Bref, on assiste à la médiatisation des morts liés à « un monstre » qui a échappé, en quelque sorte, à ses créateurs, sans questionnement sur le pourquoi on en est arrivé là. Cela rejoint l’omerta sur les autres morts, ceux du travail, de la violence conjugale, sans compter tous les enfants qui meurent de faim à travers le monde pendant que d’autres se gavent. Les médias et ceux qui les dirigent choisissent leurs sujets et la façon dont ils les traitent.
CENTURION
Vos explications sur l’affaire Kerviel sont des plus limpides et, effectivement, il semblerait que l’affaire Kerviel puisse devenir l’affaire Société Générale. 0K, je vous suit pleinement. On peut imaginer Kerviel réhabilité et les requins de la SG condamnés eux a rembourser les 1,7 M. indûment perçus. OK ! Kerviel, génie de l’informatique retrouve son emploi a la SG ou dans une autre banque (il ne sait faire que celà). Et voilà que notre ami Kerviel recommence a spéculer éhontément (c’est son job). Il vous remercie pour cette nouvelle vie qui recommence pour lui et vous laisse « Gros-Jean comme devant ». Quelle claque si ce scénario devenait réalité. Quelle attitude alors adopter vis a vis de lui et de tous les autres traiders ? Sont-ils des héros des temps modernes ou bien des fossoyeurs des temps modernes ?
Francis
Il travaille aujourd’hui dans une société de conseil informatique. Au delà de l’homme et de ses faiblesses, c’est le système qui est en cause et qui doit être réformé en profondeur pour protéger l’épargne des déposants.
DOIDY
Ce n’est pas la première fois que le parti socialiste s’allie à la droite la plus dure pour empêcher un front populaire de changer l’ordre établi par et pour le capitalisme. Il fait même toujours ça à chaque période de changement dans l’histoire, c’est un peu bête de s’en étonner aujourd’hui. Mais cela veut dire qu’il va y avoir une bifurcation de l’histoire, à chaque fois aussi la révolution est réprimée par l’armée avec la plus grande violence. La gendarmerie crée en ce moment des brigades d’intervention partout sur le modèle du GIGN, la démocratie ne les intéresse que comme un outil de gestion technique des effets de masse et quand ça ne suffit plus… Condamner des syndicalistes c’est comme pourchasser des résistants, en tous cas ça commence comme ça dans l’histoire de la montée du fascisme. Même quand les ouvriers se mobilisaient par centaines de millier l’oligarchie a fini par décréter l’état d’urgence et faire arrêter le mouvement par l’armée et la milice. Tout va très vite, y a-t-il des historiens ou des anthropologues qui peuvent prévoir la prochaine étape ?