Cet article a été publié sur le site du journal Les Échos
Dans une tribune dans « Le Monde », ils défendent une confrontation avec l’Allemagne.
La fronde des économistes de gauche s’affirme face à la politique du gouvernement et à l’attitude de l’Allemagne. Dans une tribune publiée dans « Le Monde » , 80 économistes, parmi lesquels Michel Aglietta, Philippe Askenazy ou encore Benjamin Coriat, sonnent l’alarme et proposent une politique économique alternative.
Celle-ci se rapproche de celle défendue la gauche du PS quand les signataires vilipendent des pays européens « engagés dans une course mortifère à la compétitivité par l’austérité dont l’objectif se résume à prendre des parts de marché et des emplois aux pays voisins ». Ou quand le texte met l’accent sur une « demande interne clairement insuffisante » en Europe. Ou alors lorsque les signataires demandent « le redéploiement de sommes consacrées au Pacte de responsabilité, dont l’échec en matière d’emploi et d’investissement est patent ». La tribune appelle à un « nouveau pacte productif à la fois écologique et social » , une hausse de 10 % des salaires les plus faibles et à un plan de soutien de l’activité de 40 milliards d’euros.
« Le risque d’éclatement de la zone euro est réel »
Nouveauté, tous ces économistes se retrouvent désormais sur une ligne politique de tension assumée avec l’Allemagne, accusée d’être le fer de lance de l’austérité sur le Vieux Continent. « Les lignes ont bougé depuis un an, avec le dossier grec, par exemple », avoue Christophe Ramaux, maître de conférences à l’Université Paris I, un des coordinateurs de la tribune. « Il ne faut pas hésiter à risquer d’aboutir à une rupture avec l’Allemagne. L’euro lui bénéficie en lui permettant de dégager des excédents commerciaux en étranglant les pays du sud de l’Europe dont la France fait partie ».
D’où la proposition d’alliance avec l’Italie, l’Espagne ou le Portugal. Pour Xavier Timbeau, économiste à l’OFCE, « nous faisons l’analyse que le risque d’éclatement de la zone euro est réel. Certains d’entre nous le voient d’un bon œil, d’autres pas. Mais il faut rappeler à l’Allemagne qu’elle a beaucoup à perdre en cas de disparition de l’euro, notamment en ce qui concerne son épargne investie dans d’autres pays européens ».