Comme la mode semble être à comparer avec 2012 souvent au prix de quelques arrangements féroces avec la réalité, je crois utile de faire des rappels pour ceux de mes lecteurs qui seraient réellement inquiets. En fait, le déroulement actuel de mon agenda est l’exacte réplique de 2011. Je m’étais déclaré le 21 janvier 2011. J’avais déjà « proposé » ma candidature. Les mêmes qu’aujourd’hui, personnalités, journaux et directions politiques diverses avaient fait exactement les mêmes critiques venimeuses qu’aujourd’hui. À l’époque, la direction PCF en solo, sans crier gare et contrairement à nos accords d’alors, décida d’organiser un vote interne avec pluralité de candidatures. Rien de nouveau sous le soleil. Les communistes votèrent le 18 juin et m’investirent. Ils le firent sans aucun « grand débat » car on ne me permit pas d’approcher pour expliquer ma candidature.
Il n’y eut pas, à l’époque, de « programme d’abord », car la rédaction de celui-ci ne fut engagée qu’ensuite, à partir de la fin juin et jusqu’au mois d’août. C’est François Delapierre qui tenait le stylo. Le PG avait travaillé trois mois sous sa houlette pour préparer mille fiches programmatiques avant la rencontre avec les responsables communistes. Jacques Généreux qui participait au premier rang de la délégation pourra raconter s’il le souhaite ce qu’il faut savoir sur le refus du « revenu maximum » par nos interlocuteurs. Les mêmes s’alarment sur leur blog de l’amoindrissement qu’ils croient voir du contenu anticapitaliste de ma présentation du programme ! De son côté Martine Billard dans sa note de blog a parfaitement décrit quel alibi sans consistance est cette histoire du « programme d’abord » et autres sornettes sur les « grands débats » et autres « mille initiatives » qui n’existent que le temps du communiqué de presse qui les annonce.
Pour finir, la rédaction de L’Humain d’abord fut achevée en plein mois d’août ! Il fut présenté en public sans aucune consultation militante à la fête de l’Huma de septembre 2011. Il y fut mis directement en vente sans autre forme de procès. Je l’ai brandi sur la scène centrale, mais j’étais seul à l’avoir en main ! L’ensemble de la négociation sur les circonscriptions avait été réglée dès juin, après le vote des adhérents communistes, par une négociation directe entre les mandataires de chaque parti sans autre forme de consultation.
Telle est la version réelle du « collectif » tel que le pratiquaient les grands basistes qui m’accablent aujourd’hui. Personne à l’époque ne se plaignit que cette méthode n’était pas assez « collective ». Il y avait une raison à cela. Nous pensions, tous, que la désignation du candidat n’est pas le résultat mais le préalable qui permet de libérer tout le reste du travail politique à faire. Sinon tout reste prisonnier d’une compétition et de postures qui paralysent tout. Oui : le préalable. Car tout le monde avait le souvenir très vif des épisodes calamiteux de 2007 et de la débandade qui s’en est suivi ! La seule différence est donc pour l’instant que cette fois ci je n’ai pas eu au téléphone Pierre Laurent pour lui dire le jour et l’heure de ma déclaration. Lui-même ne m’a prévenu ni du jour ni de l’heure de la réunion collective où il a décidé d’être candidat en Île-de-France sans autre forme de consultation qu’un chantage à l’explosion du Front de Gauche. Il m’a obligé à intervenir pour l’appuyer face à des camarades survoltés et écœurés par ces méthodes venant après la honteuse réédition des municipales à Paris.
Mais quoiqu’il en soit, pour ce qui me concerne, tout le reste était su de lui. Tout. Je propose donc qu’on cesse les querelles de forme subsidiaires. Il ne sert à rien de me montrer du doigt comme le vilain « solo » de la couvée pour essayer de mieux vendre le « collectif » que représenterait la merveilleuse primaire de toute la gauche et son dessous de table crapoteux du partage des circonscriptions législatives. Car il ne faut jamais oublier cette dimension invisible de l’univers des primaires. J’ai entendu comme tout le monde Yannick Jadot dire que les circonscriptions seront réparties à l’exacte proportionnelle des résultats de la primaire. Ben oui, après avoir dû voter pour le vainqueur de la primaire, il faudra en plus faire campagne pour ses candidats locaux ou ceux des autres complices. Une véritable autodissolution de notre force.
La danse du ventre des injures, doublée de pathétiques appels à « Jean-Luc » au « collectif » dans le bulletin paroissial de la deuxième gauche qu’est Libération pour que je rejoigne la tambouille de la primaire rebaptisée « cadre collectif » ne m’impressionne nullement. Tant que ce cadre est celui de Hollande, tout est dit. Je sais que toutes ces gesticulations sont destinées à créer une rupture irrémédiable avec moi qui servira ensuite à justifier de nouvelles compromissions. Si la direction communiste choisit cette rupture avec moi, qu’y puis-je ? Une chose est sure : cette fois-ci, je ne pactise pas avec la ligne du compromis tous azimuts. Et je n’attends pas la fin de l’habituelle interminable séquence des tergiversations se concluant par les mêmes mélimélos incompréhensibles et illisibles. Je ne signerai pas la « charte minimum » à laquelle des milliers de communistes vont devoir se plier comme les y invite Pierre Laurent.
Le fond de l’affaire n’est donc pas dans la dialectique du solo et du « collectif », cette grossière mise en scène rhétorique. Il y a vraiment entre nous une divergence sérieuse sur cette primaire et sur la voie à construire. D’un côté la ligne du « rassemblement de la gauche » avec ses primaires de « Macron à Mélenchon » de l’autre, l’objectif de « fédérer le peuple ». La seconde est impossible dans le cadre de la première aussi longtemps qu’il s’agira de réunir sous une même étiquette des gens comme Valls, Macron, Hollande et leurs victimes chez les salariés. Dès lors, la formule « fédérer le peuple » se décline comme une ligne d’action globale. Elle doit se doter d’un instrument d’action et d’un programme.
Voilà pourquoi j’ai proposé à la coordination du Front de Gauche, avec d’autres et sans jamais avoir eu l’honneur d’une réponse, depuis janvier 2015 la construction d’un mouvement qui dépasse les anciennes structures et mette fin au système du cartel des partis qui a étouffé le Front de Gauche. Je n’ai pas réussi à convaincre de cette idée ni pour les départementales ni pour les régionales. Ensuite, comme tout le monde, j’ai été mis au pied du mur de la déclaration de « mort clinique » du Front de Gauche par le porte-parole national du PCF, en solo. Puis j’ai dû découvrir par la presse le ralliement sans condition ni délibération collective aux « primaires de toute la gauche ». Puis j’ai appris à la télé la non candidature « à l’heure actuelle » de Pierre Laurent et de celle « qui peut s’envisager » de Clémentine Autain, sans oublier la prise de position parmi tant d’autres inamicales et souvent blessantes d’André Chassaigne s’enthousiasmant pour la candidature de Christiane Taubira. J’ai donc compris que l’illisibilité des précédents épisodes était repartie de plus belle. Et j’ai pris mes responsabilités.
Je règle dans la forme comme dans les moyens toutes les questions que des centaines d’heures de discussion et trois séries d’élections perdues n’ont pas permis de régler. Je propose ma candidature, à tout le monde, j’impulse un mouvement d’action citoyenne, « la France insoumise », auquel tout le monde peut participer, je mets la réécriture du programme L’Humain d’abord en débat publiquement et ouvert à tous. Je dis « je » parce que je ne me réfugie pas derrière d’énigmatiques « nous » cache sexe, de fumeux « le collectif » pour désigner des petits cénacles qui se répartissent des rentes. Le mythe des grands appareils verticaux donnant des consignes à des armées de robots est mort. Nous avons fait vivre autre chose en 2012. La campagne a été accomplie par des dizaines de milliers d’anonymes non encartés. Je crois en l’auto-organisation et aux réseaux sociaux.
Et en même temps, j’assume mes responsabilités. Je les exerce avec l’amicale camaraderie de toute sorte de membres du Parti de gauche et des autres partis du Front de Gauche, de socialistes et de verts dissidents, de toutes sortes de cercles de militants sans carte et de très nombreux amis et camarades communistes, de syndicalistes et associatifs qui ne se sentent pas obligés de se pousser du col. Mais surtout avec des milliers de gens que toute organisation laisse indifférents et qui n’ont pas envie d’y être encartés pour agir. Dans les trois mois, je proposerai la convocation d’une assemblée représentative des signataires, des personnalités insoumises et des organisations politiques partie prenante de la démarche. J’ouvre la marche, bien entouré, bien accompagné. Je ne lis aucune des tribunes désormais quotidiennes des dirigeants communistes et satellite qui par leurs excès et leur agressivité condescendante cherchent à créer avec moi un fossé irrémédiable. Peine perdue : leurs bases ne suivent pas. Mais ils confirment ainsi à quel point le monde depuis lequel ils pérorent est loin de la réalité simple et populaire à laquelle je m’adresse et qui m’entoure. Les rebelles et résistants qui se joignent au mouvement de la France insoumise m’importent davantage et je suis fier d’avoir mérité leur confiance si tôt, si fort.
La liste des insoumis syndicalistes actifs dans les principaux récents conflits du travail actuels m’enthousiasme. Ils viennent parce qu’ils savent que moi je ne vais pas m’arranger avec ceux qui les ont persécutés. Cette semaine, ceux qui voient la destruction du code du travail sont heureux de ne plus rien avoir à faire avec les auteurs de cette incroyables régression. Ils savent que je ne suis pas allé rue de Solferino mendier mon strapontin dans les primaires. Ils savent comme moi que cette primaire finira en eau de boudin couvrant de ridicule tous ceux qui auront fait semblant d’y croire. Cambadélis a fixé au mois de décembre ou janvier la tenue des primaires. Qui a noté que les investitures internes pour les législatives du PS sont fixées au 17 décembre. Je fais un dessin ?