Je déplore que la vie médiatique soit devenue cette caricature de course aux clics et au buzz. Petit à petit, tout l’espace est dévoré par cette seule dimension du sensationnel et de l’instant à n’importe quel prix. Mais comme je suis pour ma part équipé d’un cerveau doté de mémoire (aussi longtemps que l’addiction au smartphone ne sera pas parvenu à effacer l’un et l’autre), je suis donc en état de jouir finement de l’avantage de me souvenir de ce que les uns et les autres disent, gribouillent, éructent, profèrent, fulminent, et ainsi de suite.
Que ce jour est suave de ce point de vue. Oui, comment laisser passer cette douce revanche sur les détracteurs permanents de mes positions sur la Syrie, la Russie et ainsi de suite. Que le journal Le Monde me pardonne la légère exagération/contrefaçon dont je me rends coupable avec le titre de ce post. Mais comme la méthode m’a été appliquée au fer rouge par maints de ses collègues, et parfois même par lui-même, sans que nul ne s’en émeuve, je crois donc que le coup est permis pour l’occasion. Il faut bien que le buzz tue le buzz, un jour ou l’autre. Quoi qu’il en soit dans mon cas je ne pars pas de rien. Lisez ces lignes, elles ouvrent l’éditorial du « monde.fr ». Lisez-les attentivement. Savourez-les. Elles sont pour beaucoup d’entre nous une revanche intellectuelle face aux partis de la propagande aveugle : « Grâce à la Russie, l’antique cité de Palmyre a donc été libérée du joug des barbares de l’organisation dite “État islamique”. Un pas important dans la lutte générale contre l’EI a été accompli, à plus d’un titre. »
Comment n’acclamerais-je pas cette publication ? « Grace à la Russie » !!! Ces premières lignes de l’éditorial du Monde font justice du numéro pitoyable de dénigrement de la meute après mon passage à « On n’est pas couché ». J’avais dit (éructé) que j’étais satisfait du travail des Russes quand ils ont coupé les voies de sortie de Syrie du pétrole de Daech vers la Turquie. J’avais glissé (asséné) que les Russes allaient régler le problème avec cette méthode. Aussitôt, la clameur médiatique horrifiée monta jusqu’au ciel tandis que le canon à boue fraîche se mit à tonner sans discontinuer de longues heures et même sur trois jours dans les divers bulletins confidentiels du PS et de quelques officines stipendiées. « Mélenchon félicite Poutine en Syrie » etc… Qui une fois recopié de journal en journal donnait « l’appui/ le soutien/ l’adhésion de Mélenchon à Poutine ».
Car évidemment Poutine, en plus d’être Poutine, ce qui est déjà beaucoup, en plus d’être ceci et cela de très abominable, Poutine était pour la propagande d’alors l’homme qui ne s’occupait pas de Daech mais de massacrer les opposants à Assad. Que les opposants en question soient eux-mêmes de noirs fanatiques religieux au point d’avoir été ensuite exclus du cessez-le-feu était une revanche trop difficile à expliquer. Mais comme je me souviens bien de Yann Moix et Léa Salamé, désolés d’être obligés de démasquer (révéler, décrypter) ma turpitude. Oh, leurs regards navrés : « Vous savez bien (et toc Mélenchon menteur et hypocrite) monsieur Mélenchon que les Russes se contentent d’attaquer les rebelles opposés à Assad » ; « sur trois cent opérations, à peine dix contre Daesch ». « D’où tirez-vous cette information, avais-je demandé (grogné, sursauté) ? » « De la presse », avaient répondu les innocents, stupéfaits qu’on leur pose une question qu’ils auraient pourtant dû eux-mêmes se poser avant ! On connaît la suite. Quand bien même avais-je répondu « non » à la question tout en nuance « alors, on laisse faire Poutine ? » de madame Salamé et ajouté qu’il fallait au contraire que ce soit l’ONU qui mène la sortie de crise avec une coalition universelle, rien n’y fit.
Peu importe. Je m’amuse de ces ridicules accumulés par mes détracteurs, sans du tout nier leur impact malveillant sur l’opinion des distraits. La même aventure m’est arrivée à l’émission « Le Supplément ». Je dis que la guerre là-bas se prolonge par des commandos ici, et que les attentats cesseront si la guerre s’arrête là-bas. La seule chose que trouve à dire Ali Baddou, trop cultivé et intelligent pour ne pas se rendre compte de ce qu’il fait, est : « c’est aussi simple que cela ? ». Je n’ai pas perdu une seconde à commenter la désinvolture d’une telle phrase (ben voyons, Ali Baddou, arrêter une guerre, c’est très simple, tellement simple que vous n’avez même pas pensé à me demander comment).
Sur ce même plateau l’autre journaliste parle à propos des terroristes de « combattants ». Je relève pour contester l’usage du mot ? La sainte confrérie corporative s’émeut : « Mélenchon s’énerve contre un journaliste » ! Et le procès ne sera ni pour celui qui nomme « combattants » des assassins, ni pour Ali Badou qui laisse dire sans réagir. Il sera pour moi. La dépêche AFP, d’habitude plus sérieuse quand certains ne sont pas là au desk, m’attribue un propos inventé de toute pièce. J’aurais dit « si on arrête de bombarder, les attentats cesseront ». Et y ajoute de son chef « c’est aussi simple que ça », phrase pourtant d’Ali Badou. Une pure invention qui est le contraire de ce que je dis et que j’explique (m’emporte, m’énerve, tonne) depuis des mois. Voyez le décryptage qui en a été fait dans cette vidéo ci. Une fois saisie, l’AFP met plus d’une heure à rectifier. Celui qui fait trainer la rectification doit bien savoir ce qu’il fait. Il n’en est pas à son premier coup avec moi. Car pendant ce temps la meute a eu le temps de se déchaîner sur l’os qui lui a été jeté. Seul Public Sénat aura l’honnêteté de retirer son article quand le rectificatif aura été publié. Tous les autres se foutent de la valeur de l’information qu’ils donnent comme d’une guigne. « Ce qui est dit est dit coco ! »
Pendant ce temps, la meute se déchaîne. Grâce à son logiciel « marabout-de-ficelle-selle-de-bois » la meute me fait dire que les attentats sont la responsabilité de notre pays ! Ce qui n’est pas mon point de vue, ce que je n’ai jamais dit et ne pense pas. Pas plus que je ne crois à la baliverne selon laquelle notre société serait « responsable des terroristes » voir les aurait « engendrés » comme Ali Baddou faisait mine de le croire, reprenant le propos du brave bourgmestre PS de Bruxelles et de combien d’autres ici même. Évidemment, cette faute professionnelle multipliée par autant de fainéantise et de goût du scandale me nuit. Il faut ensuite passer des heures à écouter des gens commenter ce qu’ils croient que vous avez dit sans s’impatienter et y répondre. A grand échelle, c’est une image qui est fabriquée de toute pièce dont j’aurais à me défendre des mois durant (« bien joué coco ! »).
Comme je refuse de céder aux intimidations de bien des groupes de pressions communautaristes (notez le pluriel, s’il vous plaît) je dois donc être placé dans la case pro-islamiste, quand bien même l’instant d’avant on m’aura traité de « laïcard » et l’instant d’après « d’ami des bombardements russes ». C’est tout bénéfice pour le système. En effet, je suis par-dessus le marché un partageux rouge. Donc nécessairement un fou dangereux favorable aux assassins. Et cela quand bien même pas un journaliste n’aura eu un mot pour contester qu’un d’entre eux appelle « combattant » un lâche meurtrier « terroriste ». Sur le plan de la vie des médias, je crois que je suis tombé sur une adresse où je dois peut-être éviter d’aller pour m’épargner des traquenards de cette sorte.
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