Interview publiée dans Reporterre le 3 juin 2016
Reporterre – Que représente l’écologie dans votre démarche ?
Jean-Luc Mélenchon – L’écologie, c’est le point de départ et le point d’arrivée. On ne peut plus faire de la politique comme avant, et comme moi-même j’en ai fait toute ma vie. Il y a un rapport au temps qui n’est plus le même. On pensait que, quoi qu’il arrive, on avait le temps. Mais la civilisation humaine est entrée dans une crise de l’écosystème et de l’augmentation vertigineuse de la dette écologique. Les événements climatiques extrêmes ne sont plus une probabilité, mais une certitude. Le changement climatique est commencé, ce n’est pas un futur.
Nous sommes dans des processus sur lesquels on ne peut pas revenir. La loi, la Constitution, sont des processus réversibles. Mais les conséquences de la dégradation des écosystèmes, elles, sont irréversibles. Cette dimension d’urgence irréversible doit être au point de départ de la campagne.
Il faut partir de ça, en tenant compte de qui nous sommes : ce n’est pas la même responsabilité quand vous êtes la sixième puissance du monde que lorsque vous êtes la cent-quarantième. Nous avons une responsabilité devant l’humanité universelle. Cela vaut pour chaque peuple, mais nous en particulier en tant que peuple éduqué, avec une capitalisation extraordinaire. L’éducation est importante, car cela veut dire que nous avons les gens pour faire la mutation de la matrice productive du pays.
Concrètement, qu’allez-vous proposer ?
La question, c’est comment allumer le moteur. Si on propose une réforme de la Constitution, ce n’est pas seulement pour abolir la monarchie présidentielle, mais aussi pour inscrire des droits nouveaux – qui deviennent aussitôt des devoirs pour tout le monde – avec parmi les principes fondateurs, la règle verte : la France se donne pour objectif de ne jamais prendre plus à la nature que ce qu’elle peut reconstituer. Les esprits simples et les rustres croient que cela signifie arrêter de produire pour revenir à la caverne et aux bougies. Non, c’est un défi technique et scientifique majeur. On peut y faire face si on se donne le premier des moyens : la planification.
La planification écologique, c’est l’outil de cette transition réussie. Si on se contentait de faire une politique de l’offre « écologiquement soutenable », je ne vois pas pourquoi le marché la sélectionnerait dans la mesure où la matrice productive à laquelle nous pensons est nécessairement plus consommatrice de capital et de travail que l’actuelle. La bifurcation écologique du modèle économique, dans un premier temps, consomme beaucoup de capital et de travail. Il faut donc y faire face et l’organiser. C’est-à-dire rapprocher les différents compartiments des activités qui vont y concourir : la formation, la main d’œuvre disponible, le capital à rassembler pour changer les processus de production, et la direction du travail.
Pour tout cela, il me fallait un objet d’appui, un point d’application, qui amène que l’aval justifie la réévaluation de l’amont. C’est la question de l’économie de la mer. Je pense que c’est un horizon extraordinairement stimulant pour la jeune génération technicienne. Je crois aux techniciens. Je connais la critique de Jacques Ellul : mais si je ne crois pas à la neutralité de la technique, pour autant, je ne condamne pas la technique.
Il faut transformer la matrice productive dans une dynamique créative qui se fait dans l’enthousiasme du savoir et de la recherche. Par exemple, si on fait des machines qui travaillent sur la différence entre le froid du fond des mers et le chaud de la surface. Il y a dans la mer soixante-quinze fois l’énergie nécessaire aujourd’hui.
Vous parlez souvent d’ « expansion », de « conquête », du potentiel des ressources naturelles, voire de « keynésianisme moderne ». N’est-ce pas contradictoire avec l’antiproductivisme que vous revendiquez ?
J’utilise les images qui me permettent de parler à l’esprit de mes contemporains. J’ai dit « keynésianisme » parce que cela renvoie à quelque chose qu’ils connaissent. J’essaye de crédibiliser une démarche, c’est pédagogiquement compliqué. C’est déjà beaucoup ce que je viens de vous dire, il y a de quoi être rangé sous l’étiquette des utopistes.
Nous y sommes habitués…
Vous, oui, vous êtes des lanceurs d’alerte, des éclaireurs, des déclencheurs. Moi, il faut que j’arrive à convaincre des gens de voter pour moi pour pouvoir le faire, et pas seulement pour le dire. Donc mon vocabulaire ne sera jamais exempt… je suis à la recherche des mots. Ce n’est pas simple : si vous dites « Entrer en mer », tout le monde trouve ça sympa mais personne n’y comprend rien. Donc je parle de conquête d’un espace nouveau, et une conquête n’est pas forcément une catastrophe.
Etre écologiste aujourd’hui, est-ce nécessairement une affaire de compromis avec la culture de gauche ?
Oui. Il faut la faire comprendre, la rendre intelligible, essayer de ne pas paraître fulminer des certitudes à la face du monde en attendant que tout le monde se prosterne devant. C’est un appel à réfléchir. Et moi, je me crois bien placé pour faire ça, parce que j’ai mon âge. J’ai connu un monde où respirer ne rendait pas malade, où on pouvait boire l’eau d’une rivière, où on allait d’un endroit à l’autre sans que ce soit partout pareil. Je sais que le monde dont je parle n’est pas une utopie. J’essaye de prendre toutes les images qui entraînent et qui convainquent, pas seulement la jeune génération qui est sans doute plus sensible que l’ancienne, mais aussi l’ancienne. A qui il faut dire que c’est le bon chemin, à qui cela bouscule beaucoup de certitudes et beaucoup de tranquillité – tellement qu’on ne peut pas tout passer en revue sinon on affole tout le monde.
Comme le nucléaire ?
C’est une question-clé, parce qu’elle engage la sécurité du pays. On ne peut pas accepter d’aller devant des événements climatiques extrêmes et faire comme si on ne savait pas que la centrale nucléaire du Blayais, à 50 km de Bordeaux, est condamnée à être noyée… On pourrait avoir le même raisonnement avec la centrale de Nogent, puisque nous sommes la seule capitale du monde qui s’offre une centrale nucléaire en amont du fleuve qui la dessert !
Je le répète, il s’agit de la sécurité du pays. Ce n’est pas une lubie qui me prend un matin, parce que je me suis réveillé en me disant que les écolos étaient sympas ou qu’il y avait des parts de marché – j’aimerais bien savoir où elles sont, d’ailleurs, ces parts de marché politique, parce qu’aux dernières élections présidentielles, ils ont fait 2 %.
Aujourd’hui, sortir des énergies carbonées, tout le monde a compris et dit oui, comme si c’était une opération dont la simplicité était telle qu’on pouvait tomber d’accord en cinq minutes. Par contre, quand on parle de sortir du nucléaire, toute la salle se partage en deux… Pourtant, ce n’est pas le plus compliqué. A condition de le vouloir. Je suis naturellement pour interrompre les grands chantiers dont celui de Flamanville et je ne suis pas d’accord pour qu’EDF s’occupe de construire une centrale de même nature en Angleterre. On a perdu un quinquennat pour rien en matière de nucléaire. Il ne faudrait pas en perdre deux, au risque de rentrer dans la zone rouge où la probabilité de l’accident augmente.
Parlez-vous de réduire les consommations d’énergie ?
(Silence) Je fais pas comme ça.
Mais le pensez-vous ?
J’ai déjà dit qu’on adoptait le scénario Négawatt parce qu’on n’en a pas d’autre à proposer qui tienne la route. Ce qui est important, c’est de fonctionner sur des choses concrètes. La radicalité concrète, ce n’est pas de rabaisser ses rêves, au contraire, c’est les faire entrer dans le réel. Donc, OK pour Négawatt, mais ça n’interdit pas de penser quant à soi.
Votre grand projet écologique pour la France, c’est donc la mer ?
Je plaide une cohérence. Petit à petit, j’amène mes thèmes. Je ne parle pas que d’économie de la mer, je parle aussi de changement radical du modèle paysan. Le retour à l’agriculture paysanne est une grosse question. Mes camarades me disent qu’il faut 300.000 paysans de plus, mais où on les trouve ? Personne n’a envie de se ruer sur ces emplois, vous avez vu ce que c’est que de vivre à la terre aujourd’hui ? Un paysan se suicide tous les deux jours, il y a donc bien une raison à cela… Réfléchir à une agriculture paysanne, c’est réfléchir à l’ensemble du modèle, mais aussi à la condition du paysan et de la paysanne de demain. Tout ça, on doit y réfléchir, c’est pour ça que je parle de planification, pour organiser et trouver ces 300.000 emplois. Il y a le même ordre de grandeur pour l’économie de la mer. Ça en fait du monde.
Mais dans le même temps, la population va augmenter et, à moins que vous comptiez en exterminer la moitié ou les empêcher d’enfanter, nous allons vers dix milliards d’êtres humains sur Terre. Et c’est peut-être l’aspect le plus curieux de mon plan : la révolution citoyenne commence dans les assiettes, car nous ne pouvons pas continuer à consommer un tel niveau de protéines carnées. Il va falloir une alimentation beaucoup plus végétalisée. Et les réponses, nous les trouvons en partie dans la mer avec les protéines qu’elle peut nous amener, pas par les poissons mais par les algues.
Comment inscrire une telle mesure dans un programme politique ?
Eh bien on l’explique !
Mais comment faire pour que cela ne soit pas pris comme une décision autoritaire ? La nourriture, c’est intime.
La loi est la loi. Dura lex sed lex [La loi est dure, mais c’est la loi, NDLR]. A un moment donné, on discute, on convient, on s’y met et on planifie. La révolution citoyenne, ce n’est pas un processus de décret, c’est un processus politique dans lequel il faut faire reculer des habitudes pour en créer des nouvelles.
Mais vous ne pouvez pas proposer de sortir des protéines carnées si vous n’avez pas reconstitué une agriculture paysanne capable de fournir les productions vivrières que nous n’avons plus dans le pays.
N’y a-t-il pas une part nécessaire de protectionnisme ?
Il faut déjà sortir des traités européens ! Dans les traités européens actuels, on ne peut pas faire de protectionnisme, fusse-t-il solidaire. Je suis partisan de rétablir un protectionnisme solidaire en Europe, dont la frontière est à convenir avec les pays d’accord avec cette idée. Le protectionnisme solidaire, cela veut dire empêcher des choses de rentrer et d’autres de sortir. Par exemple, les productions agricoles à vil prix déversées sur des marchés qu’on impose d’ouvrir par la voie européenne et qui ont tué toutes les productions locales qui n’étaient pas monétisées… C’est avec ça qu’il faut rompre.
Que pensez-vous de la possible candidature de Nicolas Hulot ?
Je ne peux pas être quelqu’un qui dirait du mal d’un de mes électeurs de 2012. J’ai beaucoup d’estime pour lui. Je pense que c’est un homme qui réfléchit, qui a une profondeur de réflexion. La première fois que je l’ai rencontré, j’ai été sous le choc de la qualité de notre discussion. C’est quelqu’un qui a du talent.
Il est moralement responsable, il sait qu’il exerce un magistère aujourd’hui. Peut-il continuer à l’exercer dans les conditions particulières de la féroce lutte de la campagne présidentielle ? C’est à lui de l’évaluer. Ce n’est pas seulement une féroce lutte, c’est une lutte qu’il faut envisager gagnante. Je ne sais pas s’il a envie d’être président de la République, avec ce que cela implique dans un pays comme le nôtre, nous verrons. Mais je n’en dirai pas un mot de mal. Et même si l’on devait être en désaccord, ce sera dans le plus grand respect de sa personne et de son combat.
Que pensez-vous de la consultation lancée sur Notre-Dame-des-Landes ?
On a un dossier mené de manière absurde qui, tout le long, sent le trucage. Quand les gens observent que malgré tout, la décision va s’appliquer, ils s’interrogent sur sa légitimité. Qui a le droit de prendre une décision aussi absurde et de la maintenir dans le temps ? Pourquoi ? Au nom de quoi ?
Si cette consultation se concluait par un « Oui », qu’en diriez-vous ?
Au nom de quoi le référendum est-il réduit à la population d’une zone qui aurait à connaître très directement soit de l’aéroport soit du passage des avions ? Dans les questions écologiques, n’y a-t-il pas un intérêt général en cause ? Il s’agit non seulement des impacts locaux de cet aéroport, mais aussi de toute l’organisation des transports. La consultation locale ne donnera pas une décision légitime, dans le sens où un Français qui se trouve à Paris ou à Strasbourg peut se sentir concerné par la déformation du plan de transport que cette histoire comporte.
Nous en sommes déjà à plusieurs décisions de justice. Et on va quand même faire un référendum. Cela veut dire que les décisions de justice ne sont pas ressenties comme légitimes ni par les gens qui continuent à manifester, ni par le pouvoir qui juge important d’organiser lui-même une élection. Donc, déjà, voilà un pouvoir qui a été disqualifié en cours de route.
Dans le processus de Notre Dame des Landes, on retrouve toutes les caractéristiques de la crise structurelle en profondeur de la démocratie.
Reporterre – Comment analysez-vous la situation politique du moment ?
Jean-Luc Mélenchon – On peut la résumer en disant que le pays est à un point de rupture. Soit ce point de rupture se constatera dans la sphère politique par l’adoption d’une motion de censure, lorsque le texte de la loi El Khomri reviendra à l’Assemblée nationale en juillet ; soit il se constatera par l’élévation du niveau de violences qui est déjà, me semble-t-il, assez élevé ; soit il se mesurera par un nombre croissant de secteurs sociaux mobilisés entrant dans la grève et dans la lutte. Mais en toute hypothèse, la rupture est marquée dans les esprits.
On peut dire que depuis quelques mois – en gros depuis le choix politique de la déchéance de nationalité – le peuple en France est travaillé sur ses fondamentaux, sur ce qui le lie et ce qui le constitue en tant que peuple politique. La déchéance de nationalité a touché à son identité et la loi El Khomri, à son organisation sociale. Et Nuit Debout pointe en quelque sorte la forme de ces institutions.
La conclusion provisoire de la séquence El-Khomri sur un « 49-3 » a été une espèce d’apothéose de cette conjonction. On voit que les institutions ont directement à voir avec la question sociale : on ne peut pas faire passer une loi anti-sociale, qui bouleverserait toutes les relations du pays, qu’au moyen d’un argument constitutionnel – qui n’existe que dans notre pays – où l’on déclare une loi adoptée sans débat, sans amendement, sans majorité.
Qu’est-ce que Nuit Debout, selon vous ?
C’est une des formes d’expression de l’épuisement des institutions et de leur mise en cause sous une forme nette et populaire. D’où vient la légitimité du pouvoir ? Qui peut rendre une décision légitime dans un pays ? On ne parle que de cela.
Je pense depuis le début qu’ils ont eu raison de ne pas vouloir être représenté, parce qu’un tel mécanisme les aurait divisé, et la division aurait limité la force propulsive que contient ce mouvement.
Il ne faut pas l’idéaliser : ce n’est pas la Nuit debout qui va changer le pays, les institutions, les règles sociales. Mais c’est un formidable « cratère de volcan », du volcan insurrectionnel de notre pays.
Quelle suite voyez-vous à Nuit Debout ?
Je ne sais pas, et par définition, personne ne peut le savoir. Les mouvements révolutionnaires – et celui-ci en est un – ne sont pas définis par leur forme d’expression, ce n’est pas la taille de la place de la République qui détermine le caractère révolutionnaire de Nuit Debout. C’est ce qu’elle porte, ce qu’elle dit dans les interstices de la société où elle passe et dont elle écarte les lèvres.
Ce sont des phénomènes qui répondent à des lois d’organisation qui ne sont pas celles de la société politique traditionnelle. Ma thèse est que la révolution citoyenne est commencée en France.
C’est-à-dire ?
C’est un processus qui ne correspond pas aux formes traditionnelles des anciennes révolutions socialistes qui étaient toutes entières concentrées dans un moment, qui durait plus ou moins longtemps. Les processus de révolutions citoyennes sont plus lents, plus profonds. Ils se propagent dans toute la société et sont donc à distance des coups. Ils ont cette caractéristique de remettre en cause, en même temps, toutes les autorités.
A un moment ou à un autre, ils passent par un point que j’ai appelé « Qu’ils s’en aillent tous », d’après le mot d’ordre qui avait éclaté, pays après pays en Amérique latine, « Que se vayan todos » et qu’on a retrouvé en Tunisie sous le vocable « Dégage ».
Et ce point de « Dégagez tous », nous nous en rapprochons en France. Pas qu’en France d’ailleurs, car nos pays voisins sont, eux aussi, en proie à des remuements – comme on disait dans le passé – des commotions que la lourde et pesante machine médiacratique a le plus grand mal à contenir. Ce mouvement est d’abord le ressenti, dans une population hautement éduquée, de l’absurdité des décisions prises. Autrefois, on pouvait gruger, sidérer, abrutir le peuple. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus difficile, ne serait-ce que parce que la liberté publique est garantie par la force des réseaux sociaux.
Vous avez refusé de participer aux processus des primaires à gauche. Pourquoi ?
Ma candidature est un raisonnement politique, ce n’est pas le résultat d’un hubris personnel. Je refuse le mécanisme des primaires depuis longtemps, Cela ne me prend pas maintenant comme un argument de circonstance, j’ai expliqué ça longuement dès 2007 : les primaires sont un tamis social et un tamis idéologique qui se termine à la fin pour unique référence sur « Qui va être présent au deuxième tour ? » et, donc, on essaye de le savoir en lisant les sondages… Une primaire est un exercice d’amnistie pour dirigeants socialistes, cela ne peut pas être autre chose.
Ce n’est pas pour rien que j’ai dit que je proposais ma candidature, et non que je la déposais. Ceux qui ont cru habile de m’imputer une décision solitaire se retrouvent maintenant pris dans leur piège ! Parce qu’ils ont transformé en décision ce qui était une proposition. Et, volens, nolens [qu’on le veuille ou non, NDLR], ils ont accéléré la prise de conscience de tous ceux qui se sont trouvés confrontés à cette alternative : est-ce la primaire qui a raison ou est-ce Mélenchon qui a raison de la refuser ?
Je la propose aux citoyens, aux organisations. Et la réponse m’est venue de cent dix mille personnes. C’est un chiffre raisonnable. Après quoi arrivent cent cinquante maires qui – un an à l’avance – acceptent de parrainer ma candidature. Qui a décidé que j’étais seul ? Deux mille syndicalistes ne comptent-ils pour rien par rapport à quarante belles personnes qui ont signé un appel à une primaire dans laquelle il n’y en a pas deux qui ont la même idée sur ce qu’il y a lieu de faire ?
N’y a-t-il pas une contradiction d’applaudir la non-représentation à Nuit Debout tout en proposant sa candidature, sans vote ni discussion ?
C’est une élection présidentielle, ce n’est pas moi qui ai choisi, ce sont les institutions. De toute façon, il faudra trouver un candidat. Mais le plus difficile n’est pas de trouver un candidat pour la présidentielle, c’est d’en trouver 571 pour les législatives. Et là, curieusement, plus personne ne parle de primaires.
Une élection présidentielle est une élection globale et totale. Elle va transformer tout le monde. Il y a plusieurs manières de l’aborder. L’un est de dire qu’un certain nombre de notables et de partis font monter sur le pavois l’un d’entre eux – si possible celui qui n’ennuie personne – et la question est réglée. Les gens n’auront plus qu’à admettre que c’est une bonne candidature.
L’autre méthode consiste à dire : « Il s’agit de convaincre », et ce que nous avons à faire convaincre n’est pas simple à comprendre. On ne va pas simplement faire un catalogue para-syndical de mesures. Ma position est qu’il faut proposer – et mener, une fois élu – une politique de révolution citoyenne, qui va conduire entre autre – excusez du peu –,
- Un, à changer toute la règle constitutionnelle,
- Deux, à commencer, si possible de manière irréversible, le changement de la matrice productive du pays.
Je ne crois pas qu’une opération comme cela se réalise en quatre mois, dans la fureur et le fracas d’une élection où vont arriver d’un seul coup les trois pachydermes habituels – le FN, Les Républicains et le Parti socialiste – et leur énorme machinerie médiatique, dont je voudrais rappeler l’incroyable capacité à faire voler en éclats tous les débats importants… Comme lorsque, en 2012, je m’épuise à expliquer ce qui est en train de s’annoncer avec les traités budgétaires européens et que France 2 lance le débat sur la viande hallal dans les cantines. Et qu’il tient sur ce débat jusqu’à la date du vote…
Pour faire ce que nous avons à faire, il faut partir de loin. Et je suis fasciné de voir comment des gens se cristallisent sur la personne qui porte la candidature, sans dire un mot de la méthode de combat. Je finis par trouver que ce débat, peut-être, en masque un autre. C’est l’impuissance à penser comment subvertir la société pour lui faire adopter un autre projet. La résignation à avoir perdu d’avance en en cherchant des prétextes des plus divers. Excusez-moi de me sentir une certaine légitimité, parce que la dernière fois, quatre millions de personnes ont trouvé que ça valait la peine de voter pour moi, parce que j’ai un programme, qu’il y a une procédure ouverte à laquelle tout le monde peut participer et qu’enfin, il y a des gens qui m’ont rejoint.
Propos recueillis par Barnabé Binctin et Hervé Kempf
41 commentaires
Invisible
Dimanche, lors du meeting place Stalingrad, vous avez parlé d’instaurer le referendum révocatoire. Hors, il se trouve que celui-ci est à double tranchant. Il me semble qu’en Amérique Latine, nos ennemis veulent l’utiliser pour sortir les élus socialistes ( au sens bolivarien). Par leur puissance économique, ils créent les conditions de l’insatisfaction des populations et appuient sur ce levier pour susciter un rejet des élus. Je me demande si nous avons intérêt à tout vouloir changer, à suivre des modes. Finalement, ne serait-il pas mieux de défendre les structures démocratiques nées de notre histoire ? En 1789, ils avaient super bien conceptualisé les choses. Ne les laissons submerger par des illusions qui font « modernes » !
gswan
Et si nous bifurquions du modèle productiviste actuel, ce qui n’a pas été tenté dans les pays dont vous parlez, que deviendront les moyens du genre de sabotage dont vous vous inquiétez ?
Il y a une immense différence entre des pays qui regorge de ressources techniques comme le nôtre et des pays démunis d’expertise technique face à la main-mise des puissants et de leurs systèmes de production. Il est extrêmement difficile pour ces pays de se défendre parce que le peuple, tout mobilisé qu’il puisse être derrière ses leaders et leurs velléités souverainistes, n’est pas en mesure de remplacer le personnel affidé aux grands capitalistes propriétaires (ou ex-propriétaires) des moyens de production « lourds ». Je ne parle même pas de la corruption profondément incrustée dans les structures de pays qui sortent souvent d’une relatif sous-développement. En France nous n’avons pas du tout ce problème, nous savons tout faire et les corrompus sont essentiellement dans le gratin que nous ambitionnons de nous débarrasser.
JP77
Le référendum révocatoire est un point important du programme. La nouvelle constitution devra veiller à empêcher la main mise de l’argent sur les media. Oui vaste, mais indispensable, programme. Il me semble que c’était le cas au sortir des années 40. Ainsi que la « circulation » (qui donne quoi, combien) de l’argent pour soutenir des mouvements de masse. Les exemples ne manquent pas. Chili d’Allende, Pologne de Lech Walesa, probablement l’Ukraine. Quant à l’Afrique Centrale ! Il y a un permis à points pour conduire, devrait aussi y avoir un permis à points pour les cartes de journaliste. Lenglet y aurait récemment perdu quelques points.
Vega
Vous avez raison de poser cette question et à mon avis il faudrait en effet un peu plus réfléchir sur les structures démocratiques à consolider et à créer, pas seulement au niveau politique mais à tous les niveaux et il y a des propositions dans ce sens dans le programme L’Humain d’abord et dans les propositions de projet sur le site jlm2017. Il y a aussi des modes opératoires de coopératives dont on pourrait s’inspirer.
Le référendum révocatoire n’est qu’un élément parmi d’autres pour permettre plus de démocratie. Mais tant que l’oligarchie fera la loi, il n’y aura pas de démocratie. Notre premier acte démocratique sera de lui enlever tout pouvoir et tout moyen de domination sinon tout le reste ne suivra pas.
Doctor Spoutnik
Ouais, et bien personnellement, j’ attend plus que du blabla. Je veux des chiffres qui prouvent et qui démontre que vous connaissez le sujet. Le coût des infrastructures à créer, le coût des défiscalisations des heures ou si y a un régime spécial pour l’emploi de main d’oeuvre agricole pour les paysans, enfin du concret quoi. Je dis ça, c’est dans votre intérêt vu que je vous soutiendrai sans doute. Les trois quarts des posts que je lis contre vous, vous reprochent le manque d’information chiffrée et les autres partis FN, LR, PS, Macron n’en n’ont pas vraiment non plus. Donc bon, il serait bien de commencer à cracher du lourd, du vrai, des chiffres et partir sur la base du rapport de la cour des comptes 2015, histoire de convaincre et de proposer autres choses qu’un dialogue creux qui donne des lignes directrice, mais sans aucune démonstration, ni explication du comment.
Pour convaincre en 2017 il faudra autres chose comme vous dites que la politique de nanar habituel et surtout couper avec cette étiquette d’extrême gauche qu’on vous colle, parce que par exemple je me sens pas particulièrement dans la lutte ouvrière, ni appartenant au Front de gauche, donc ça serait encore une fois dans votre intérêt de couper court à un populisme dépassé. Quand je regarde nombreux de vos discours et celui de la place Stalingrad du weekend dernier notamment et qu’en fin de meeting vous nous collez la lutte finale machin, franchement je trouve ça tellement ringard et décalé je me dis…
Invisible
Rien ne les empêchera de nous coller des étiquettes ! C’est leur façon biaiseuse de faire de la politique par la médisance généralisée, les allusions schématisées et qui effraient le populo. C’est aussi leurs structures mentales et leurs fantasmes des cercles huppés du bois de Boulogne. On va pas s’enquiquiner la vie à cause de toutes ces giclures qu’ils vont nous ménager ? Nous sommes de gauche, soyons de gauche ! C’est tout. A quoi bon lire les posts de ceux qui ne cherchent qu’à nous évincer ? Jamais ils ne changeront d’avis ! Quant aux chiffres, pardon, on peut toujours en produire. Qui ira vérifier ? C’est le rituel de toutes les campagnes électorales.
Francis
En même temps tous ceux qui ont donné des chiffres nous allègrement baladé. C’est la volonté politique de changer les choses et la justesse des solutions proposées face l’urgence qui importe. Les financements sont disponibles. Il faudra simplement réorienter les budgets.
AF30
Et moi je me dis qu’il y a une différence entre la modernité et la mode. Oui effectivement beaucoup dont je suis pensent que la lutte finale machin, comme vous dites, n’est pas un concept suranné. Les exploités n’ont pas choisi leur propre exploitation, ils la subissent simplement. Quant aux chiffres je reprendrai ce qu’en disait Acrimed à propos du sieur Lenglet, un fameux économiste bien dans l’air du temps : « Les chiffres ne mentent pas, mais les menteurs adorent les chiffres », aurait en substance résumé l’écrivain américain Mark Twain. Si deux et deux font toujours quatre, il existe en effet plusieurs façons de manier l’arithmétique. La première relève d’une démarche scientifique : on avance une hypothèse, on rassemble des données, et on parvient soit à la validation de l’hypothèse, soit à une indétermination — auquel cas la réflexion doit être affinée. L’autre méthode consiste à partir d’une idée préconçue, et à organiser les données de façon à en suggérer la confirmation par les « faits ». Ce type d’acrobatie statistique a désormais un expert : François Lenglet, directeur du service « France » de France 2.
JeanLouis
Moi je soutiendrai surement, et je soutiens d’ailleurs depuis avant 2012, mais je suis un peu comme vous, non pas sur les chiffres mais sur la nécessité de commencer à peindre les grands axes du programme de manière un peu plus concrète. Je sais bien sur que le programme est en cours d’élaboration de manière participative, mais quand même je pense que nos concitoyens moins avertis du calendrier ont besoin que du concret soit martelé. Convaincre une majorité suffisante va être un long chemin, faire comprendre par exemple que des marges de manœuvre budgétaires existent va être compliqué, il ne suffira pas de dire « faites des projets, l’argent j’en fais mon affaire »
Vega
Le gouvernement et l’UE ont plein de chiffres dans la tête et qu’est-ce qu’ils font avec ? Vous croyez que les chiffres sont des garanties? Il est temps de passer à plus d’idées et moins de chiffres car c’est ce qui nous manque le plus. Les grandes révolutions ne se sont jamais faites à partir de chiffres mais plutôt à partir d’une utopie ou d’une vision à long terme.
PIETRON
En guise de blabla, @spoutnik se distingue. Il ne confirme qu’une chose c’est que la finance (le capital) a réussi une chose vitale pour elle, c’est de mettre, hélas, dans les tètes, dont la sienne, que le monde ne vaut que par l’économie et que la politique n’est que partie secondaire. Et pourtant la première des choses à remettre au gout du jour c’est bien la politique au 1er plan. Car la politique ne recouvre pas, loin de là, que les chiffres, mais bel et bien quel type de société doit prévaloir dans l’intérêt général. L’intérêt général ne peut être le capitalisme libéral, ultralibéral, ou néolibéral, par définition. Une société de classes est inexorablement condamnée à l’inégalité totale, fut-elle aménagée. C’est donc bien le socialisme abolissant les barrières de classes qui est en mesure de convenir à l’intérêt général.
La priorité est la direction politique: fiscalité, banques, institutions, organisation du travail, liberté d’expression des salariés, réduction du temps de travail, salaires, garanties sociales, protection sociale… tout cela l’économie globalisée, par la politique, se l’est approprié au profit d’une minorité. Inverser en profondeur ce fait, passe par l’évocation de l’intérêt général certes, mais et surtout par l’affirmation de la nécessité de prendre des décisions politiques qui permettent, dans les domaines précités, d’inverser complètement la réalité. Et cela passe par la réappropriation sociale d’un levier qui le permet: « le…
Sandeau
Votre discours dimanche place Stalingrad est d’une qualité exceptionnelle où l’essentiel a été dit et très bien résumé. Je pense que votre campagne électorale est enfin démarrée. J’entends en tous les cas depuis peu dans mon entourage votre nom circuler beaucoup plus qu’avant ce qui est très prometteur. Le fruit sans doute de votre détermination et des efforts concernant l’éducation populaire promue depuis 2005 lors du TCE point d’orgue de notre combat citoyen. Bonne chance et bon courage.
Henri
Jean-Luc Mélenchon me donne enfin une raison de me réconcilier avec l’élection présidentielle.
Nadia Moisset
Je pense qu’effectivement ce rassemblement de Stalingrad dimanche est le point de départ « d’une nouvelle étape » du mouvement lancé par Jean-Luc Mélenchon si j’en juge par les commentaires nettement moins condescendants, voir très positifs entendus sur les chaînes de radio et de télévision, y compris dans l’émission « C’ dans l’air » que j’avais cessé de regarder tant elle était limite haineuse à l’égard de notre gauche et de Jean-Luc Mélenchon. Y. Calvi et son aréopage de « spécialistes » observateurs de la vie économique et politique de notre pays, dans un format intitulé « Mélenchon veut le pouvoir » ont, à ma connaissance, pour la première fois fait un débat relativement objectif et plutôt positifs sur le contexte et la ligne politique défendue par Jean Luc. Une première, qui prouve que les temps changent, que la ligne politique défendue par notre candidat commence à faire évoluer les idées, même si il y a loin de la coupe aux lèvres et qu’il nous faudra faire avancer nos idées pied à pied y compris auprès de nos partenaires historiques de la vraie gauche. Un an pour réussir à entraîner nos concitoyens.
Herté07
Jean-Luc Mélenchon ne devrait pas propager le catastrophisme médiatique sur le réchauffement climatique. Par exemple le GIEC prévoit une augmentation du niveau de la mer de seulement 30 cm par siècle, pas la peine d’en rajouter !
Il faut aussi ne pas confondre émission de CO2, qui est la nourriture des plantes (source), et émission de polluant aux risque de répéter le scandale du diesel favorisé par un bonus malus uniquement basé sur les émissions de CO2.
Pour ce qui est de la « règle verte » la proposition sur ce que nous pouvons prendre à la nature doit se doubler par une proposition sur se que nous pouvons rejeter.
DELORME Claude
Bonjour Jean-Luc,
je voudrais insister sur un point qui me semble sous-estimé. Si comme nous le disons la transition énergétique est vitale pour la démocratie, alors la question de savoir qui ? produit quoi ? pourquoi et comment ? est la question politique au cœur de la vie des gens dans leur travail quotidien. Avoir la main sur cette politique là relève à la fois de « l’implication politique radicale » immédiate des producteurs–citoyens et du temps long de la planification écologique. L’entreprise en tant qu’institution principale du système capitaliste et le droit de propriété lucrative sont à détrôner. L’institution « entreprise » est au cœur de la transformation sociale pour une 6° République sociale.
La république devra se doter d’un nouveau Sénat, représentatif du monde du travail, qui aura pour tâche de valider la planification écologique, valider la règle verte et de s’assurer en retour de la faisabilité concrète, de la qualité de l’organisation du travail et de la sécurité sanitaire du pays. Ce nouveau sénat pourrait être l’émanation d’assemblées sénatoriales départementales. Ces assemblées exerçant un pouvoir de proximité à une échelle territoriale qui permette la prise en compte de la diversité des approches et le développement autonome des entités de productions et de services, c’est à dire l’autogestion des entités de productions et de services, pleinement intégrés au cadre de décision national.
Bien à vous.
Laurent C
Ok pour l’essentiel du programme !
Un bémol, le scénario « négawatt ». Il existe des scénarii plus réalistes, notamment « négatep ». Economie et efficience énergétique (+ renouvelables, etc.) oui, mais aussi satisfaction des besoins (bon nombre de nos concitoyens en sont privé). Sortir du nucléaire, pourquoi pas ! Mais en bon ordre et surtout sans rendre l’énergie (vitale) inaccessible en coût. L’urgence, c’est de s’affranchir des énergies carbonées.
Fraternellement
JeanLouis
Il faudra tellement de temps pour sortir du nucléaire, en bon ordre comme vous dites, qu’il faut commencer le plus tôt possible. C’est donc aussi une urgence compte tenu des problèmes potentiels de sécurité.
Bertrand
Bonjour, il me semble que pour extraire du minerai d’uranium, le transporter et finalement le traiter il est nécessaire d’employer des énergies carbonées. Quand au coût il est artificiel car rien que le démantèlement en fin de vie est mal évalué. La surveillance des déchets est sur plusieurs générations, ainsi que son coût.
Marcel
Je soutiens (depuis 2010) votre projet Mr Mélenchon. Vous avez fait un parcours sans fautes notamment depuis votre entrée en campagne avec jlm2017. Si je pense que vous avez de réelles chances de l’emporter cette fois-ci devant n’importe quel autre candidat, c’est pour une raison majeure qui vous distingue radicalement de tous les autres. Vous êtes le seul à proposer en cas de victoire une constituante et surtout élément déterminant vous avez affirmé qu’une fois que la nouvelle constitution serait élaborée et votée vous étiez prêt à rentrer chez vous. A mon avis c’est cela qui vous permettra de rassembler une large majorité au delà des clivages politiques. Ce n’est pas que je considère ce retrait comme indispensable mais il me semble que la mise en valeur systématique de cet élément dans votre programme vous donnera une force déterminante. Je me permet d’insister sur ce détail car vous ne le mentionnez pas dans tous vos discours et c’est dommage. Pour conclure je vous suggère de détailler plus la mise en place de la constituante et les conditions qui rendront possible et crédible votre décision de vous retirer à ce moment là. Merci pour tout.
sergio
Oui et non, @ Marcel. L’élection présidentielle est un moment clé de la vie politique du pays. Si les électeurs n’ont avant tout que ce message de retrait de l’élu une fois que la constituante aura réécrit un texte fondant la VIe République, beaucoup peuvent redouter la période transitoire à venir. Bien sûr la monarchie présidentielle sera enfin enterrée mais l’élu doit rester pendant un bon laps de temps le garant et le responsable de la paix civile et de la justice sociale. Je ne suis absolument pas sûr que l’électorat de la France profonde soit rassuré à l’idée d’un candidat qui met en avant son retrait après la constituante. Ne serait-ce parce que les esprits sont conditionnés par des décennies de régime présidentiel. Prudence et bon sens à mon avis sur ce sujet.
Sinon, bravo pour Stalingrad 2016 et ce défilé des dizaines façons d’être insoumis aujourd’hui et depuis Hollande et Sarkozy. Bravo à ses insoumis. Ravi d’y avoir été. Bravo enfin pour le discours synthétique, clair et rassembleur de Jean-Luc.
Henri Aubertot
Je suis frappé par le haut niveau d’intervention des commentaires au sujet de l’écologie, personnellement je pense que pour entamer cette campagne c’est le bon angle d’attaque sans oublier le reste notamment et surtout la vie quotidienne des gens, je crois que lorsqu’on se débat avec les difficultés de la vie bon nombre de nos concitoyens pense que l’écologie ce n’est pas la priorité. Il faudra convaincre, mais on peut faire confiance à Jean-Luc Mélenchon pour son sens de la pédagogie.
Paysannerie71
« Inondations : la responsabilité oubliée des sols agricoles »
Je profite de l’espace des commentaires d’un post au titre évocateur pour ajouter de l’information suite aux mensonges de Céline Imart et de la réponse de Claude Buchot. Dans les urgences de la modification de l’agriculture, il en est une directement liée au actualités et malheureusement aux futures actualités. Il s’agit des inondations meurtrières de plus en plus fréquentes et de la responsabilité directe de l’appauvrissement des sols agricoles et de la détérioration de leur fonction dans la gestion naturelle de l’eau. Je vous laisse lire ce passionnant, incontournable et éclairant article. A bon entendeur…
semons la concorde
Excellent article, et bien d’actualité. Ce ne sont pas les belles paroles des politiciens ni les indemnités des assureurs qui sauveront notre territoire, mais bien la réorientation de la politique agricole et l’investissement en matériel humain, en savoir-faire, en projets utiles et écologiques.
Roland
Il est urgent d’annoncer, de proposer de sortir définitivement du nucléaire militaire. Il faut impérativement démanteler notre arsenal nucléaire, même si nous devons être les seuls. Sur la planète actuellement l’ordre de grandeur de la puissance destructrice par l’arme nucléaire c’est dix mille fois Hiroshima.
Par contre abandonner de façon dogmatique le nucléaire civil et la recherche liée à la fusion c’est se priver (peut être) d’une source abondante d’énergie. L’abandon en 96 de Super Phénix n’a fait que retarder la recherche sur la fusion. Le problème des centrales actuelles c’est celui des déchets, problème qui serait (oui c’est un conditionnel) résolu par la fusion. Savez-vous quelle est la superficie anéantie sur la planète par les lacs de barrage ? Elle est colossale, et le barrage des Trois Gorges en Chine n’est qu’un exemple parmi une centaine d’ouvrages qui détruisent terres fertiles, forêts, villes et villages. Il est impératif aussi de garder dans le champ public tout ce qui a trait au nucléaire et à la recherche.
Prétendre que les éoliennes, le solaire, les courants marins vont satisfaire nos besoins d’énergie c’est de la démagogie sauf à dire que l’on s’inscrit dans une optique disons de décroissance. Ce serait plus honnête…
semons la concorde
En matière d’énergie, tout est à repenser. L’énergie de la mer n’est qu’un de ces piliers. Il y a mille et un domaines de recherches scientifiques pour trouver des solutions. Encore faut-il favoriser notre recherche et ne pas brader les entreprises de pointe de notre pays pour nous livrer pieds et poings liés aux américains et au Quatar.
Francis
N’oubliez pas dans votre énumération les espaces détruits pour des centaines d’années autour de Tchernobyl et Fukushima. En fait il faut avoir une vision globale du problème. A savoir économie d’énergie par la mise en conformité des bâtiments anciens, promotions dans le neuf des bâtiments à énergie passive, développement des nouvelles techniques de production, utilisation des installations hydrauliques existantes, promotions des appareils économes. Il n’y a aucun dogmatisme dans la nécessité d’abandonner le nucléaire civil. La plupart des centrales en fonctionnement arrivent en fin de vie. La prolongation de celle-ci nécessitera des investissements colossaux (pour maintenir des centrales fatiguées). L’EPR démontre ses limites et la filière nucléaire est dans un état « compliqué » pour ne pas dire plus. En fait l’abandon progressif du nucléaire est une chance pour notre pays car il permettra de développer des filières propres et génératrices de nouveaux emplois qualifiés.
Nicks
Il serait pour le moins imprudent, sinon assez stupide, de nous passer de notre dissuasion nucléaire sans avoir pu lancer des discussions et vu des avancées à propos d’un désarmement global. On peut avoir des positions sur une géopolitique alter-mondialistes sans être complètement naïf. Par ailleurs, sur le plan environnemental, la priorité est à mon sens de sortir des énergies carbonées et de tendre vers un démantèlement des centrales nucléaires aussi rapidement qu’il l’est possible. Cela ne veut pas dire abandonner la recherche pour autant, qu’elle se situe dans la physique nucléaire ou dans les énergies renouvelables.
sam
Abandonner le nucléaire militaire serait une grossière erreur. Actuellement la France est une des plus grandes puissances militaires du monde notamment grâce au nucléaire militaire (Top 3). Si nous suivons cette voie, il est clair que notre soumission à Washington sera d’autant plus grande. En plus de cela, notre complexe militaro-industriel est un des plus performants du monde. Donc, abandonner le nucléaire militaire serait vraiment, mais vraiment un désastre pour l’économie de la France et son indépendance. J’espère que Jean-Luc ne prendra pas cette position car c’est totalement irréaliste. A moins de vivre dans un monde utopique où tous les pays du monde entier suivrait « la voie ouverte par la France », ce n’est clairement pas possible, on se ferait bouffer au niveau international.
Par contre, admettre la fin du nucléaire sur un temps long (20 ou 30 ans) pour le remplacer par quelque chose d’équivalent au niveau énergique parait réaliste. J’insiste bien sur le terme « d’équivalent », car cela ne sert à rien de fermer nos centrales pour produire moins d’électricité. De ce point de vue, les recherches récentes sont très intéressante puisqu’apparemment les hydroliennes ont des capacités de production impressionnante. En plus, notre parc nucléaire est vieillissant, ce serait le bon moment.
CENTURION
J’avais, sur le blog précédent, attiré l’attention sur cette interview de Jean-Luc Mélenchon par Reporterre détaillant la place de l’écologie dans le programme du candidat. Magnifique et courageux !
Effectivement, nous sommes sur la bonne voie. Et pour ceux et celles qui a l’instar de @Chevalier Jacqueline, pensent que la meilleure façon d’aller au combat passe par une primaire, une petite information qui risque de faire boule de neige. La fédération Communiste des Deux Sevres a officiellement choisie d’être derrière Jean-Luc Mélenchon pour 2017. Son secrétaire départemental Bruno Bonin déclare : « Nous nous engageons dans la campagne de Jean-Luc Mélenchon ». Gérard Epaulet, maire communiste de Germond-Rouvre a apporté sa signature : « C’est le seul candidat qui tienne la route ». Les communistes commencent a bouger. Les écologistes, a n’en pas douter, vont leur emboîter le pas. Seul bémol, mais de taille, la position finale de Nicolas Hulot.
59Jeannot
Nicolas Hulot ne s’engagera pas dans la course à la présidence, ce pour la même raison qu’en 2012, à savoir que son action écologique est financée par de gros sponsors qui verraient cela d’un mauvais œil. En effet, si on admet que l’écologie ne peut être de droite compte tenu du temps long nécessaire à son évolution, son implication dans une campagne écologique irait à l’encontre des intérêts des sponsors qui pourraient cesser leurs subventions.
André
On peut aussi penser que Nicolas Hulot est prioritairement un militant convaincu et soucieux de l’efficacité des thèses qu’il expose et en particulier de l’urgence d’enrayer la destruction de la planète et que dans ce cas compte tenu de son engagement précédent et du récent positionnement de Mélenchon à son égard il est susceptible de renouveler son engagement pour et pourquoi pas avec Mélenchon. Il est clair en tous cas que si Nicolas Hulot décidait de se présenter contre Mélenchon la faisabilité du projet de changement qu’ils partagent trés largement et auquel l’opinion adhère de plus en plus serait sérieusement compromise.
Yo
Ce matin, nous avons fait signer le texte de l’inter syndical pour le retrait de la loi « travail », pour obtenir des droits nouveaux. D’autres solutions existent ! C’est à un nouveau Front populaire et citoyen auquel je souscris, à la fois fait de mobilisations sociales, de constructions citoyennes et d’alliances avec des courants transformateurs et réformistes (oui, transformateurs et réformistes), prêts à agir avec nous tous pour un projet de transformation sociale, en fait, un projet politique de gauche porté par un Front populaire et citoyen.
Nicks
Quels sont ces courants réformistes dont vous parlez ? Ceux qui se revendiquent comme tels aujourd’hui organisent plutôt la régression sociale généralisée.
Yo
Où trouver ces réformistes ? oh ! bien sûr pas au gouvernement, pas à tous ceux qui soutiennent la loi « travail » et leur monde, pas au Medef, pas aux journalistes des 9 multinationales possédant la presse nationale et les mass médias, mais les 99% qui subissent la politique du CAC 40 (qu’il faudra nationaliser), c’est à dire les abstentionnistes de gauche, les électeurs du parti socialiste, les écologistes, les progressistes, l’écrasante majorité du peuple français. Quant à ce gouvernement, il ment pour soutenir le capital (les précédents aussi), non pas les artisans, les PMI, les PME, mais le grand capital, industriel et financier.
Mais nous, nous qui avons compris, il faut que l’on bouge notre cul, loin des défaitistes et des idolâtres, en allant vers les autres, et tenter de convaincre. Ce matin, les gens étaient attentifs, ce qui est rassurant. On ne perd vraiment que les combats que nous ne menons pas !
hoquecébo
Bonjour,
Il n’y a plus de production française, les ressources naturelles sont pillées à l’étranger, les machines sont éventuellement assemblées en France mais tout est sous-traité ailleurs. L’agriculture même est mondialisée. Un gouvernement n’a aucun pouvoir d’agir sur l’impact écologique de tel ou tel secteur sur un plan strictement national, car l’impact est globalisé. Soyez réaliste et honnête. Vous allez drainer quelques idéalistes qui n’ont pas encore vu le fonctionnement sur le plan global (européen et mondial) et fondamentalement les tromper avec de faux espoirs, et vous le savez, à moins d’être un naif ou de jouer perso pour garder votre place (un subtil mélange des deux?). C’est la constitution européenne qu’il faut changer, avec l’aide des autres peuples européens car tous les dictats qui précarisent viennent de Bruxelles. La politique franco-française est une mascarade, un théâtre pour amuser les foules.
AF30
« Soyez réaliste et honnête. Vous allez drainer quelques idéalistes qui n’ont pas encore vu le fonctionnement sur le plan global »
Donc si je comprends bien, vous, vous n’êtes pas naïf et c’est d’ailleurs pour cela que vous suggérez de changer la constitution avec l’aide des autres peuples européens. Si je peux me permettre ça serait mieux avec l’aide de tous le peuples du monde. En attendant cette opportunité nous pourrions déjà essayer en France tout en sachant que cela équivaut à tenter l’Annapurna. Signé un naïf qui n’a pas compris la complexité.
gelmad
Déjà en 2012, même N. Hulot disait que le programme le plus « écologiste » était celui de l’Humain d’abord, alors même qu’il avait été candidat à la primaire des Verts. Et on voit bien que les Verts on remplacé la « lutte des classes » par la lutte des places. Mais bon, soit ils nous rejoindrons, soit ils feront une fraction de pourcentage !
Par ailleurs et sans rapport avec le billet […]
Pastit
Par hasard, je suis tombé sur l’échange (le clash !) entre Mrs Mélenchon et Zemmour le 26 ou 28 mai sur RTL qui, on le sait, est (malheureusement) écouté par un grand nombre. Au début, au vu de l’atmosphère ambiante, j’ai pensé que c’était un vieux débat de 2015 mais non, c’était il a quinze jours. Je dois dire que je n’ai pas été à l’aise et n’est pas aimé le « ton » souvent employé par Jean-Luc qui dernièrement avait fait des efforts louables pour maîtriser sa fougue. Dans ce débat cacophonique, je ne l’ai pas trouvé bon sur la forme, j’avais l’impression de revenir en arrière et d’entendre le Mélenchon que l’on a du mal à faire accepter aux « durs » à convaincre. Que ce soit crétin ou pas, il est important de se donner l’image présidentielle, de savoir rester calme quelque soit l’interlocuteur auquel on est confronté si on veut être écouté, entendu et surtout compris. Il s’agit bien là de critiquer la forme et non le fond. Mr Zemour est quelqu’un d’habile (et ce n’est pas le seul), je pense qu’il est n’est pas productif de « couper la parole » (ce qu’on reproche en permanence aux journalistes), au contraire attendre et répondre calmement. Jean-Luc n’a aucun problème ensuite pour argumenter et contredire.
turmel jm
Invité pour une soirée chez un petit chef d’entreprise, quelle ne fut pas ma surprise de l’entendre dire aux convives qui l’entouraient qu’actuellement le seul qui ne dit pas de connerie au sujet des artisans et des PME, c’est Mélenchon.
Bertrand
Bonjour, une question concernant le nucléaire militaire. Quelle décision prendre avec cette arme ? Est ce que l’équilibre par la terreur est toujours d’actualité ? Est ce que dans un régime plus démocratique il faudrait faire un référendum pour en faire usage ? Je crois que le coût annuel s’approche de 9 milliards sauf erreur de ma lecture d’il y a quelques années. En même temps ce n’est absolument pas acceptable pour l’environnement. Alors qu’est ce qu’il faudrait faire ?