Le cofondateur du Parti de gauche organise dimanche son défilé de la France insoumise… à l’heure même où le Parti communiste clôturera son congrès, qui s’est ouvert hier matin. « Inélégant », a jugé Pierre Laurent, le patron du PCF, en regrettant les « mauvaises manières » de celui avec qui il faisait « Front » lors de la présidentielle de 2012. A l’heure du divorce consommé avec le Parti communiste, Mélenchon entend démontrer que sa candidature pour 2017 est loin d’être isolée.
Un sondage (Cevipof) vous place à 12 %, deux points derrière François Hollande. Est-ce l’effet du climat de tensions sociales actuelles ?
JEAN-LUC MÉLENCHON. Je représente le monde du travail, mieux que d’autres sans doute. Et j’ai choisi d’agir au-delà des seuls partis politiques. Mon choix : convaincre un maximum de gens, sans m’occuper de leurs votes auparavant. 110 000 personnes m’appuient, dont plus de 2 000 syndicalistes, des milliers de militants politiques communistes, socialistes, Parti de Gauche. Ma proposition de candidature est donc bien entrée dans le paysage.
Cela vous conforte donc d’avoir agi « en solo », comme vous le reprochent vos amis communistes ?
Une décision de cette nature est toujours personnelle. Je l’ai prise car je n’accepte pas la logique de primaires de « toute la gauche » que veut le PCF. Un front de « Macron à Mélenchon », c’est sans moi ! Une idée aussi saugrenue – d’ailleurs en train de mourir – a pourtant occupé des tas de gens pendant plusieurs semaines, y compris mes amis communistes.
Le PCF propose désormais un socle politique commun. Le prendrez-vous en considération ?
Oui, quand ce sera clair. Mais un programme commun ne peut être seulement le résultat d’un compromis entre organisations politiques. Il faut partir des nécessités, celle de sortir de la monarchie présidentielle dans laquelle nous sommes, de changer la matrice productive du pays, d’avancer la transition écologique, de sortir des traités européens. Le temps des programmes minimums est fini.
Dimanche le rassemblement de la France insoumise (place Stalingrad, à 14 heures à Paris) est, dites-vous, une démonstration de force. De qui au juste ?
De ceux qui refusent les injonctions du capitalisme absolu. Des lanceurs d’alerte aux ouvriers qui défendent leur usine. De ceux qui résistent à Notre-Dame-des-Landes ou à Sivens contre des projets inutiles. De ceux qui ne veulent pas se retrouver avec un Code du travail par usine ! Il est temps que le gouvernement reprenne le dossier à zéro au lieu d’infliger un nouveau 49-3 qui sera sans doute fatal à M. Valls. Et tant mieux.
Vous croyez cela possible ?
Pour bloquer la loi il ne reste que la censure ! Elle sera votée. Peu importe qu’elle soit de droite ou de gauche. Les communistes ont voté celle de la droite, ils sont toujours communistes que je sache !
Croyez-vous encore à la discussion sur la loi El Khomri ?
La CGT et FO ne refusent pas de discuter. Le vocabulaire de Valls et de son meilleur ami, le président du Medef, ne fait qu’aggraver les tensions. C’est le gouvernement qui a amené le conflit à ce point de tension et bloqué toutes les issues. Le meilleur service que Hollande rendrait au pays serait de renvoyer Valls et mettre la loi El Khomri dans les cartons.
Que vous inspire la possible candidature d’Arnaud Montebourg ?
Cela concerne les primaires du PS, pas moi. La désintégration du pôle socialiste provoque des turbulences de fumées et de poussière au fur et à mesure de l’effondrement. Le peuple en a par-dessus la tête de tous ces gens-là. Le temps du PS est fini.
Propos recueillis par Martine Chevalet