Monsieur Carlos Ghosn,
Candidat du Front de Gauche à l’élection présidentielle, je me suis rendu sur le site de la Fonderie du Poitou Aluminium (FDPA) à Ingrandes-sur-Vienne le 12 septembre dernier. J’y ai rencontré les salariés de cette usine du groupe Montupet et leurs représentants syndicaux en grève depuis le 2 septembre pour les raisons que vous connaissez.
Depuis cette date je me suis tenu informé de la situation sur place. Pour l’instant, ce conflit n’a pas trouvé d’issue favorable. Ni pour les salariés qui veulent sauvegarder l’outil industriel de la FDPA auquel ils sont attachés. Ni pour l’entreprise Montupet dont la production sur ce site est arrêtée. Ni pour Renault qui se trouve être l’acheteur principal des culasses d’automobiles fabriquées par les salariés de cette Fonderie.
Je m’adresse à vous aujourd’hui car c’est un fait bien établi que Renault est capable de débloquer la situation. Renault peut racheter la FDPA au groupe Montupet. C’est le souhait des salariés eux-mêmes ! C’est aussi l’intérêt de votre groupe, nous le savons bien, de sécuriser son approvisionnement en pièces de moteur d’aluminium de qualité. Pouvoir bénéficier de la production des salariés hautement qualifiés qui travaillent aux fonderies du Poitou est un enjeu industriel. La qualité des produits des chaînes d’assemblage de vos voitures y trouve son compte.
Vous connaissez bien cette qualité du travail qui vous est fourni. N’est-ce pas Renault qui, en 1979, a créé le site d’Ingrandes ? N’est-ce pas encore Renault qui l’a développé en près de trois décennies ? Certes votre groupe a vendu cette usine en 2008. Mais ce qui a été défait ne peut-il être reconsidéré quand les intérêts de toutes les parties le demandent ? Le groupe Renault, grand groupe industriel français, n’a-t-il pas racheté à 100% en début d’année la Fonderie de Cléon en Normandie, sauvegardant ainsi l’activité et les emplois de cette usine qu’elle avait également vendue une dizaine d’années auparavant ?
Nous savons, depuis hier, que la FDPA a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Nanterre. L’avocat du groupe Renault était d’ailleurs présent à l’audience. La solution pour sortir du conflit et reprendre l’activité est à portée de main. Je l’espère vivement.
C’est pourquoi je m’adresse solennellement à vous aujourd’hui. Vous êtes le président du groupe Renault. Cette entreprise a des responsabilités particulières devant les Français. Saurez prendre la décision nécessaire que beaucoup attendent de vous ? Le rachat par Renault de la FDPA est dans l’intérêt des salariés, de votre groupe, et, par-dessus tout, dans l’intérêt de notre pays. Je crois que vous n’acceptez pas davantage que moi de voir se déliter les outils industriels que des décennies d’investissements et de travail humain ont contribué à forger.
Je vous prie de recevoir, Monsieur Carlos Ghosn, l’expression de mes meilleurs sentiments républicains,
Jean-Luc Mélenchon