La semaine politique est mauvaise pour les gens tranquilles. Je lis que le taux de particules de CO2 par mètre cube d’air a atteint le maximum à partir duquel le changement climatique peut être considéré comme irréversible. Au plan financier, la situation de la « Deutsche Bank », fleuron financier du « modèle allemand » menace la planète financière et l’économie mondiale d’une nouvelle déflagration. La Colombie vote « non » à la paix civile : à pleurer ! Je ne note cela que pour mieux souligner l’irresponsabilité de ceux qui fabriquent l’actualité en France sur les thèmes de guerre civile que l’on connaît.
Pour moi, la semaine a été très active ! Samedi à Berlin pour une rencontre internationale sur l’Europe. Puis mardi et mercredi à Boulogne. Premier port de pêche de France, une des villes les plus pauvres du pays où le tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté. J’y ai tenu une réunion publique et rencontré diverses personnes impliquées dans l’économie de la mer. J’y ai parlé de la pauvreté, du nucléaire, de l’économie de la mer, des lycées professionnels et de bien d’autres choses dans un discours qui a duré une heure et demi. Trois phrases en ont été extraites et estropiées pour nourrir le refrain de ma diabolisation. L’essentiel pour moi est que les gens de tous âges et de toutes conditions rassemblés dans cette salle comble à Boulogne y aient pioché des arguments pour convaincre autour d’eux. Et de l’enthousiasme aussi je l’espère, car le nombre et la détermination des présents donnaient du courage ! Je vais donc en dire quelques mots encore ici. Puis j’évoquerai quelques autres choses qui sont en affichage tournant dans la rubrique « à chaud » de ce blog.
Évènement médiatique souterrain massif, passé sous les radars de l’observation des médias de surface. Mon équipe a réalisé une coupe de l’émission de Ruquier pour fabriquer une vidéo juste avec la séquence où j’étais interrogé sur mes dix premières mesures si je suis élu en 2017. Sur le compteur de gestion de ma page, j’observe un niveau de partage sans précédent. À ce jour, plus de 12 millions de comptes Facebook ont vu passer sur leur fil d’actualité cette vidéo. Et je découvre que près de 4 millions de personnes l’ont regardée, parfois à plusieurs reprises, si bien que cette vidéo totalise plus de 5 millions de lectures. Ces chiffres me coupent le souffle. Ils symbolisent l’ère nouvelle du militantisme et de la communication politique.
Que ce serait-il passé si nous avions décidé d’éditer un tract à 12 millions d’exemplaires et si nous avions eu la possibilité de vérifier que près de 4 millions de personnes l’aient lu ? Je suppose que nous aurions fait une conférence de presse pour annoncer le lancement de la campagne. Puis une autre aurait conclu l’évènement à grand son de trompettes. Des journalistes seraient venus et ils auraient révélé que ce ne sont pas 12 millions mais seulement 11,937 millions de tracts édités, et sans doute auraient-ils suggéré des soupçons sur les moyens de financement. Peut-être que des politologues se seraient intéressés au graphisme et au contenu du texte. Le PCF et l’extrême gauche auraient dénoncé le culte de la personnalité évident du document, puisque celui-ci aurait sans doute mentionné mon nom et même mon prénom et, pire encore, sans doute ma photo. Le PS aurait suggéré que la droite et l’extrême droite auraient en réalité distribué mon tract, et Louis Alliot aurait confirmé. La rubrique du Monde aurait clairement démontré qu’en dessous de 20 millions, un tract n’a aucun effet, tout en doutant que celui-ci soit capable de convaincre qui que ce soit en quelque quantité que ce soit. Alain Duhamel aurait prouvé que les phrases du tract venaient directement du 19ème siècle, puisqu’il les y aurait lues personnellement à l’époque. Cécile Duflot aurait mis en cause mon nationalisme car elle aurait révélé que seules des forêts françaises auraient fourni le bois du papier des tracts. De son côté, Yannick Jadot aurait dénoncé la preuve évidente de mon soutien à Poutine, Bachar el Assad, Chavez, Castro et Xi Jinping puisque je n’en parle pas dans ce tract, ce qui prouve ma volonté de dissimuler mes intentions réelles.
Bref, l’énormité de mon opération de communication aurait suscité le flot de fiel habituel multiplié par la rage et la jalousie jusqu’au point où les deux messages, le mien et le leur, se seraient superposés et annulés. Et là ? Juste une paix royale ! Les dinosaures de la politique, les yeux rivés sur le dessus des grands herbages depuis lesquels ils observent la réalité n’ont pas vu courir, courir, courir les petits mammifères innombrables qu’il est impossible d’imaginer dominant un jour la terre déjà gouvernée par d’aussi impressionnantes créatures. Nous vivons une époque formidable. C’est ma deuxième diffusion à plus de 4 millions d’exemplaire depuis début septembre. La précédente était une découpe d’un échange chez Bourdin sur le thème « assez avec vos histoires de religion ! ». Pendant ce temps-là, broutez tranquilles les grosses bêtes !
Cette semaine, j’ai dû subir encore deux nouvelles salves venues de la direction du PCF. L’une déchargée par André Chassaigne en annonçant sa propre participation à la candidature communiste dans le journal Regards. L’autre par le porte-parole du PCF, dont c’est l’activité essentielle de creuser le fossé en attendant je ne sais quel « rebondissement » au PS. En tant qu’évènement interne du PCF, les uns menant une guerre contre les autres, ces deux nouvelles prises de parole ne me concernent pas, quand bien même je pourrais protester contre un dénigrement si personnalisé.
Mais pour ce qui concerne l’usage qui est fait de citations tronquées de mes propos, je dois réagir pour le cas où quelqu’un aurait pris au sérieux ce qui en a été dit. Je me contenterai de renvoyer ceux que cette polémique intéresse à la petite partie du discours qui sert de prétexte car elle est disponible en vidéo. Si quelqu’un doute de la mauvaise foi des dirigeants du PCF et de quelques autres en campagne contre moi, qu’on s’y réfère. Ce harcèlement me navre. Je n’y réponds rien par respect pour les milliers de communistes déjà engagés dans la campagne de la « France insoumise », pour les élus communistes qui me parrainent. Et davantage encore pour ceux qui ont ouvert avec notre équipe la discussion sur les législatives. Aucun de tous ceux-là n’est dupe du sens de toutes ces outrances. Elles sont destinées à préparer les esprits à des trouvailles si hasardeuses que leur annonce est toujours reportée à plus tard.
Les communistes sont les bienvenus dans la campagne de la France Insoumise, ils y ont déjà toute leur place, à tous les niveaux et à toutes les responsabilités. Les candidatures qu’ils veulent proposer seront toutes traitées en commun. Non dans un état d’esprit mesquin de partage du territoire et des rentes. Mais avec la volonté d’agir conformément aux objectifs de la campagne unique présidentielle et législative. Avec l’impératif absolu d’une représentation de la société dans tous ses aspects. Avec les soucis de faire vivre ensuite de façon pérenne toutes les structures du mouvement qui se seront engagées dans ces batailles communes et qui devront ensuite ou bien relayer notre victoire ou bien continuer le combat. J’ai pris acte de la décision de Pierre Laurent : pas d’accord national avec le Parti Communiste. Du « cas par cas », selon son expression. Contre ceux qui voudraient le clivage et la dispute, nous opposerons la force sereine de la fraternité dans le combat commun. Et une méthode de travail inscrite dans un calendrier réaliste et maitrisé.
François Hollande veut supprimer l’envoi papier de la propagande électorale aux prochaines élections. Pour lui, la démocratie coûte trop cher. C’est incroyable mais vrai ! Le projet de budget de l’État pour 2017 prévoit de supprimer l’envoi par la poste des professions de foi et bulletins de vote au domicile de chacun. Vous recevriez juste et seulement un courrier d’information et vous serez priés d’aller consulter les documents sur internet. François Hollande avait déjà essayé d’imposer cette mesure pour les élections européennes de 2014 mais il avait dû reculer. Il revient à la charge. La mesure s’appliquerait dès les élections présidentielle et législatives de l’an prochain. C’est ce qu’affirmait le journal Les Échos la semaine dernière sans être démenti.
La raison invoquée par le gouvernement ? Les coupes budgétaires ! Et, comble de malhonnêteté, le gouvernement se cache aussi derrière un argument écologique : réduire la consommation de papier. La démocratie coûterait donc trop cher. Pourquoi ne pas aussi éteindre la lumière dans les bureaux de vote ? Ou supprimer les enveloppes et mettre directement son bulletin dans l’urne ? Ou même supprimer les élections ? On économiserait encore plus d’un coup et ce serait meilleur pour la planète non ?
C’est intolérable. Cela privera tout le monde d’une information loyale et égale pour tous les électeurs, y compris ceux qui vivent dans des zones avec une mauvaise connexion internet ou qui ne sont pas familiers de ce genre d’outil. C’est aussi, sans crier gare, la fin d’un rite familial courant dans de nombreuses maisonnées où l’on étalait les professions de foi sur la table et où on en parlait avec les enfants pour les informer et les éduquer.
Le PS cherche-t-il à transformer les élections de 2017 en réduisant leur assise populaire ? Car qui serait poussé à s’écarter du vote ? Le PS espère-t-il une abstention massive ? Il a déjà durci comme jamais les conditions de parrainages par les élus pour pouvoir être candidat à la présidentielle. Il a refusé d’allonger le délai d’inscription sur les listes électorales pour les élections de l’an prochain. Il a réduit le temps d’égalité dans les médias audiovisuel entre les candidats. Ça suffit ! La démocratie est trop malmenée dans les mains de ces partisans de l’état d’urgence permanent et du peuple relégué. Une pétition contre cette mesure est lancée par mon amie Martine Billard. Signons-la pour ne pas rester inertes devant cette situation.
Le thème que je croyais marginal s’est imposé. Je lis dans La Croix un témoignage d’un genre spécial « je n’ai jamais voté à droite, mais j’irai voter à la primaire pour une raison simple : éviter un duel entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen au second tour de la présidentielle. Pour moi ce serait une catastrophe. Or c’est en novembre que cela se joue : j’estime que je dois prendre mes responsabilités. Je voterai Alain Juppé. Bien sur ce ne sera pas un vote d’adhésion mais une manière d’écarter Nicolas Sarkozy ». Ces propos ne sont pas anonymes. Ils sont tenus par Florence Fourt, présentée comme « sympathisante de gauche ».
Le Monde aussi, pour une fois, cite de nombreux noms pour témoigner : Véronique Pors, 58 ans, infirmière, membre de la CFDT, Dominique Delrieu, 52 ans dirigeant d’un cabinet de conseil à Toulouse, Stephan Cenac, un ouvrier toulousain, Claire Perret 43 ans femme au foyer de Rueil Malmaison (Haut de Seine), Françoise Bruna-Rosso consultante à Nanterre, Nicolas Bertemes, ingénieur sans âge et sans ville, « en Mayenne ». Et ainsi de suite. C’est donc du sérieux. D’autant que le journal affirme avoir reçu 700 témoignages valides du même acabit. « L’affaire » occupe une pleine page annoncée à la « une » en bandeau titre sur cinq colonnes.
Dans ces conditions, on doit s’attendre à une reprise moutonnière du thème selon le cycle habituel. Et, bien sûr, ce cycle fonctionnera surtout comme une incitation et même comme une injonction. Comptons sur tous les pédants du beau monde de cette gauche-là pour cancaner sur « prendre ses responsabilités », « c’est là que ça se joue » et ainsi de suite. Le sujet permet un bon bourrage de crâne pour pouvoir devenir un bon bourrage d’urne.
Car c’en est un. Un bourrage d’urnes. Ceux qui se préparent à le faire savent qu’ils trichent car ils faussent une élection qui ne leur est pas destinée. En effet pour voter à la primaire de la droite, il faut d’abord signer une déclaration d’appartenance aux « valeurs de la droite et du centre ». Ils savent qu’ils mentent en signant. D’ailleurs dans le papier du Monde, la « femme au foyer » avoue qu’elle va signer anonymement. Françoise Bruna Rosso regrette que son père ne puisse tricher lui aussi car « il habite un village et il ne se voit pas participer au vu et au su de tout le monde ». Si ces déclarations sont consignées par le journal c’est parce qu’elles sont jugées représentatives de ce que l’enquête des deux journalistes, Benoît Floc’h et Manon Rescan, leur a appris sur le sujet. Aucune restriction sur la valeur de leur témoignage n’est signalée.
Il est donc important de voir aussi les autres caractéristiques de ce comportement telles qu’elles sont énoncées par les mêmes enquêteurs. D’entrée de jeu ces gens « de gauche » se disent persuadés que le deuxième tour sera entre droite et extrême droite. Ils en sont certains. Tous. C’est leur caractéristique commune. C’est leur raison d’agir. Comment le savent-ils ? On connaît la réponse : par les sondages. Ceux que les médias commentent en boucle. Voici donc l’ère de la théorie du jeu régnant en politique. Le comportement des acteurs est modifié par la connaissance supposée qu’ils ont du résultat.
Mais c’est la première fois que ce type de harcèlement produit une telle déformation du champ d’action des acteurs. Des gens de gauche vont voter dans une primaire de la droite pour en fausser le résultat car ils pensent en connaître le résultat et les conséquences pour eux le moment venu. Sur le plan de l’analyse politique, tel est l’évènement. Il est énorme. Étrangement, les enquêteurs n’évoquent pas un instant ce que cette situation a de totalement perturbant pour la démocratie. Pire : ils enfoncent le clou du désordre en ne disant même pas une seule fois que toutes ces certitudes sont de purs postulats auto réalisateurs.
Je me rends compte cependant, en écrivant, qu’il faut introduire une nuance. Il n’est pas prouvé que ces « gens de gauche » le soient tant que ça. En effet, l’enquête du « Monde » est toute surfilée de remarques qui montrent qu’un doute existe sur ce point. « Même si ce n’est pas ma tasse de thé, il est d’un centre droit proche de mes valeurs » ajoute Thierry Rognerud, enseignant retraité dans la Somme. La « femme au foyer », Claire Perret déclare : « je me sens de centre gauche, suffisamment proche du centre droit pour ne pas avoir le sentiment de vendre mon âme ». Et la même de faire savoir qu’elle avait voté Taubira en 2002, ce qu’elle juge aujourd’hui avoir été « une incursion idiote ». Mais de là passer à Juppé ! Tout de même ! Juppé, l’homme de novembre-décembre 1995. Condamné à de l’inéligibilité temporaire. Et cela par des gens qui disent voir en Sarkozy un « maffieux » qui « méprise la gauche ». Ils redoutent tant sa victoire qu’ils sont prêts eux-mêmes à mentir et à tricher en faveur d’un personnage lui-même assez mal noté au rayon de la vertu !
Au total, et pour autant qu’on puisse en juger en étudiant le contenu des papiers sur le thème, il s’agit en réalité d’un électorat très désorienté. Celui-ci ne forme plus son jugement sur des comparaisons de programmes ou des attirances de projets. Ils prolongent jusqu’à l’absurde total la logique du « vote utile », cet anéantissement de l’esprit civique. Pourtant, ils se présentent comme essentiellement mus par des considérations morales. Mais ils n’invoquent que des calculs politiciens et prônent des modes d’action immoraux faits de mensonges et de tricheries. C’est évidemment un comportement très socialement typé. Au point que l’article du Monde peut conclure que ce petit jeu, d’abord présenté comme un calcul de circonstances, pourrait devenir un vote final. L’article se conclut sur cette phrase : « À un point tel que certains envisagent même de voter pour lui dès le premier tour de la présidentielle.»
Dans ce cycle, donc, on commence par des sondages, on continue par des calculs d’opportunités et on finit par des votes réels de changement de camp politique. Était-ce si imprévisible ? Non. C’est même la conséquence la plus logique. Au point que l’on peut se demander si tout cela n’est pas mis en scène que pour cela.
Je ne sais pas quelle part de vérité contiennent ces articles de presse selon lesquels ces électeurs de gauche se prépareraient à aller voter dans la primaire de droite. Mais c’est certain : à force de le répéter en boucle d’un média à l’autre, cela banalise et encourage un comportement absolument lamentable en suggérant qu’il serait moral (« je prends mes responsabilités ») et même légitime. Il s’agit pourtant d’une honteuse malhonnêteté.
Les primaires sont sensées définir le candidat d’un parti par ses électeurs. Certes, elles fonctionnent comme un tamis social qui tient à l’écart les milieux populaires. Certes, encore, elles conduisent à une mutilation volontaire spectaculaire quand le candidat qui l’emporte a un programme totalement différent de celui de ses concurrents qui doivent pourtant ensuite le soutenir sans broncher. Certes, enfin, elles obligent moralement aussi les électeurs dont le candidat a été battu à voter pour le vainqueur. Et c’est là l’essentiel de ce système, sa raison d’être. Les battus se retirent de la compétition et joignent leur voix à celle du vainqueur. Sinon pourquoi faire des primaires ?
Dès lors, ces électeurs de gauche qui voteraient dans la primaire de droite disqualifient toute la prétention des primaires à être un mécanisme de régulation entre membres d’une même famille politique. Ils tuent la primaire en violant son principe moral de base : la bonne foi supposée des participants. Une partie du corps électoral vote donc dans une primaire qui n’est pas la sienne, faisant ainsi une décision qu’elle n’assumera pas ensuite dans les urnes. Car les électeurs de gauche qui, paraît-il, iraient voter Juppé à la primaire, pour l’essentiel, n’en déplaise aux espérances du Monde ne voteront pas pour lui ensuite au premier tour. Ils espèrent d’ailleurs ne pas avoir à le faire au deuxième tour non plus. Dans ces conditions le tableau de la fin est archi-nul.
Car on le savait déjà : au deuxième tour de l’élection, on ne choisit plus son candidat et son programme. On vote pour éliminer celui qui vous convient le moins. Mais voici qu’à présent au premier tour non plus on ne choisirait plus, puisqu’on devrait voter pour le candidat qu’ont choisi pour vous vos adversaires…
Cet imbroglio achève de ruiner de l’intérieur la crédibilité d’un système politique déjà tellement décomposé qu’il lui a fallu proposer ces « primaires » pour faire illusion. Mais c’est dire surtout quelle responsabilité morale prennent ceux qui s’apprêteraient ainsi à finir de truquer une élection déjà si lourdement biaisée. Le même raisonnement s’applique à qui voudrait « peser » sur la primaire des socialistes. Quel sens moral donner à un vote dont on n’accepte pas la légitimité s’il ne vous convient pas ? C’est encore une fois la base de la démocratie qui est percutée. Car voter c’est non seulement choisir mais c’est aussi s’engager à respecter le résultat. C’est le principe de départ. Sinon à quoi bon voter ?
Et c’est bien la raison pour laquelle je n’y participe pas, quand bien même, me dit-on, je serais « certain de gagner ». Comme cette certitude ne peut-être une raison d’agir, je m’en tiens au principe moral de loyauté : puisque je ne me soumettrai pas à une candidature du PS, quelle qu’elle soit, je ne participe donc pas au vote. Comment comprendre que d’aucuns participent comme votants sans s’engager à respecter le résultat ?
Pour finir, ces primaires qui se disent d’autant plus démocratiques qu’elles se veulent « ouvertes » seront par là même un moment de plus qui aggravera la confusion et le règne du mensonge. En cela elles plombent un peu plus lourdement le système politique qu’elles prétendaient pourtant rénover.
Les jours en cours sont ceux d’une active préparation de la première Convention du mouvement « la France insoumise ». Comme on le sait, le mouvement est en cours de construction et il en sera de même jusqu’au terme de la campagne. Notre Convention ne sera donc en rien un congrès, ni rien qui y ramène. Ceci pour trois raisons.
La première, c’est que ce n’est pas le sens du contrat qui est à l’origine du mouvement pour ceux qui l’ont rejoint en donnant leur appui à ma candidature. Pour chacun d’eux, les formes d’engagement sont totalement individualisées et à géométrie variable de l’un à l’autre et pour chacun au fil du temps. Des actions sont proposées soit par l’équipe nationale, soit sur le terrain par les groupes d’appui. Des gens s’y associent ou non. Rien de tout cela n’appelle de délibérations puisqu’il n’y a aucune obligation pour personne. Ces formes sont troublantes mais ce sont celles que les plateformes en ligne rendent possible. C’est l’heureuse conséquence d’un vrai progrès qui réduit à l’inutile toutes sortes de médiations qui autrefois généraient toutes sortes de blocages. Ici, ce qui fédère c’est l’action et la mise en mouvement. C’est déroutant pour bien des habitudes du passé. C’est pourquoi cela est souvent mal compris ou mal interprété par les militants politiques plus traditionnels. Mais après un peu de pratique, en général, tout le monde est enchanté et finit par trouver ses marques.
La seconde raison qui conduit à écarter fermement tout ce qui se donnerait à voir ou à vivre comme un Congrès, c’est que les militants politiques qui participent à la vie de la « France insoumise » ne doivent pas être mis en porte-à-faux par rapport à leur adhésion à leur parti. Et si des partis ou des groupes politiques sont membres de « l’espace politique » du mouvement, aucun n’a renoncé à son existence propre, ce que le mouvement doit respecter. Il doit le faire de façon d’autant plus scrupuleuse que lui-même attend en retour un respect absolu de son autonomie. Au total, c’est de cette façon que rien ne peut être plus « large » que « La France insoumise », puisque celle-ci n’a pas de bord, n’exclut personne, ne réduit l’autonomie de personne. « La France insoumise » est un label commun, un cadre d’action, un point d’appui et un outil individualisé en vue de gagner l’élection présidentielle de 2017.
Les partis doivent-ils craindre leur extinction dans ce cadre ? Non bien sûr. Le Parti de Gauche dont je suis membre, n’a pas disparu, il ne s’est pas dissout, il n’a pas cessé ses activités. Il s’est au contraire mis « au service de la campagne ». Ses militants, quand ils agissent dans le cadre de la France insoumise, respectent la maison dans laquelle ils s’insèrent. C’est-à-dire qu’ils respectent son autonomie et la volonté de ceux qui s’y trouvent de n’être assimilés à aucun parti. Et bien sûr, il existe des distances et même des désaccords puisque le programme est un texte collectif, que la direction de campagne n’est pas celle du parti et que sais-je encore. Il en va de même pour les socialistes et les communistes qui sont là. Et alors ? Participer à un mouvement collectif, c’est nécessairement accepter des compromis de vie quotidienne. Mes camarades le font naturellement car ils n’ont jamais été dogmatiques. Et nous ne passons pas nos journées à nous demander qui est membre de quoi avant ou après telle date. Le critère d’accueil ce n’est pas « d’où viens-tu ? » mais « que veux-tu faire ? ». Agir ! L’action est tout ici.
Le dernier point concerne le sens de la Convention elle-même. Deux tiers des participants sont tirés au sort. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’une « assemblée représentative du mouvement » dans son ensemble et à ce moment précis de sa très jeune histoire. Comme ce n’est pas un parti, on ne peut élire, car cela supposerait l’existence de programme de référence des candidats et la permanence de leur élection. Ici, le programme, c’est celui de la campagne et ses candidatures communes à la présidentielle et aux législatives. Quant au mandat des participants il ne peut être permanent dans un mouvement en pleine naissance. Dans trois mois, dans six mois, le mouvement sera tellement différent !
Comment se fait le tirage au sort ? Tous ceux qui sont tirés au sort sont consultés pour savoir s’ils acceptent. Comme cela prend beaucoup de temps, une pré-sélection a été faite. Tout le monde a été informé de la procédure et invité à faire savoir s’il est intéressé à être dans la liste du tirage au sort. Car tout le monde n’en a pas forcément envie, compte tenu de la base de constitution du mouvement. Le soutien à une candidature et la participation au mouvement, je l’ai dit, est à géométrie variable, libre et strictement personnelle.
Ensuite le tirage au sort se fait sur deux listes distinctes, hommes et femmes pour être certains d’atteindre la parité absolue. On tire au sort aussi longtemps que le chiffre fixé de six cent personnes n’est pas atteint. En effet, dans les tirés au sort, des gens ne sont plus libres à la date dite ou bien ont changé d’avis et ainsi de suite. Cette opération recommencera à chaque convocation de l’assemblée représentative.
Le dernier tiers des participants est composé de deux groupes. Le premier, celui des représentants des mouvements partis ou groupes qui participent à la vie du mouvement. C’est « l’espace politique ». L’autre, c’est celui des acteurs de luttes sociales, écologiques, lanceurs d’alerte et ainsi de suite. C’est « l’espace des luttes ». Rien de tout cela n’est figé. La prochaine assemblée représentative devra tenir compte des évolutions, dans la composition du mouvement, des soutiens qu’il recevra. Mais l’idée est d’innover en dépassant la structure antérieure du type de ce qui était devenu le comité national du Front de Gauche dont la composition et le nombre étaient répartis entre les organisations qui en désignaient les membres sans autre forme de procès.
Dans un prochain post, je ferai connaitre le reste de l’organisation en cours depuis la méthode du programme, les livrets thématiques en préparation et ce qui s’en suivra.
À Berlin, ce samedi 20 septembre, pour cette réunion à l’initiative de Die Linke à propos des politiques alternatives à l’Union européenne, le temps était comme à Paris : une hésitation entre l’été finissant et l’automne. Drôle de ville, Berlin, paisible et sans embouteillage le jour, je l’ai constaté, et assez agitée la nuit selon ce que l’on m’en a dit. J’ai dîné sagement avec Oskar Lafontaine et Sahra Wagenknecht, la présidente du groupe Die Linke au Bundestag. Nous avions conclu ensemble la journée d’étude de Die Linke commencée à 10 heures du matin et bouclée de la sorte à 20 heures.
Dix heures de débat, c’est beaucoup. Pour Lafontaine comme pour moi, cette réunion s’inscrivait dans le cycle de rencontres pour le plan B. Mais elle n’y était pas vraiment intégrée dans la mesure où plusieurs parti membres du Parti de la Gauche européenne, dont son président Pierre Laurent, ne sont pas partisans de cette idée de conférence internationale du plan B. Syriza non plus, comme on le devine. Et comme Alexis Tsipras est toujours vice-président de ce PGE, on devine que nous ne parlons plus d’une seule voix. Et comme d’habitude la tendance à rechercher la formule la plus consensuelle entre points de vue opposés se traduit par des formules vagues et opaques sans autre portée que de permettre d’attendre la suite… dans l’espoir que tout s’arrange tout seul.
Dans ces conditions, Die Linke, parti lui-même divisé sur le sujet, affecte une sorte de « neutralité », invite tout le monde, prend sa part, mais ne tranche pas. Soit. Notre temps est si délabré qu’il ne faut pas s’en alarmer outre mesure. N’empêche que c’est utile. Car pour les cadres intermédiaires de Die Linke et pour les berlinois présents, c’était la première fois que les points de vue concrets étaient présentés et amicalement confrontés.
On a pu constater à cette occasion combien les points de vue étaient contrastés. Non sur le fond, car l’échec de l’Union européenne telle qu’elle est verrouillée par les traités est dorénavant très largement acté par tous. Nous en sommes plutôt à la phase suivante. Celle où tout le monde voyant s’approcher le mur, on discute des moyens de sortir de l’impasse. Sur ce plan, on voit se juxtaposer, comme toujours en pareil cas, ceux qui expliquent ce qui se passe, identifient ce qu’il serait bon de faire, mais s’en tiennent à ces énoncés sans dire comment faire entrer dans la vie réelle les bonnes idées. Et il y a ceux qui proposent des méthodes pour agir. On a besoin des deux, me semble-t-il.
Mais, bien sûr, la logique du plan B, comme on le sait, c’est une logique d’action. Ce n’était pas la conclusion de la journée de Berlin. Mais il faut dire aussi quand même que le déroulement de la journée a progressivement bien rapproché tout le monde sur l’angle de l’action. C’est cela la vertu de bien des réunions internationales. Elles cassent les codes et les routines qui anesthésient les discussions entre soi d’un même pays. Car souvent, diverses arrière-pensées nationales qui entrent en jeu dans des formes codées deviennent tout simplement impossibles à formuler quand il faut traduire son idée dans trois ou quatre langues.
Dans mon intervention en clôture de la réunion, je me suis efforcé de rendre lisible ce qu’est un point de vue qui veut être une ligne d’action et pas seulement un point de vue académique abstrait. Mais je dois dire que l’intervention inaugurale de Sahra Wagenknecht, puis l’intervention de Catarina Martins, coordinatrice du Bloco de ezquera du Portugal, et enfin le propos final d’Oskar Lafontaine convergeaient. Chacun enchaîne les mêmes constats : échec de la formule de l’Europe néo-libérale instaurée par les traités, menace d’effondrement politique de l’Union sous la direction des nationalistes, nécessité de se tenir à distance clairement face au point de vue euro bêlant et tactique d’affirmation d’un leadership sur la protestation contre les conséquences de la politique européenne sans être tétanisé par l’accusation d’être « anti-européen ».
La suite directe du plan B, canal historique, aura lieu d’ici quelques semaines à Copenhague. Ce sera l’occasion d’un élargissement de notre regroupement à de nombreux partis et groupes de l’Europe du nord qui jusque-là ne s’étaient pas impliqués dans le processus. J’estime que c’est un signal très encourageant pour ce que nous faisons et un vrai point d’appui dans le cas où nous gagnerions des élections générales dans un des pays concernés.
J’ai donc pu discuter de façon approfondie avec Oskar Lafontaine et Sahra Wagenknecht, la présidente du groupe Die Linke au Bundestag. Au menu : l’évolution de la situation et des états d’esprit. Sahra et Oskar savent qu’ils sont confrontés à des glissements de terrain que nous avons bien connu en France. L’extrême droite capte une représentation du monde ouvrier de droite, celui-ci à son tour pourrait entrainer les secteurs hésitants et peut-être contaminer ensuite le cœur de nos positions dans la société. Comme partout ceux qui ont armé le désastre sont évidemment les premiers à vouloir en tirer profit.
Les sociaux-démocrates allemands sont donc aux abois et cherchent de tous côtés des alliés pour la prochaine élection générale qui aura lieu en 2017, quelques mois après nous. Les chefs du SPD, partout en déroute en Allemagne, pensent trouver à l’extérieur de leurs rangs des gens accommodants prêts à les amnistier et disposés à porter leurs valises. Au nom de « l’unitéééé » et autres meuglements qui abolissent la pensée, quelques-uns font comme d’habitude un travail de confusion qui fonctionne là-bas aussi comme une campagne d’affolement extrêmement démobilisatrice. Évidemment, la manœuvre est rendue bien difficile par le fait que ces personnages interlopes du PS allemand gouvernent aujourd’hui avec Merkel.
Mais surtout, l’Histoire profonde de l’Allemagne est là pour rappeler où mènent les soi-disant « fronts républicains » contre l’extrême droite. Dans les années trente, le PS allemand appelait à voter pour le vieux maréchal conservateur Hindenburg « pour barrer la route à Hitler ». Ils préféreraient un maréchal de la droite conservatrice à une candidature commune avec les communistes dont ils avaient fait assassiner dix ans plus tôt les dirigeants Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg. Hindenburg fut élu. Et c’est lui qui se chargea d’appeler Hitler au poste de Chancelier…
En tout cas, dans l’immédiat, les résultats de la collusion du PS avec la droite allemande sont là, comme on a pu le voir dans les dernières élections à Berlin. La « grande coalition » y a été bien sévèrement sanctionnée. Elle était au pouvoir dans le land entre 2011 et 2016. Elle passe de 51,6% en 2011 à 39% en 2016 perdant ainsi largement la majorité absolue. Certes, le PS allemand y reste en tête et cela suffira pour le pétrifier dans ses certitudes. Mais il a perdu sept points en route. De son côté, Die Linke arrive en troisième position, gagne quatre points et talonne le PS avec 15,6% des suffrages devançant les Verts et l’extrême droite.
À nous de ne pas nous en contenter et d’interroger aussi les méthodes et les mots d’ordre qui nous laissent si longtemps une main en arrière dans la compétition pour la représentation du peuple. Car la plus fulgurante progression de cette élection berlinoise, c’est bien celle de l’extrême droite qui surgit à 14 points alors qu’elle était inexistante en 2011. Oskar me dit « notre chance dans ce malheur c’est qu’ici l’extrême droite n’est pas comme chez vous collée aux discours de gauche et ne cherche pas à faire semblant d’être sociale ».
Ma visite à Boulogne-sur-Mer fut une réussite. Le soir, il n’y avait pas assez de chaises pour accueillir les 700 personnes venues assistes à la réunion publique ! La presse locale a bien relayé ce succès. Mais aussi le contenu de ma visite sur le thème de l’économie de la mer : visite d’une entreprise de fumaison-salaison de poissons, déjeuner avec des entrepreneurs dans les énergies renouvelables marines, échange avec des syndicalistes de la pêche, du mareyage et du port. Je trouve dommage que mon discours sur la pauvreté ait été ignoré. C’était pourtant l’une des raisons du choix de cette ville. Je ne suis pas allé à Boulogne-sur-Mer par hasard. Cette ville était un bon symbole pour mettre au cœur de notre campagne plusieurs questions.
Boulogne était le bon endroit pour parler de la pauvreté et de l’emploi. La région Hauts-de-France détient le triste record de France du taux de pauvreté et du taux de chômage en métropole. Dans cette région, plus d’un million de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, soit avec moins de 1000 euros par mois. Cela représente plus de 18% de la population quand la moyenne nationale est de 14%. Dans la ville de Boulogne, c’est encore plus sidérant. Une famille sur trois est pauvre. Ce ne sont pas que des chiffres : ce sont des êtres humains, et en particulier souvent des enfants.
La pauvreté n’est pas seulement une question financière. C’est une réalité humaine globale. C’est d’abord une question de dignité quand on voit les insultes mensongères des puissants contre les supposés « assistés » qui vivraient mieux des allocations qu’en travaillant, alors que l’écart de revenu atteint 300 à 500 euros selon les situations. C’est aussi une question de santé alors qu’un Français sur trois renonce à se soigner, et que la région Hauts-de-France concentre le record d’AVC et deux fois plus de diabétiques que la moyenne nationale, sans oublier l’épidémie d’obésité liée à la malbouffe vendue aux pauvres gens. C’est aussi évidemment l’emploi, le logement, l’éducation, l’accès à la culture etc. C’est cette réalité humaine que j’ai pointée dans mon discours en proposant de faire de la lutte contre la pauvreté une priorité absolue de notre programme et de notre action au pouvoir demain.
Boulogne et sa région sont aussi un territoire martyr du chômage qui ronge notre pays. Dans les Hauts-de-France, le taux de chômage atteint 12,3% de la population contre 10% en moyenne nationale ce qui est déjà énorme. La veille de ma venue, on apprenait que le nombre de demandeurs d’emploi avait explosé de 80 000 personnes supplémentaires au mois d’août. L’échec de la politique de François Hollande est total, comme nous l’annoncions depuis des années.
Dans mon discours, j’ai donc fait une large place à nos propositions pour revenir au plein-emploi : relance de l’activité par la planification écologique, transition énergétique, révolution agricole, économie de la mer etc. Évidemment, l’économie de la mer a occupé l’essentiel de ma présence et de mon expression sur place. C’était le bon lieu pour expliquer comment j’entends créer 300 000 emplois supplémentaires dans l’économie maritime. Comment aurait-il pu en être autrement ?
Boulogne-sur-Mer est le premier port de pêche français et le premier centre européen de transformation des poissons et autres produits de la mer. Plus de 5000 emplois en dépendent dans le Boulonnais. La visite de l’entreprise artisanale de fumaison-salaison de poisson Corrue & Deseille était donc une volonté de voir sur place. J’y ai découvert une activité très artisanale, avec un savoir-faire professionnel particulier souvent manuel, mais aussi des conditions de travail rudes (horaires, froid…) malgré des efforts que m’a exposé le dirigeant Pierre Corrue pour alléger certaines tâches.
Le lendemain matin, j’ai rencontré des syndicalistes de la pêche, du mareyage et du port. Tous m’ont tenu le même discours : les entreprises du secteur souffrent du climat économique général mais aussi de la concurrence déloyale des entreprises soumises au droit social d’autres pays pour leurs navires ou exploitant des travailleurs détachés dans la zone industrialo-portuaire. À ce sujet, délégué du personnel et patron de l’entreprise Corrue m’ont tenu un langage très proche. Je le résume à grands traits par une formule « oui à des normes sociales, mais les mêmes pour tous ». C’était autant une critique du dumping organisé par l’Union européenne que des menaces que fait peser la loi El Khomri sur l’unité des règles sociales à l’intérieur d’une même branche professionnelle en France.
L’écologie n’était pas absente : un syndicaliste CGT fin connaisseur du port m’a aussi appris que la majorité des poissons transformés à Boulogne arrivait… par camion et non par le port. Mais aussi qu’il y a une trentaine d’années, une gare ferroviaire était installée dans le port et reliée directement au marché de Rungis en région parisienne. La gare a fermé depuis. Et Alstom manque désormais de commandes pour des locomotives de fret. Le monde à l’envers. La loi du marché et la politique de l’offre à plein régime
À Boulogne, j’ai montré les fruits pourris de l’indifférence du PS pour l’économie de la mer. Savez-vous que le gouvernement français est en train de gaspiller une enveloppe d’un demi-milliard d’euros ? Il s’agit du Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche, le FEAMP. Il est négocié tous les six ans au niveau européen. La France a droit à 588 millions d’euros pour la période 2014-2020. Mais pour les toucher, il faut présenter un « programme opérationnel » détaillant les projets à financer. Or, faute de volonté politique et faute d’une petite équipe administrative dédiée, la France a été incapable de proposer et de faire valider ce « programme opérationnel » à la Commission européenne avant la toute fin 2015.
Bilan ? À mi-parcours, aucun projet n’a été financé : autant de projets retardés et autant d’argent non consommé. Or, la Commission, comme toute collectivité publique, fait un bilan à mi-parcours. Et les fonds non consommés sont rabotés, perdus. Pourtant il y avait tant à faire avec cet argent : développer une aquaculture écologique, financer le renouvellement des moteurs ou de la flotte de pêche pour consommer moins de carburant et améliorer la sécurité et le confort des marins, etc. Quel gâchis !
Boulogne est une parfaite victime de l’absence de politique maritime dans notre pays. Le maire de la ville lui-même en a fait l’expérience personnelle. Il a été ministre délégué aux Transports, à la Mer et à la Pêche après l’élection de François Hollande en 2012. Puis il a été rétrogradé au rang de secrétaire d’État à l’arrivée de Manuel Valls à Matignon en avril 2014. Et il a fini par jeter l’éponge quelques mois plus tard en démissionnant.
C’est qu’en France, il n’y a aucune stratégie nationale pour la mer. Le président s’en moque, le Premier ministre s’en fiche et la ministre Mme Royal s’en désintéresse au point de manquer le comité interministériel sur le sujet. Il n’y a pas non plus de direction générale de la Mer pour piloter une administration et une politique intégrées. La mer est donc éclatée entre différentes directions selon qu’il s’agit d’énergie, de littoral, de pêche ou de transports.
Pourtant, tout est lié ! Impossible de penser le développement des énergies marines renouvelables sans penser aux installations industrielles sur le littoral, aux navires de services et aux installations portuaires nécessaires, ou à la convergence à trouver avec les pêcheurs pour régler les conflits d’usages au large ! Sans oublier la régionalisation à marche forcée qui revient à diluer toute ambition en l’absence de cadrage national.
Le gâchis est un mot que Boulogne connait bien à propos de la mer. Depuis des années, un projet de parc d’éoliennes en mer au large de la ville était sur les rails. La mairie, l’entreprise et les autres acteurs avançaient ensemble et se préparaient à faire l’objet du troisième appel d’offres de l’État pour l’éolien off-shore en France. Puis, patatras ! En avril dernier, la ministre Mme Royal a annoncé que l’appel d’offre concernerait finalement une zone au large de Dunkerque et non de Boulogne-sur-Mer. Des années de travail et des sommes d’argent significatives jetées à la mer, un projet bien avancé écarté au profit d’une zone où rien n’est prêt.
Ainsi vont les énergies marines en France. C’est un gâchis total. Aucun plan national d’implantation n’est prévu permettant aux industriels et aux services de l’État de travailler sur des zones prédéfinies pour concentrer leurs efforts de recherches et d’études. En conséquence de cette absence de l’État, les coûts et les délais sont plus important qu’ailleurs. Bilan ? Aucune éolienne en mer n’est posée à cette heure dans les eaux françaises alors que onze pays européens l’ont déjà fait !
Toute stratégie industrielle a aussi été abandonnée dans ce secteur. Les deux grandes entreprises françaises ont été vendues : Alstom Énergies Marines à General Electric en 2014, et ces dernières semaines Adwen, filiale d’Areva, à l’Allemand Siemens. En 2009, le Grenelle de l’environnement avait fixé l’objectif de 6 gigawatts d’éolien off-shore installés en 2020. Mais dans les faits, le bilan commun de Sarkozy et Hollande est le suivant : on ne devrait à peine atteindre 3,5 gigawatts en 2025 même en incluant le projet de Dunkerque !
89 commentaires
Courte
Le service civique ou militaire obligatoire revient. Comment éviter que cela redevienne ce que c’était ? Les appelés étaient privés de droits et de respects et il y en a pour le justifier et prétendre à une formation de l’esprit. C’était par contre un bon moyen de rendre anti-militariste une partie de la population ce qui avait un effet indirect de favoriser la paix même si ce n’était pas l’objectif premier. De toute façon une partie de la population y échappait avec l’aide d’appuis familiaux ce qui accroissait les injustices. Alors avant de remettre ce service en place prenez en compte les différentes sensibilités sur le sujet en faisant en sorte que ce soit une année d’apprentissage de plus et non des heures occupées immobiles devant une barrière à saluer des soi-disants importants.
Nicolas.B
Moi qui ai fait une préparation militaire, on nous parlait de la force de dissuasion nucléaire, de l’ennemi rouge, du grand ami américain, ça en devenait caricatural et grotesque du bourrage de crâne pour jeunes à l’esprit encore fragiles, je n’ose imaginer la forme du discours actuel. J’aurais aimé une école de la résistance à celle de la chair à canon.
Franck
Aujourd’hui dans Le Huffingtonpost : « Jean-Luc Mélenchon intègre le top 5 des personnalités préférées. (…) Il est sans surprise celui qui a la plus grosse côte de sympathie auprès de l’électorat de la gauche de la gauche mais il obtient un meilleur score auprès des socialistes qu’un rival potentiel pour 2017 : Arnaud Montebourg. » Ça fait quand-même du bien ! J’espère surtout que cet argument va nous aider à convaincre pour les parrainages. Bon courage pour l’émission « Le grand jury » (franchement, quel titre pompeux !).
bob.pollet
Slogan typique de la 5eme république : « on choisit au premier tour et on élimine au second ». Avec les primaires de la droite, des citoyens qui se disent de gauche vont donc tricher : aller rejeter le pire pour laisser gagner un moindre mal. Cette 5eme obsolète nous avait déjà habitué à cette magouille où pour éviter le pire, Le Pen, la gauche (dit de gauche ?) nous avait fortement invités à voter Chirac, le moindre mal qui eut la bonne idée, fort de ses 80%, de nous pondre le remarquable casseur social Raffarin. Par conscience morale, j’ai estimé à l’époque qu’il me fallait voter contre les deux. J’ai donc voté blanc ! Et si en 2017 le même coup nous pend au nez au second tour, ce sera toujours blanc, ou par cohérence (considérée comme nulle) je glisserai un autre bulletin « jlm2017 ».
Hervé Vilarem
1549, oui vous avez bien lu, 1549, Etienne de la boette écrit à l’âge de 18 ans « Discours sur la servitude volontaire ». C’est connu. C’est rassurant pour tous ceux qui nous dirigent. On est mal Mélenchon, on est mal, ont est cons Mélenchon on est cons, rassurez vous cela dure toujours et n’est pas prés de s’arrêter. Je ne résiste pas au plaisir de faire quelque citations. On est mal Etienne on est mal. On est toujours cons Etienne, toujours cons. Mon pessimisme n’a pas été transformé par Sigmund mais c’est une autre histoire. Allez, les citations.
« Il y a trois sortes de tyrans. Les uns règnent par l’élection du peuple, les autres par la force des armes, les derniers par succession de race. »
« Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres. »
« Pareillement les tyrans, plus ils pillent, plus ils exigent, plus ils ruinent et détruisent, plus on leur baille, plus on les sert, de tant plus ils se fortifient et deviennent toujours plus forts et plus frais pour anéantir et détruire tout ; et si on ne leur baille rien, si on ne leur obéit point, sans combattre, sans frapper, ils demeurent nus et défaits et ne sont plus rien, sinon que comme la racine, n’ayant plus d’humeur ou aliment, la branche devient sèche et morte. »
On attribue à tort, semble t-il, la citation suivante à ce texte, car elle ne peut être trouvée dans aucun des principaux textes publiés : « Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. ».
Souviens toi, 1549.
bob.pollet
Ca rame dans « Ensemble » ? sur le quai ! Leur citation : « Et pour cela, Jean-Luc Mélenchon doit s’ouvrir et tenir compte des sensibilités de chacun ». Faudrait quand mème que certains camarades d’Ensemble se décident enfin à ouvrir les yeux. Qui rame depuis la dernière présidentielle pour avancer vers l’unité ? Qui se pose en rassembleur laissant de côté malheureusement et pour l’instant des indécis qui sur le quai de la gare voient partir le train des insoumis ou se lamentent qu’ils partent sans eux ? Tenir compte de la sensibilité de chacun ? C’est simple suffit de visiter le train et d’échanger, de confronter et de proposer ! Ceci pour avancer, pas pour faire demi tour et revenir en gare ramasser ceux qui attendent « Godot » !
Donato DI CESARE
Dans les auditions programmatiques, il me semble que le sujet sur l’emprisonnement ou l’incarcération n’est pas traitée, de même que sur la transition énergétique #4 je n’ai pas entendu parler de la filière bois. Est-ce un oubli nos équipes de campagne ou ai-je la mémoire qui flanche ? Sur le scandale des autoroutes que l’équipe Villepin a bradé en 2006 mais que l’entretien continue d’être financé par le contribuable, Jean-Luc a t-il traité le sujet lors d’un post précédent ?
Merci et on lâche rien.
repavenue
Mr Mélenchon,
Merci d’avoir réaffirmé dans le climat de propagande anti-Russe actuelle (de guerre ?) l’intérêt profond dans l’Histoire, du partenariat diplomatique avec la Russie pour la France.
Frontenace
Moi, ce que je voudrais aujourd’hui, c’est consulter le programme comme j’y suis invitée par mail. Mais c’est beaucoup trop compliqué. Je ne sais même si j’ai un « compte » et encore moins quel serait mon mot de passe. Je ne peux donc pas donner mon avis. Ni même en avoir un. C’est très frustrant. Bien sur je ne souhaite pas que ce « commentaire » soit publié. Mais peut être pourrez-vous m’aider. Merci.
leb.lam
Désolé, j’irai voter à la primaire de la droite, pour la principale raison de vouloir provoquer la défaite de Sarkozy, vous écrivez et dites vous même : qu’ils s’en aillent tous, c’est donc le moment et tant mieux s’ils nous en donnent l’occasion. Et en toute démocratie. Démocratie, mot dont ils se déclament tous, ces personnages de la droite (qui débute du PS jusqu’au FN), on s’en fout. Pour ces gens là ce mot démocratie, quant ils nous concernent doit être traduit par : fermez vos gueules.
De même, j’irai à la primaire des « kapos » surtout si Hollande ou Valls y vont. La stratégie de Hollande est simple, si Sarkozy est qualifié, il y va. Si c’est Juppé, c’est la correction assurée, donc il n’y va pas, il est trop couard. Je voterai donc pour le moins intéressant des socialos et déjà pas pour B. Hamon et son revenu universel qui permettra à certains de baisser le niveau de rémunération des salariés.
Notre devoir de citoyens est de virer ces personnages (du PS au FN) d’un autre temps et qui ne se présentent que pour nous faire avaler les futurs traités européens et l’ultra-libéralisme, dont ils se repaissent. Quand on sait que près de 80% des français ne veulent déjà pas des deux derniers sortant, c’est donc un devoir d’aider à les pousser dehors. Ensuite, il faut que Monsieur Mélenchon fasse un score important, afin que les gouvernants sachent qu’en face d’eux il y a du monde. Il faut bien comprendre qu’avec leur programme,…