Évènement médiatique souterrain massif, passé sous les radars de l’observation des médias de surface. Mon équipe a réalisé une coupe de l’émission de Ruquier pour fabriquer une vidéo juste avec la séquence où j’étais interrogé sur mes dix premières mesures si je suis élu en 2017. Sur le compteur de gestion de ma page, j’observe un niveau de partage sans précédent. À ce jour, plus de 12 millions de comptes Facebook ont vu passer sur leur fil d’actualité cette vidéo. Et je découvre que près de 4 millions de personnes l’ont regardée, parfois à plusieurs reprises, si bien que cette vidéo totalise plus de 5 millions de lectures. Ces chiffres me coupent le souffle. Ils symbolisent l’ère nouvelle du militantisme et de la communication politique.
Que ce serait-il passé si nous avions décidé d’éditer un tract à 12 millions d’exemplaires et si nous avions eu la possibilité de vérifier que près de 4 millions de personnes l’aient lu ? Je suppose que nous aurions fait une conférence de presse pour annoncer le lancement de la campagne. Puis une autre aurait conclu l’évènement à grand son de trompettes. Des journalistes seraient venus et ils auraient révélé que ce ne sont pas 12 millions mais seulement 11,937 millions de tracts édités, et sans doute auraient-ils suggéré des soupçons sur les moyens de financement. Peut-être que des politologues se seraient intéressés au graphisme et au contenu du texte. Le PCF et l’extrême gauche auraient dénoncé le culte de la personnalité évident du document, puisque celui-ci aurait sans doute mentionné mon nom et même mon prénom et, pire encore, sans doute ma photo. Le PS aurait suggéré que la droite et l’extrême droite auraient en réalité distribué mon tract, et Louis Alliot aurait confirmé. La rubrique du Monde aurait clairement démontré qu’en dessous de 20 millions, un tract n’a aucun effet, tout en doutant que celui-ci soit capable de convaincre qui que ce soit en quelque quantité que ce soit. Alain Duhamel aurait prouvé que les phrases du tract venaient directement du 19ème siècle, puisqu’il les y aurait lues personnellement à l’époque. Cécile Duflot aurait mis en cause mon nationalisme car elle aurait révélé que seules des forêts françaises auraient fourni le bois du papier des tracts. De son côté, Yannick Jadot aurait dénoncé la preuve évidente de mon soutien à Poutine, Bachar el Assad, Chavez, Castro et Xi Jinping puisque je n’en parle pas dans ce tract, ce qui prouve ma volonté de dissimuler mes intentions réelles.
Bref, l’énormité de mon opération de communication aurait suscité le flot de fiel habituel multiplié par la rage et la jalousie jusqu’au point où les deux messages, le mien et le leur, se seraient superposés et annulés. Et là ? Juste une paix royale ! Les dinosaures de la politique, les yeux rivés sur le dessus des grands herbages depuis lesquels ils observent la réalité n’ont pas vu courir, courir, courir les petits mammifères innombrables qu’il est impossible d’imaginer dominant un jour la terre déjà gouvernée par d’aussi impressionnantes créatures. Nous vivons une époque formidable. C’est ma deuxième diffusion à plus de 4 millions d’exemplaire depuis début septembre. La précédente était une découpe d’un échange chez Bourdin sur le thème « assez avec vos histoires de religion ! ». Pendant ce temps-là, broutez tranquilles les grosses bêtes !
Cette semaine, j’ai dû subir encore deux nouvelles salves venues de la direction du PCF. L’une déchargée par André Chassaigne en annonçant sa propre participation à la candidature communiste dans le journal Regards. L’autre par le porte-parole du PCF, dont c’est l’activité essentielle de creuser le fossé en attendant je ne sais quel « rebondissement » au PS. En tant qu’évènement interne du PCF, les uns menant une guerre contre les autres, ces deux nouvelles prises de parole ne me concernent pas, quand bien même je pourrais protester contre un dénigrement si personnalisé.
Mais pour ce qui concerne l’usage qui est fait de citations tronquées de mes propos, je dois réagir pour le cas où quelqu’un aurait pris au sérieux ce qui en a été dit. Je me contenterai de renvoyer ceux que cette polémique intéresse à la petite partie du discours qui sert de prétexte car elle est disponible en vidéo. Si quelqu’un doute de la mauvaise foi des dirigeants du PCF et de quelques autres en campagne contre moi, qu’on s’y réfère. Ce harcèlement me navre. Je n’y réponds rien par respect pour les milliers de communistes déjà engagés dans la campagne de la « France insoumise », pour les élus communistes qui me parrainent. Et davantage encore pour ceux qui ont ouvert avec notre équipe la discussion sur les législatives. Aucun de tous ceux-là n’est dupe du sens de toutes ces outrances. Elles sont destinées à préparer les esprits à des trouvailles si hasardeuses que leur annonce est toujours reportée à plus tard.
Les communistes sont les bienvenus dans la campagne de la France Insoumise, ils y ont déjà toute leur place, à tous les niveaux et à toutes les responsabilités. Les candidatures qu’ils veulent proposer seront toutes traitées en commun. Non dans un état d’esprit mesquin de partage du territoire et des rentes. Mais avec la volonté d’agir conformément aux objectifs de la campagne unique présidentielle et législative. Avec l’impératif absolu d’une représentation de la société dans tous ses aspects. Avec les soucis de faire vivre ensuite de façon pérenne toutes les structures du mouvement qui se seront engagées dans ces batailles communes et qui devront ensuite ou bien relayer notre victoire ou bien continuer le combat. J’ai pris acte de la décision de Pierre Laurent : pas d’accord national avec le Parti Communiste. Du « cas par cas », selon son expression. Contre ceux qui voudraient le clivage et la dispute, nous opposerons la force sereine de la fraternité dans le combat commun. Et une méthode de travail inscrite dans un calendrier réaliste et maitrisé.