Je me reproche toutes ces lignes que je destinais à ce blog et qui ne purent jamais être publiées pour ne pas l’avoir fait à temps, c’est-à-dire avant que l’actualité ne les rende trop désuètes ou, ce qui est parfois pire, « hors sujet » ! Désormais, je publie tout à mesure, dès qu’il y a assez de lecture. J’en reviens donc à l’esprit initial de ce blog commencé il y a désormais 12 ans…
Ce n’est pas ici le Journal Officiel de Jean-Luc Mélenchon. C’est juste le lieu où s’expose un moment de réflexion sur quelques sujets que je présente dans l’ordre dans lequel j’y ai réfléchi, sans grande considération pour le fil officiel de l’actualité.
Je ne parle donc pas ici du discours du Premier ministre, je l’ai fait à la tribune. Ni du vote sur l’état d’urgence car je viens de le faire cette semaine à la même tribune. Ni de la loi sur les ordonnances parce que j’y serai attelé, à mon banc au Palais-Bourbon, à partir de lundi 10 juillet. Ni du plan Hulot pour le climat que je n’ai pas fini d’étudier.
Je traite ici de ce dont je ne peux parler nulle part ailleurs parce que ce n’est pas de « l’actualité » au sens médiatique du terme.
Je m’implique depuis longtemps dans le dossier des perturbateurs endocriniens. Au Parlement européen, c’était un des sujets récurrents dans mon action sous la forme d’interpellations et ainsi de suite. Et le lecteur dispose sur ce blog du dossier complet sur ce travail.
Comme on le sait, le processus qui devait conduire à contrôler la diffusion des produits qui contiennent de tels perturbateurs a connu de nombreux rebondissements au niveau européen. Certains n’étaient vraiment pas des épisodes glorieux pour les commissaires, la Commission et ceux qui les soutiennent systématiquement. Le lobby des chimistes dominé par l’industrie chimique allemande a eu une audace sans limite. Elle s’est renforcée lorsque l’immense firme chimique numéro un allemande a acheté le chimiste nord-américain Monsanto, producteur de toute une série d’abominations qui figurent parmi les principaux facteurs de destruction de l’écosystème.
Jusqu’à présent, nous avons beaucoup vu comment l’humanité pouvait être menacée « de l’extérieur » par la destruction de l’écosystème, que ce soit par la destruction de ces points d’équilibre interne ou par la destruction de la biodiversité. Dans chaque cas on croyait toujours voir une conséquence imprévue et non désirée concernant les moyens d’approvisionnement des êtres humains et non les êtres humains eux-mêmes. Les perturbateurs endocriniens qui existent sous différentes formes de pesticides se présentent pour la première fois comme un processus directement perturbateur de l’espèce humaine. Cancérigènes, perturbateurs du processus de génération, de formation des embryons et des fœtus, puis d’autres phénomènes essentiels du développement humain comme le fait apparaître l’énigme des pubertés précoces, les perturbateurs endocriniens se présentent comme un phénomène d’empoisonnement direct des humains.
La France résistait aux définitions laxistes que la Commission européenne, agissant sous la pression des lobbys de l’industrie chimique, s’apprêtait à donner. Sans crier gare, notre pays a finalement cédé. Naturellement, les motifs tortueux pour l’avoir décidé ne manquent pas. Comme d’habitude, tout revient à une expression stupide : «c’est mieux que si c’était pire». Dans le monde des O.N.G. et de nos partis écologistes, cette capitulation est lamentable. On connaît tellement l’argument : « jusqu’ici mais pas plus loin ». Car si ce n’est pas pour aller plus loin, pourquoi être venu « jusqu’ici » ? C’est la question qui se pose toujours dans une négociation où il faut évaluer un rapport de force. La capitulation de la France ne marque pas le point limite des objectifs qui pouvaient être atteints par elle mais, à l’inverse, celui que ses adversaires n’osaient plus pouvoir atteindre avant de passer à la suite !
Il est frappant de voir de quelle indifférence le sujet est entouré. Je l’ai évoqué dans mon discours de réponse à celui du Premier ministre le jour du vote de la confiance. Je n’ai pas reçu un mot de réponse sur le thème. J’affirme que les perturbateurs endocriniens seront peut-être la cause qui fera bientôt régresser de l’intérieur la civilisation humaine en la vidant de ses protagonistes empoisonnés par un système qui montre une fois de plus qu’il est incapable de s’auto-réguler aussi longtemps qu’il s’abandonne au jeu spontané des intérêts particuliers. Les perturbateurs endocriniens sont le nom de cette marche vers la barbarie et l’autodestruction que contient pour notre espèce le modèle actuel de l’organisation de la société humaine. Il l’est sous sa forme la plus grimaçante et la plus effrayante. Pour vendre des produits chimiques, une entreprise au lourd passif dans l’histoire n’hésite pas à essayer de faire fermer les yeux à tous ceux qui s’y opposent. Son indifférence au sort des êtres humains est aussi abominable aujourd’hui que quand elle produisait sans remords ni conscience des gaz pour les camps d’extermination de masse.
Il me semble que, dans ces deux premières semaines de la session parlementaire, beaucoup de choses se sont jouées durablement. Le congrès de Versailles, le vote de la motion confiance au gouvernement d’Édouard Philippe puis la discussion sur la prolongation de l’état d’urgence, tout cela a dessiné un paysage assez clairement campé. On voit bien que la logique générale de la ligne politique de la nouvelle équipe, c’est le passage en force. La manœuvre peut réussir. Mais elle se heurte à un état d’esprit du pays qui n’y est pas propice. L’abstention massive aux élections législatives n’est pas un signal d’inertie politique, tout au contraire. Je m’en suis déjà expliqué, je n’y reviens pas.
La base sociale de la politique affichée est très étroite tandis que les populations qu’elle affronte sont nombreuses et rageuses. Quoiqu’il en soit, l’équipe au pouvoir n’est pas le seul protagoniste de la scène. Il faut regarder tout autour comment chacun se positionne et quelle place il finit par occuper. Car si le pouvoir est clairement identifiable, ce qui est frappant c’est de constater à quel point l’identité de l’opposition est confuse. Le premier ministre a donné acte du fait qu’il y avait plusieurs oppositions. Soit. Les médias ont estimé que la question était posée de savoir qui serait la « meilleure » opposition. Puis la victoire pour ce rôle nous fut attribuée assez unanimement. Certes, ce fut assorti de fiel comme en chaque circonstance. Mais à vrai dire, cette compétition ne nous concerne pas.
Car la question posée est plutôt de savoir qui est réellement dans l’opposition ! Il est dommage que les commentateurs n’aient pas trouvé d’intérêt à décrypter le contenu des discours de réponse au premier ministre. Si l’on se demande « qui est l’opposition », ils exprimaient si bien la confusion qui règne sur presque tous les bancs à ce sujet. Quant aux premières joutes, comme elles furent également éclairantes ! On a bien vu Christian Jacob (LR) remuer bras et jambes pour faire valoir son titre de « principale opposition », ou de « groupe le plus nombreux de l’opposition ». Il a même contesté qu’un autre groupe, en l’occurrence celui nommé « les constructifs », puisse prétendre être dans l’opposition. À quoi le président du groupe « la République en marche » a répliqué en disant que s’il pouvait dire qui est dans la majorité, il ne lui appartenait pas de définir qui est dans l’opposition.
Dans le contexte, cette saillie prend un sens plus profond qu’il n’y paraît. Comment le groupe « les Républicains » peut-il s’autoproclamer opposition quand 75 des 100 membres qui le composent ne refusent pas par leur vote de confiance au gouvernement ? Mais la remarque vaut aussi pour le groupe socialiste. Il ne s’y est trouvé que cinq membres sur 32 pour voter contre le gouvernement. Trois d’entre eux ont même voté pour. Dans ce cas, à vrai dire, la scène était stupéfiante. Car dans les réponses au discours du Premier ministre, le président du groupe socialiste avait choisi une figure rhétorique sidérante. Il reprenait comme un refrain « vous voulez faire ceci… nous aussi ». Et cela après avoir fait toute une analyse des plus hors-sol sur le sens de la modernité et de la rénovation. Tel était, ce jour-là, le discours fait au nom de ce qui a été le parti dominant de la gauche pendant plus de 40 ans !
Mais j’y reviens et je veux insister. Au total, que sont ces « oppositions » qui ne s’opposent pas à l’installation du gouvernement auquel elles affirment s’opposer ? Car, ne l’oublions pas, le vote sur la confiance à un gouvernement est celui qui fonde toute la scène politique. Dans ce cas seuls comptent les faits, c’est-à-dire les votes. Et alors il faut le constater comme un fait : le groupe « La France insoumise » est le groupe dont tous les membres sans exception ont voté contre la confiance. On doit ajouter à ce groupe la composante communiste du groupe « GDR » dont quatre membres ultra-marins se sont, eux aussi, abstenus. Là est l’opposition. Elle se constate par le seul acte qui permet de le faire : le vote contre la confiance au gouvernement ! Il n’est donc pas étonnant que les « enquêtes d’opinion » concluent qu’aux yeux des sondés la « France insoumise » est la force d’opposition. Le désarroi des commentateurs acquis à la hargne ordinaire qui nous entoure était frappant à constater. Comme il leur en cuisait trop de rendre compte de la débandade de ceux qui les inspiraient hier, ils auront continué leur pauvre besogne de dénigrement permanent en réduisant cela à des « coups de com », « mise en scène médiatique » et ainsi de suite.
Ils auraient dû se contenter de faire un constat simple : le projet politique d’Emmanuel Macron, celui de composer une « grande coalition » de la droite et du PS comme dans le reste de l’Europe, ce projet est en voie d’accomplissement. La frontière avec l’opposition ne peut être dans ce cadre qu’avec ce qu’il appelle « les extrêmes », c’est-à-dire tous ceux qui ne sont pas d’accord avec cette « grande coalition ». Plus rien ne peut briser la contagion de ce projet. Plus rien, sauf si le sol se dérobe trop vite sous les pieds de l’équipe Macron. De ce point de vue, le faible niveau des opinions positives sur l’équipe gouvernementale en place fonctionne comme un signal très intéressant. La volatilité de la situation est extrême.
Du coup « La France insoumise » a peut-être un groupe limité à 17 personnes, mais la cohérence et la cohésion de celui-ci lui donne une force sans commune mesure avec ses effectifs. Et ceci parce qu’elle a en face d’elle la poussière politique des « oppositions » inconsistantes et des plus instables. De ce fait, le moment venu, leur action pourrait être celle d’utiles supplétifs. Si Macron dévisse, tous les groupes politiques « d’opposition/abstention » lui tomberont dessus à bras raccourcis, dans une volte-face pleine de soulagement. Pour autant, elles ne seront d’accord ni entre elles ni en leur sein sur quoi que ce soit puisqu’elles n’auront rien tranché auparavant. Le déblayage devant nous sera donc gratuit ! Je n’expose ici aucun secret de tactique. Toute la scène est entièrement sous les yeux de chacun.
Un autre aspect du tableau ne doit pas être négligé. Il s’agit des premiers pas du groupe parlementaire « la République en marche ». Ce groupe est certes dirigé par le véritable numéro deux du régime, Richard Ferrand. Mais les 315 personnes qui constituent ce groupe sont si diverses, et si peu homogénéisées, qu’elles ne constituent pas réellement une force, quand bien même elles forment une masse ! On leur a reproché d’être des novices. Ce n’est pas un argument acceptable en République ! On ne peut protester sans fin contre la professionnalisation de la politique et ensuite se plaindre de trouver dans l’hémicycle des « amateurs ». Le procès qui leur est fait n’est donc pas placé sur le bon motif.
En fait, voici ce qui est frappant. Un nombre considérable des personnes qui siègent dans ce groupe n’ont eu auparavant aucune pratique de l’engagement politique, syndical ou associatif. Dans ces conditions, tout est nouveau pour eux : s’intéresser à un sujet qu’ils ne connaissent pas, décortiquer un texte de loi d’après une grille d’analyse, faire une intervention en pour ou en contre, et ainsi de suite. De plus, aucune vision du monde n’organise entre eux un code commun de décryptage et de principe. Par exemple, quand Macron célèbre la république « girondine » ou la république « contractuelle », il n’est pas sûr que ce soit vraiment leur référence évidente.
Les 17 membres du groupe « la France insoumise » sont construits sur le modèle exactement inverse. Même très jeunes, tous ont une longue expérience de l’engagement et de l’action politique sous toutes ses formes. Le résultat était spectaculairement visible à la commission des affaires sociales. Trois tout nouveaux députés « LFI » ont pu tenir tête pendant des heures : Adrien Quatennens, Caroline Fiat et Jean-Hugues Ratenon. Pendant ce temps, la masse des présents membre de « la République en marche » demeuraient cois ! À la fin, la victoire morale fut acquise aux trois combattants « LFI ». Cela autant pour leur constance que du fait du comportement robotique des députés de la majorité. À quoi s’ajouta le ricanement méprisant de la présidente de la commission contente d’avoir fait rejeter tous les amendements par une armée d’automates muets.
Même scenario en séance plénière dans le débat sur le rétablissement de l’état d’urgence. Après deux interventions démonstrativement très construites de Ugo Bernalicis et Danièle Obono, les prises de parole roulante des membres de « LFI » ne reçurent aucune contre-argumentation de la masse muette et d’ailleurs clairsemée les députés de la majorité ! Là encore, la victoire morale nous resta. Et cela pas seulement en raison de la qualité des interventions des membres de notre groupe. Mais parce que là de nouveau, il y avait le contraste. En effet, ceux-là même qui nous avaient méprisé et accablé d’accusations de laxisme, les donneurs de leçons qui s’étaient gargarisé sans trêve du caractère décisif de la reconduction de l’état d’urgence n’étaient, à l’heure du vote, que moins de la moitié des membres de leur groupe présents en séance ! Un absentéisme incroyable pour le premier vote de la mandature.
L’image de ces moments si particuliers ne doit pas être négligée. Elle atteste de la fragilité politique de cette majorité. Cette fragilité peut avoir un contenu positif pour nous. Pour l’instant tout semble baigner dans une atmosphère d’évidence et de griserie du succès. Mais à la première difficulté sérieuse avec l’opinion, le conformisme, la gêne des débutants, tout cela prendra fin. La nécessité de répondre aux problèmes qui se poseront et à l’atmosphère d’hostilité du pays qui deviendra bientôt perceptible dans les permanences comme dans les rues. Tout cela ouvrira les bouches. Au demeurant, compte tenu de l’origine sociale des députés de la majorité il est peu probable qu’ils supportent longtemps l’image ridicule qu’on leur demande de donner quand ils doivent applaudir au sifflet, se lever de leurs bancs en simulant l’enthousiasme, se taire pour raccourcir le temps des débats et lever la main en cadence parce qu’il faut que le gouvernement ait le dernier mot. On peut penser qu’une partie de cette masse confuse ne s’alignera plus systématiquement sur les consignes qui lui seront données. Mon intuition est que si le déniaisement des députés de la majorité se combine avec l’émergence prévisible de nouvelles « affaires » dans un contexte de tensions sociales et de désamour sondagier et médiatique, le cocktail sera explosif. La question qui sera alors posée sera de savoir si nous nous serons rendus capables aux yeux du plus grand nombre d’être la relève. Tel est notre défi.
Le Parti socialiste vient de se doter d’une nouvelle direction. Il est dit d’elle qu’elle est « collective ». C’est là un euphémisme sur lequel peu de commentateurs se sont arrêtés. D’où tient-on qu’autrefois cette direction n’était pas « collective ». C’est tout le contraire. Il y a toujours eu un secrétariat national, un bureau national et ce n’est pas par hasard que le titre de « secrétaire général » de la SFIO avait été transformé en « premier secrétaire » à la création du « nouveau PS » en 1971. Cela voulait dire de ce personnage qu’il était « premier parmi ses pairs ». Le rang de « premier» voulait signifier davantage l’ordre de la file que la hiérarchie. En tout cas c’était l’idée. Mais naturellement ce premier avait un rôle bien particulier et une autorité qui en résultait : entraîner la file et donc la mettre en ordre. Certains socialistes avaient même tiré la conclusion que le premier secrétaire devait nécessairement être le candidat à l’élection présidentielle. Le raisonnement était que, du jour où cela cesserait, commencerait alors une ère d’incertitude fondamentale sur le rôle et l’identité du parti lui-même.
Finalement ce n’était pas si faux. En tout cas, dire aujourd’hui que cette direction est « collective », ce n’est pas seulement défigurer le passé du PS. C’est surtout annoncer qu’il n’y a plus de « premier de cordée ». Ce n’est donc pas une concession à je ne sais quel esprit « collectif », c’est plutôt une façon de tirer l’échelle. Le PS a toujours eu une direction collective même si le collectif n’était pas toujours à l’endroit que l’on croyait. Mais elle a toujours eu une tête pour incarner ce collectif. Dire qu’il n’y a plus de tête c’est une autre manière de dire qu’il n’y a plus de collectif. Les 28 membres de ce « collectif » n’en forment pas un et il leur est impossible d’en constituer un. Et cela ne tient pas à la qualité des personnes mais à l’absence de feuille de route. Le PS n’a plus de premier de cordée pour la raison qu’il ne sait pas où il va. Je ne le dis pas en considérant ce qui lui reste d’idéologie affichée. Sur ce plan tout a déjà été dit. Je le dis parce que le PS, en parti parlementaire, qui se gargarise si fréquemment de sa vocation à « gouverner », ne peut se définir ailleurs que dans la géographie parlementaire. Et celle-ci ne connaît que deux positions : la majorité gouvernementale où l’opposition. Or, au moment décisif du vote à l’Assemblée nationale, seuls cinq députés socialistes ont voté contre la confiance. Tout le reste s’est abstenu. Ceux-là ont ainsi renoncé à se définir aux yeux de l’opinion qu’ils sont censés représenter. À moins qu’ils ne les aient trahis une nouvelle fois.
J’avais fait de cette question du vote de la confiance le « ticket d’entrée » pour ouvrir le dialogue politique que certains nous suggéraient d’avoir avec le PS. Ce point ne fut pas relevé tant il est devenu difficile aujourd’hui de percer le ronronnement moutonnier des éditorialistes. Dans ce domaine, des records ont été battus récemment. Par exemple quand que le journal Les Échos se référaient il y a encore un mois au « Front de gauche » qui a pourtant cessé d’exister depuis deux ans ! Un sommet dans ce domaine vient encore d’être atteint. En effet, quatre jours après le vote sur la confiance, le journal « Le Monde » publie une interview bilan avec Jean-Christophe Cambadelis en passant tranquillement à côté des toutes les questions sur l’identité politique du PS après le désastre.
Ainsi ne lui est-il posé une seule question sur le changement de nom du groupe parlementaire PS. Il est devenu le groupe « nouvelle gauche » abandonnant sans crier gare l’identité socialiste de sa présence ! Aucune question sur le contenu du discours de son président Olivier Faure affirmant partager les grands objectifs du gouvernement. Ni sur l’abstention du groupe parlementaire du PS dans le vote sur la confiance à Édouard Philippe. Dans la majorité ? Dans l’opposition ? Socialiste ou pas ? Telles sont les questions qui se posent concrètement. Le Monde ne s’en est pas inquiété. Une question demande pourtant « Est-il toujours possible, quand on est socialiste, de discuter avec Mélenchon ? ». On devine sans peine le contenu méprisant de la question. Et surtout, on comprend que l’alternative suggérée, c’est de discuter avec « d’autres », par exemple les macronistes. On comprend cela d’un journal qui n’a jamais reculé devant aucun moyen pour nous flétrir et dédiaboliser le Front national.
Mais s’il s’agissait d’une démarche professionnelle, et non de parti-pris hargneux, on aurait pu s’attendre à entendre demander : « Mélenchon a posé comme condition du dialogue avec vous le refus de voter la confiance au gouvernement. Que lui répondez-vous ? Le vote de votre groupe n’a-t-il pas fermé la porte à ce dialogue ? » La question ne fut pas posée. La réponse de Cambadélis a donc pu dérouler ses refrains glauques sans être interrompu : « C’est de plus en plus difficile. Il m’a l’air de filer vers le gauchisme autoritaire et le populisme le plus échevelé. » Bien sûr, les interrogateurs complaisants se gardent bien de lui demander à quel moment ce fut « facile », et à quoi Cambadélis se réfère à propos de « gauchisme autoritaire ». Le lecteur qui a payé 2,50 € pour acheter ce journal est donc invité à penser que si le dialogue est impossible ce n’est pas à cause du refus du PS de se situer dans l’opposition au gouvernement Macron mais du fait de mon « gauchisme autoritaire » et de mon « populisme échevelé » à propos desquels il ne recevra d’ailleurs aucune précision. Tel est le journalisme politique à cette heure.
Les habitudes mentales de la sphère médiatique sont tellement enkystées que la signification essentielle du macronisme, et donc du type d’opposition qu’il est contraint de recevoir, sont tout simplement ignorés. Pourtant c’est si simple ! Au-delà des circonstances, usages, et institutions évidemment différents d’un pays à l’autre, le macronisme incarne la ligne politique qui a triomphé partout en Europe : la «grande coalition» entre la droite et le PS. En France, cette coalition n’a jamais pu se réaliser sous la forme d’une alliance de partis en bonne et due forme. Cela tient au fait que le PS comme la droite étaient surplombés d’un « sur-moi », comme le disaient les commentateurs, sur sa gauche pour le PS sur sa droite pour la droite. La forme Macroniste de la «grande coalition», c’est l’amalgame, dans un parti unique assumé, des composantes de celle-ci.
« La république en marche » c’est avant tout une coalition de personnes venant de LR et du PS entouré de gens qui acceptent de les suivre. Dès lors ce qu’il reste du PS et de la droite sont promis à une dynamique permanente de dissolution sur leurs flancs. Naturellement la situation n’est pas la même pour la droite dans la mesure où ses députés restent nombreux et où son influence sur la ligne gouvernementale est totale comme le montre l’identité politique du Premier ministre venu de ses rangs. Pour le PS, effondré électoralement, sans ligne fédératrice, explosé en bataille de chefs, et surtout flanqué d’une alternative familière et attirante comme celle de «la France insoumise », la situation est bien différente. C’est pourquoi tous les responsables socialistes ont quand même trouvé un point commun. Ils psalmodient à l’unisson un mantra désormais rituel : «ni Macron ni Mélenchon» ! Mais la formule tient plus de l’exorcisme que de la ligne d’action.
«Ni Macron ni Mélenchon», on a déjà vu ce que cela donnait. C’était la ligne de Benoît Hamon en campagne présidentielle et cela n’a convaincu que 6 % des électeurs. Celui-ci persiste d’ailleurs et assume toute la logique agressive et sectaire de la formule. Il va de soi, donc, que cette orientation destructrice reçoit tous nos encouragements. Bien sûr, si Macron s’écroule, le PS ira à la plus grande facilité : le retour dans l’opposition frontale. Alors nous aurons gagné la partie. Mais si Macron ne s’écroule pas, le PS sera progressivement aspiré dans le vortex macroniste. Et cela nous permettra de travailler plus confortablement à la construction d’une alternative politique libérée des tractations avec des gens incohérents.
Je le répète donc ici : le ticket d’entrée du dialogue avec nous, c’est le passage dans l’opposition au gouvernement Macron. Naturellement, il ne s’agit pas d’une opposition sur le style, le ton, l’équilibre dans la ligne du « gagnant–gagnant » ou du « ni ni », ces trous noirs du hollandisme qui ont progressivement privé le PS de tout objectif discernable et de toute stratégie praticable. Il est clair à cette heure que le « ni Macron ni Mélenchon » montre toute la profondeur de l’enracinement du hollandisme dans les habitudes mentales des dirigeants du PS. Faute de présenter ce ticket d’entrée, il ne peut être question de « discipline républicaine » et autres supercheries telle que « vote utile », ni aucune des variantes de la « ligne Castor » où il est question de « faire barrage à… » des gens dont on reprend le reste du temps la ligne politique.
La question des alliances, des accords, des dialogues n’est donc pas posée aujourd’hui avec le PS non du fait de notre « populisme échevelé » mais parce qu’il est impossible de parler sérieusement avec quelqu’un qui ne sait ni qui il est, ni où il va. Il faut donc attendre avec patience que cette question soit tranchée par le prochain congrès de cette organisation. Et d’ici-là, il faut cependant continuer à agir et à fédérer. C’est pourquoi la main reste tendue vers tous ceux qui veulent la saisir honnêtement c’est-à-dire sans commencer par des injures ou des mises à distance ou des préalables psychologisant sur ma personne qui bloquent ensuite toute discussion.
Quoi qu’il en soit, nous continuerons à accueillir dans le cadre de « l’espace politique » de la France insoumise tous les groupements de militants qui souhaitent s’associer à notre opposition au gouvernement sur la base du programme « L’Avenir en commun ». Nous le ferons sous le label dont nous proposons l’usage en commun : « La France insoumise ». D’ores et déjà, de nombreux et fructueux dialogues ont commencé qui donneront peut-être bientôt leurs fruits. Rien ne sert de se hâter et de prendre le risque le mal se comprendre. Je sais trop combien la logique qui est celle d’un « mouvement » n’est pas dans les réflexes intellectuels ordinaires des formations de gauche qui viennent à notre rencontre. Et je ne dis pas que nous ayons nous-mêmes des réponses aussi claires que nous-mêmes nous le souhaiterions à bien des questions posées. Il faut accepter l’idée de tâtonner. Les nuques raides du virilisme politique ne sont plus de saison.
Je voudrais donner des nouvelles du développement du mouvement « la France Insoumise ». On me pose en effet beaucoup de questions sur ce sujet. Il est vrai que l’incroyable surcharge de travail et de nouveautés qui a succédé immédiatement à la campagne électorale des élections législatives ne nous a guère laissé le temps d’en traiter. J’ai dû réagir au débotté parfois. En effet j’ai dû constater des tentatives de création sauvage de structures collectives par secteur d’activité telle que « jeunesse », « syndicalistes », « élections sénatoriales », etc. Il s’agissait à l’évidence de tentatives d’appropriation du mouvement et de son label. Elles n’ont aucune légitimité, aucun accord de ma part ni de celle d’aucun des membres de l’équipe nationale qui a animé le mouvement jusqu’à ce jour.
Une situation particulière existe concernant les élections municipales. Je dois dire que je me suis aussi inquiété de la propension constatée dans de nombreux endroits à passer directement de l’élection législative à la préparation des élections municipales. Il me parait très discutable d’enjamber trois ans de combats concrets contre la politique d’un gouvernement spécialement féroce en réduisant la perspective politique a une élection dans trois ans, en supposant que sa date ne soit pas déplacée. Pour autant, je crois cependant que la préoccupation est légitime ! Elle peut donner lieu à des activités de terrain extrêmement fécondes. Ce point-là ne fait pas de doute dans mon esprit. Mais c’est mon devoir de prendre toutes les dispositions possibles pour éviter là encore une appropriation qui conduirait inévitablement à un rétrécissement du mouvement autour de ceux qui se sentiraient d’ores et déjà investis d’une responsabilité de candidat. J’ai trop vu dégénérer de grands élans en petits marigots et chefferies locales pour ne pas me sentir aujourd’hui en devoir de nous en prémunir.
Une fois ceci posé, il va de soi qu’il y a une façon de préparer les municipales qui est conforme à l’esprit dans lequel « La France insoumise » a été constituée et a remporté ses succès électoraux. Cette façon de faire, c’est celle qu’avait illustrée Danielle Simonnet et ses équipes à Paris. Elle consiste à investir les mobilisations locales qui ont une signification d’intérêt général. Le travail des volontaires de la France insoumise est alors double. Il s’agit d’une part d’apporter de l’aide à ces mobilisations et d’autre part d’en rendre visible la signification politique implicite. Encore une fois, il ne s’agit pas de « récupérer » un mouvement, ou d’essayer stupidement de lui apposer notre étiquette. C’est le contraire. Il s’agit de conforter son indépendance, son autonomie, sa dynamique propre parce que c’est de cette façon qu’il peut être le plus « contagieux ».
J’ai connu par exemple une mobilisation contre l’installation d’une supérette dans un quartier qui en comptait déjà plusieurs. Ou bien des batailles pour la création de régies municipales de l’eau, ou bien pour l’ouverture d’un bureau de poste, la création d’un arrêt sur une ligne de bus, la rénovation d’une école et ainsi de suite. Toutes ces luttes avaient évidemment un ancrage que l’on peut même qualifier de « micro local ». Mais chaque fois, elle comportait des enseignements d’ample portée. Elles contiennent donc un potentiel de politisation des consciences extrêmement ample. Il y a fort longtemps déjà qu’à mes yeux, dans le cadre de la vision de la société que porte mon livre L’Ère du peuple, les luttes urbaines, dans leur champ particulier, et pour les populations en dehors des lieux de travail, sont comparables aux luttes syndicales. Elles contiennent le plus souvent et spontanément des contenus anticapitalistes, écologistes et d’approfondissement démocratique. Elles ont une autre vertu. Elles créent des liens entre tous ceux qui s’y impliquent, quelles que soient leurs opinions et leur situation. Des lors, elles construisent un sentiment d’identité collective et des solidarités qui en font une véritable école de cette fameuse « auto-construction du peuple » comme sujet politique. En ce sens, elles sont tout à fait centrales et déterminantes pour le sens même de notre projet politique.
Je crois donc en effet que, dès la rentrée de septembre-octobre, il faudra proposer une réflexion, une méthode, un mode d’emploi sur le thème. On peut d’ores et déjà en préfigurer le schéma général. D’une part, il s’agira avant tout de s’impliquer dans toutes les luttes locales existantes. Puis, bien sûr, de mettre en place un processus collectif de production d’un programme local de gestion alternative. Il va de soi sur ce point que la démarche s’inscrit dans la longue durée. Enfin, il faudra innover radicalement en s’impliquant et en proposant toutes sortes de mesures d’auto-organisation de la population. Elles préfigurent en effet les « communes populaires » du type de celles qui ont toujours émergé dans l’histoire profonde de notre pays chaque fois que l’État s’est montré défaillant. Et c’est peu dire qu’il l’est aujourd’hui puisqu’il a pratiquement disparu d’amples zones du territoire, laissant en panne tous les réseaux pourtant essentiels à l’existence de la population.
Cette étape de notre travail commun viendra en son temps. Il va de soi qu’il ne saurait être question de procéder de quelque manière que ce soit à des investitures de candidature. La priorité reste à l’action, c’est-à-dire à ce qui peut nous rassembler sans compétition de personne ni bataille de pouvoir.
À mes yeux, la légitimité à représenter « La France insoumise » ne peut venir d’autres choses que de son rôle dans l’action et à son service. Pour les élections législatives, nous nous sommes efforcés partout d’investir des femmes et des hommes qui symbolisaient un parcours d’engagement personnel. Le résultat est sous nos yeux : le groupe parlementaire de la France insoumise est composé de militants qui ont une expérience du traitement de dossiers très divers, de la prise de parole, et du maniement d’une pensée globale. Même nos « spécialistes » sont aussi tous des généralistes. Le contraste absolu que vous pouvez observer entre nos députés « professionnels » dès leur arrivée et l’amateurisme sidéré des élus de « La République en marche » ne doit rien à la qualité des personnes. Sur ce plan, toutes se valent. La différence, c’est le niveau et le degré de politisation et d’implication dans la vie citoyenne avant l’élection. Il me semble que le moment venu, pour nous, le critère de sélection des candidats se devra encore être celui-là.
Dans ces conditions, tout le processus qui nous conduira dans ces élections doit rester aussi longtemps que possible ouvert à tout ce que la vie fera surgir de luttes, de combattants et ainsi de suite. Naturellement, on pourra envisager bientôt la mise en place de cadres d’action pour réaliser ce travail, et même de « référents » pour les coordonner. Mais ni ces cadres ni ces personnes ne sauraient résumer toute l’existence de « La France insoumise ». Et ils n’impliqueront aucun droit lié à l’ancienneté. Le mieux sans doute sera que l’on constitue un groupe de travail national sur ce sujet comme nous l’avons fait pour les élections législatives.
Le calendrier de notre mouvement ne peut se limiter à des prévisions électorales. Des tâches urgentes se présentent devant nous. J’ai déjà indiqué dans mon précédent post qu’il ne saurait être question de se perdre en bavardages à propos de l’organisation, et des prochaines élections, dans un tel contexte. Cet été doit demeurer un temps de mobilisation concret. Il faut partout remettre à l’ordre du jour les caravanes des droits sociaux. Personne ne comprendrait qu’elles n’aient lieu que les années électorales, comme ce fut le cas l’été précédent. Au contraire, la méthode simple de ces caravanes avec l’utilisation de la plate-forme d’identification des droits sociaux de chacun est plus que jamais nécessaire avant une rentrée qui s’annonce très difficile sur le plan financier pour les familles. À cette occasion, les caravanes doivent faire aussi le travail d’éducation populaire et de diffusion de l’information concernant les ordonnances sur le code du travail. En effet nous avons besoin d’avoir un socle large à la rentrée de personnes informées pour engager l’action avant la publication le 21 septembre du texte définitif des ordonnances.
À la fin du mois d’août, enfin, nous nous retrouverons à Marseille pour une sorte de « déboulé estival ». On s’y retrouvera dans un méli-mélo de conférences, de débats et de présence sur le terrain évidemment. Il ne faut pas croire que ce moment soit purement rituel. Il correspond à une attente, un besoin de se retrouver après le repos et avant l’assaut. Naturellement, tout le monde ne sera pas là. Je connais d’avance toutes les difficultés qui peuvent se rencontrer à ce propos. Mais elles ne doivent pas nous conduire à annuler systématiquement tout ce qui est possible au motif que tout n’est pas possible. Ces deux rendez-vous, celui des caravanes de l’été et de la rencontre nationale fin août, sont très concrets. Ils représentent un plan de travail déjà bien assez fourni. Devront surgir des bilans, des propositions, des idées qu’il faudra mettre en forme en vue de la tenue au mois d’octobre de la deuxième Convention nationale du mouvement « La France insoumise ». Sans doute cette deuxième Convention devra, bien sûr, prendre des dispositions pour l’organisation dans la durée de la vie du mouvement. Mais aucune urgence n’impose de figer les choses. Il faut se donner du temps, de l’expérience, du savoir-faire.
Avant toute chose je veux rappeler qu’il ne saurait être question de transformer « La France insoumise » en parti politique. Il s’agit d’être et de rester en mouvement. Une sorte de label commun. Mais personne dans notre pays n’a l’expérience d’un mouvement qui compte 500 000 personnes venues en appui d’une campagne politique ! Toutes les propositions que j’ai entendues ou vu arriver jusqu’à moi ne font que reproduire les anciennes structures et préoccupations du passé, liées à la forme spécifique d’un parti politique. Comme je l’ai déjà écrit ici, nous sommes nombreux, dans l’expérience de l’élection présidentielle puis de celle des législatives à avoir bien compris qu’un « mouvement » n’existe que dans et par l’action, c’est-à-dire par des campagnes. Celle-ci fédère les personnes sans exiger rien d’autre d’elles que leur participation, quel que soit leur motif de le faire.
Les questions que je viens d’aborder relèvent d’un registre particulier à mes yeux. C’est celui de la théorie. La thèse centrale de L’Ère du peuple est que le peuple est le « nouvel » acteur de l’histoire. Il est défini par sa situation sociale réelle, c’est-à-dire son mode d’existence quotidien autour des réseaux. De même que le parti est la forme d’organisation vouée à une classe sociale, le mouvement est la forme d’organisation liée à l’existence du peuple, aux pulsations de son activité, aux formes spécifiques de son auto-organisation. Encore faut-il placer ces notions abstraites dans le contexte particulier dans lequel nous évoluons dorénavant.
La grève politique froide qu’a été l’abstention massive aux élections législatives après celle déjà remarquée à l’élection présidentielle signale la permanence d’un haut niveau de « dégagisme ». La fin de « l’envoûtement macroniste » sera bien plus rapide que beaucoup l’ont cru. Ce processus est engagé. Il détermine la forme et le mode de travail d’une opposition politique telle que la nôtre. Je l’ai annoncé sans fard à la tribune de l’Assemblée nationale au nom de notre groupe parlementaire : nous ne voulons pas seulement être l’opposition au gouvernement mais l’alternative au monde qu’il incarne. Cela signifie que nous avons la certitude de voir s’écrouler sous nos yeux non seulement un gouvernement mais davantage encore le « monde » qu’il incarne c’est-à-dire tout ce catéchisme libéral qu’il veut porter à son comble. Le Macronisme se présente comme une tentative générale de passage en force. Mais la base sociale des bénéficiaires de ce passage en force est extrêmement étroite. À supposer qu’elle lui soit vraiment acquise, ce qui n’est pas démontré, la France des start-ups et de l’uberisation, représente en réalité un secteur social marginal du pays. Le harcèlement médiatique et la « communication » ne peuvent suffire à compenser la faiblesse intrinsèque d’un tel groupe social.
Notre projet doit donc être d’être clairement à la hauteur d’une situation totalement mouvante. Il va falloir s’adapter et rebondir sans cesse sans se laisser enfermer par des cadres d’action qui se tromperaient d’époque ou bien, plus simplement, ignoreraient que l’action est première. Nous disposons à cette heure d’un dispositif tout à fait exceptionnel. 7 millions de personnes ont voté pour nous et elles savaient pourquoi. 500 000 personnes nous ont rejoint pour former le mouvement en réseau « la France insoumise ». Nous disposons d’un groupe parlementaire qui nous permet d’être le brise-glace permanent sur tous les fronts qu’ouvrira l’action du gouvernement. Le souci essentiel doit rester d’être capables de se rendre disponibles. Les milliers de volontaires des groupes d’appuis, la disponibilité de ceux qui nous ont déjà rejoints dans les votes à la présidentielle et aux législatives, tout cela doit pouvoir sans cesse entrer en résonance et en cohérence sans être entravé par les blocages traditionnels.
Bien sûr, je le sais bien, d’ores et déjà de nombreux militants politiques, parfois même des groupes entiers, ont tiré la leçon de ce qu’ils ont vu et du travail que nous avons accompli. Nombreux sont ceux qui ont décidé d’ores et déjà de rejoindre « La France insoumise ». Ils éprouvent alors la même difficulté que nous : comment faire ? En effet « La France insoumise » n’est pas un cartel de partis et ne le sera jamais car nous avons fait l’expérience cruelle des limites d’un tel système. Elle ne sera pas non plus elle-même un parti comme je viens de le dire. Il faut donc accepter qu’existe un temps de transition dont on ne connaît pas à cet instant la date de la fin. Pour la convention de Lille, nous avions innové avec pragmatisme. « L’assemblée représentative du mouvement » qui était alors naissant était composée de divers collèges. Il y avait, on s’en souvient, la moitié de participants tirés au sort.
Mais dans l’autre moitié il y avait notamment ce que nous avions appelé « l’espace politique ». Celui-ci réunit depuis le premier jour des représentants des groupements politiques qui voulaient appuyer la campagne et le développement de « la France insoumise ». Ce cadre nous a apporté ce que le mouvement n’était pas en état de produire et qu’il eût été dangereux pour sa cohésion de solliciter. Je pense ici à la capacité d’expertise politique, de propositions d’actions, et de mise à disposition de militants et de cadres politiques chevronnés. Cet « espace » continue son travail. Vous avez lu dans ma précédente publication son petit texte de synthèse de fin de campagne. C’est donc dans ce cadre que nous pouvons continuer à accueillir les regroupements politiques, les revues et les bulletins qui veulent « s’associer » à « La France insoumise ». Le dernier en date a été celui de l’ex député Sergio Coronado et de ses amis venus de EELV ! Ainsi, au total, je nous crois disposés correctement pour le trimestre qui vient. À chaque jour suffit sa peine.
58 commentaires
Anonime
Je reprend une à deux parties de votre billet.
Le réchauffement climatique et les perturbateurs endocriniens : l’oligarchie en est aussi consciente que la plus grande partie de la population, et ils sont en train de s’organiser pour pouvoir continuer à profiter de la vie. En effet, la plupart des gens riches ont les moyens de vivre et de manger bio, sain et équilibré. Ce sont donc les autres, plus pauvres et plus nombreux qui mourront du fait du réchauffement climatique et des mauvaises conditions de vie. Cela se mesurera dans 2 à 3 générations.
Les députés EM : ils ont actuellement leur utilité pour Macron, car ils approuvent tout ce que lance le gouvernement. Mais la plupart des « beurdins » seront remerciés assez prochainement avec la réduction du nombre de députés.
L’action de la France Insoumise : j’espère qu’elle deviendra efficace car il y a tant de choses qui vont de plus en plus mal.
FABIEN
Merci à vous Jean-Luc d’avoir su transmettre et de passer le flambeau, comme on l’a vu lors des débats à l’AN où nos jeunes députés ont été excellents. Je regrette que notre candidate Manon Le Bretton n’ait pas été élue, jeune et brillante elle sera encore là dans 5 ans. En attendant, nous subissons une députée (LREM) ignare, qui raconte ses débuts de député sur sa page Facebook : invitée dans des coktails chez des ministres et dans de beaux lieux pour boire du bon vin et du champagne, tout en regrettant que n’y soit pas servie de Banquette de Limoux, dont son mari est producteur dans notre département (véridique !). Affligeant, je pense qu’il y a peu d’espoir avec de genre de personne sans conscience.
Sébastien
Cher Jean-Luc,
Merci pour cette note, je viens vers vous concernant le chapitre « À propos du mouvement « La France Insoumise » » et plus particulièrement sur la nécessité de l’action estivale « les caravanes doivent faire aussi le travail d’éducation populaire et de diffusion de l’information concernant les ordonnances sur le code du travail ».
C’est en effet indispensable, cependant n’étant plus en période électorale, nous sommes confronter au problème de financement du matériel nécessaire (tracts, location d’un minibus) à cette action. Ceci est pour nous un vrai sujet qui est source de controverse entre insoumis (discussion sur l’organisation) et nuit bêtement à notre action au quotidien. Quel est à votre avis la ligne de conduite à tenir à ce sujet ? Obtenir l’aide de parti(s) sympathisant(s) ? Créer une association locale LFi ? Attendre du matériel et des moyens du national LFi ? Autre ? En attendant nous résistons et agissons avec les moyens du bord ! Merci.
françois 70
Cette remarque est juste. Il est urgent que « le national » mette tacts et affiches à disposition pour l’été. Et tout spécialement des affiches contre la loi travail 2. D’autant que les autres fortes politiques ne feront pas de campagne d’affichage pendant la période estivale et nous laissent par conséquent le champ libre pour une visibilité maximum !
jin lo
Merci pour ces nouvelles et analyses éclairantes. Je suis ce blog depuis 2015, ce qui est relativement peu, mais je m’estime amplement informé, contrairement à ce qui était le cas quand je devais avaler la soupe infâme du 20h d’un Pujadas ou un de ses clones. Je ne peux plus suivre en revanche la page Facebook puisque j’ai été châtié pour crime de lèse Jupiter la semaine du 2e tour des présidentielles. Ce n’est pas trop grave je m’y étais inscrit uniquement pour contribuer au programme à l’origine. Quelle idée aussi de critiquer le président soleil en personne ! Tout-en-macron, en strass, et en paillettes ! Bref.
Je voulais faire un petit commentaire sur la nécessité de pérenniser Le mouvement LFI en mouvement (si j’ose dire perpétuel). Je pense que c’est judicieux car il y a belle lurette que les partis sont structurellement corrompus et ne peuvent garantir leur indépendance vis à vis de qui voudraient en prendre le contrôle en appuyant sur des failles desormais archi…